Enquete sur l'Existence des Anges Gardiens



Ci-dessus l'interview globale
sur le livre de novembre 2020
avec Sylvain Didelot
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HRM-BUANGESG
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DE L'INFLUENCE
DES ANGES DANS
LA VIE QUOTIDIENNE


Premier Chapitre


Un après-midi de janvier à Fremont en plein coeur de la Silicon Valley, je venais de terminer la visite de l'usine d'assemblage des ordinateurs portables Grid. Avec mon amie, nous reprîmes notre voiture de location et après avoir cherché pendant dix minutes, finîmes par trouver le chemin de la Highway 101 qui nous ramenait à San Francisco. Sur l'autoroute, tout paraissait normal, calme. La journée était ensoleillée et, ne conduisant pas, je regardais les gros camions bien américains, étincelants de tous leurs chromes que nous doublions, lorsque soudain, sans même réfléchir, je me jetai sur ma gauche. Dans la seconde qui suivait, une balle traversait le pare-brise, exactement en face de la place passager. Ma place. Une heure plus tard après le constat (obligatoire pour l'assurance) de la Highway Patrol qui nous a rassurés en précisant qu'il s'agissait d'un incident (sniper) relativement courant (sic), je me demandais pourquoi je m'étais jeté sur la gauche AVANT l'impact de la balle sur le pare-brise. Plus tard, en discutant avec d'autres journalistes, je découvris que je n'étais pas le seul à qui ce genre de phénomène était arrivé. D'autres confrères -journalistes ou photographes de presse- me racontèrent comment au moment même de la mort impossible à éviter, quelque chose d'inexplicable leur avait sauvé la vie, quelque chose qui n'avait pas une chance sur un million d'arriver. Et la plupart d'entre eux m'expliquèrent que le temps s'était soudain suspendu et qu'ils avaient commencé à revoir leur vie, mais comme "hors du temps". Phénomène inexplicable, donc on le range dans un coin de la mémoire. Mais l'anecdote resurgit au hasard d'un dîner lorsqu'une autre personne en parle "Tiens, justement un truc comme ça m'est arrivé au Liban, en Irak, etc."

Moi aussi j'avais oublié. Puis après une enquête sur le phénomène de la vie après la mort, je ne pus m'empêcher d'établir un rapprochement entre les expériences aux frontières de la mort et ces anecdotes de journalistes, de photographes et de pilotes sauvés in extremis par une voix ou une action inexpliquée. Tous avaient en commun soit le "temps suspendu", soit le "défilement de leur vie en trois dimensions", parfois les deux. Alors je me plongeai dans les expériences aux frontières de la mort, ou de la vie, au choix. Un entretien avec le Dr Devawrin allait définitivement me convaincre: ce médecin avait passé sa thèse de médecine sur le sujet dans un lieu d'observation particulièrement propice, le service de réanimation de l'hôpital de Garches ( Banlieue de Paris. ) qui hérite des accidentés graves du périphérique parisien. Pour aller plus loin, je proposai même le sujet lors d'une conférence de rédaction du "Quotidien de Paris" et il fut accepté. Cette fois-ci, l'enquête sur les expériences aux frontières de la mort, NDE ( De l'anglais Near Death Experience, signifiant expérience aux frontières de la mort. ) , était devenue un leitmotiv. Je voulais vraiment savoir ce qui se passait au moment de la mort. Après quelques semaines d'investigation, j'étais plus que troublé: en acceptant le principe d'une vie après la mort à la suite de cette enquête, je me trouvai confronté à un dilemme: si la vie ne cesse pas après la mort, alors les textes religieux que je considérais comme des histoires de vieux barbus n'étaient pas si idiots que cela. J'étais bien ennuyé. Avant cet article, la résurrection du Christ ne signifiait rien de plus pour moi qu'un week-end prolongé grâce au pont de Pâques. Or que représentaient finalement toutes ces expériences aux frontières de la mort, sinon des histoires de résurrections modernes? Cela m'agaçait tant que je fis comme tout le monde, je préférai oublier. Cela m'obligeait à trop réfléchir et le dolorisme des catholiques m'avait toujours horrifié.

Cependant, tout finit par me retomber dessus un soir, en écoutant une chanson de Jean-Louis Murat à propos de son Ange gardien. Je me suis bêtement demandé si j'avais moi aussi un Ange gardien et cette idée me sembla aussi idiote que romantique. Mais moins d'une heure plus tard, dans une librairie, je trouvais, par hasard, un livre sur les Anges. Le sujet éveilla mon intérêt, un intérêt purement intellectuel cependant. Mais plus je me passionnai pour le sujet et plus les signes, dans un enchaînement de coïncidences invraisemblables, fusaient. Cette première question avait allumé la mèche d'une bombe qui me coûtait une fortune en livres. Petit à petit, j'eus le sentiment étrange qu'un dialogue invisible s'était instauré entre ce supposé Ange et moi. Un dialogue que Jung a nommé synchronicité. Il ne s'agissait pas de dialogues au sens propre du terme, mais plus exactement de signes qui n'ont de sens que pour vous et personne d'autre. Par exemple, vous marchez dans la rue et vous vous demandez très sérieusement si l'Ange gardien n'est pas simplement un produit de votre imagination et de celle des autres, et juste à ce moment-là, une fille passe devant vous, portant un T-shirt avec des ailes dans le dos!

La première fois, vous vous dites qu'il s'agit d'un pur hasard. La deuxième fois, lorsque quelqu'un vous offre un livre d'art sur les Anges, vous pensez que c'est une véritable coïncidence. La troisième fois, vous recevez une lettre commençant par "tu as été mon Ange gardien" d'une personne que vous avez connue bien avant votre soudaine passion et vous vous dites que c'est une simultanéité incroyable. A la quatrième fois, vous ne trouvez plus de mots. Au bout de la dixième fois, vous déclarez forfait et à la vingtième, vous parlez très sérieusement à votre Ange. A ce moment-là, ses réponses vous surprennent au détour d'une rue, d'un livre, d'une personne, d'une lettre ou d'un coup de téléphone. Je me souviens qu'un jour je décrochai le téléphone et au bout du fil, une personne que je devinais âgée me demanda si elle était bien à l'église Sainte-Marie des Anges. J'en restai quasiment sans voix.

Ensuite l'Ange prend l'habitude de vous "parler" en permanence, toujours par signes interposés. Parfois la raison cartésienne vous rappelle à l'ordre et, à nouveau, vous vous demandez très sincèrement si vous n'êtes pas devenu fou et si vous ne voyez pas des signes là où il n'y en a aucun. Vous commencez même à douter de votre santé psychologique. A ce moment là, un signe encore plus impressionnant vous assomme littéralement. Je me trouvais dans ce cas précis, en 1990 à Las Vegas où "Le Quotidien" m'avait envoyé couvrir le Comdex, une exposition informatique. Plus que jamais je "doutais", persuadé d'être bon pour l'asile. Un matin, je marchais donc sur le "Strip" lorsque la croix d'un clocher attira mon attention. Bien qu'en étant à mon cinquième séjour consécutif à Las Vegas, je n'avais jamais remarqué une église. Et c'est vraiment par curiosité que je me dirigeai vers elle, voulant savoir à quoi ressemblait une église dans la capitale du jeu et de la prostitution. A la lecture de son nom, "Guardian Angel Cathedral, Bishop of Nevada", je demeurai paralysé pendant une bonne minute. C'était incroyable. C'est même la seule église aux Etats-Unis qui porte ce nom.

Cependant, plus j'obtenais de signes et moins j'y croyais, m'entêtant à penser qu'il ne s'agissait que de pures coïncidences. Un jour pourtant, je crus sincèrement être devenu fou. J'avais trouvé dans une librairie d'occasions un magnifique missel en latin de la fin du XIXe, appelé "Missel des Anges". Voulant dater et surtout obtenir plus de précisions sur le ou les auteurs de cet ouvrage enluminé, je demandai à l'archevêché de Paris le nom d'un bibliothécaire qui pourrait m'éclairer. On m'indiqua le nom d'un moine dont je tairai ici l'appartenance. Au téléphone, il me fixa rendez-vous pour le dimanche suivant, après l'office. Le jour dit, après une messe célébrée par un prêtre qui ne cessa de parler d'Anges, je demandai à un religieux de me présenter le frère X. Lorsqu'il me le désigna, je découvris avec une agréable surprise qu'il s'agissait justement du prêtre, un homme d'une trentaine d'années au visage souriant, avec un je ne sais quoi de féminin. Il m'emmena dans son bureau, prit le missel, l'examina avec une loupe et me donna des renseignements intéressants, précisant toutefois qu'il ne connaissait pas cet ouvrage. Je n'étais pas vraiment avancé. Quand je voulus l'orienter sur les Anges, le frère X m'arrêta. Il se leva, signifiant la fin de l'entretien et me dit: "les Anges, les apparitions de la Vierge et toutes ces stupidités, je n'y crois pas". Ce fut le coup de grâce que j'attendais inconsciemment. Je m'installai au volant de ma voiture en me demandant pourquoi je devais croire aux Anges si même un prêtre ordonné n'y croyait pas lui-même...

Pourtant, quelque part, (curieuse cette expression "quelque part", où?) cela m'avait attristé. Je m'étais attaché sinon à mon Ange, du moins à l'idée d'en posséder un. Et après ce rendez-vous, c'était comme s'il s'était évanoui en fumée. C'était la fin d'une belle amitié invisible.

Mais on ne se débarrasse pas comme ça d'un Ange gardien. Cet incident fut une sorte de boomerang, un révélateur. L'Ange se comporte comme une jeune fille éconduite qui vous guette à la sortie de votre appartement. Trois jours plus tard, en sortant d'un restaurant où j'avais déjeuné avec mon ami Gérard Adamis, auquel j'avais relaté l'incident avec le moine, l'Ange m'attendait, foudroyant.

Je m'assis dans la voiture de Gérard et au démarrage, une cassette sortit de l'auto-radio (pourquoi cette cassette ne glissa pas à l'aller? mystère..). J'y jetai un coup d'oeil machinal et, stupéfait, je lus le titre "Saint Michel Archange". A ma question sur l'origine de la cassette, Gérard Adamis me répondit que dimanche (donc le même jour que mon expertise) après la messe, il avait vu cette cassette qui réunissait des sermons sur l'Archange et me l'avait prise, connaissant mon intérêt pour le sujet. Mais, après avoir écouté la face A, assez ennuyeuse, il avait totalement oublié de m'en parler. Par curiosité, j'engageai alors la face B dans le lecteur et appuyai sur "play". Après un bruit de souffle, une voix masculine pleine d'énergie emplit l'habitacle et les premiers mots me firent l'effet d'un coup de poignard. C'était une réponse directe à ce que m'avait dit ce prêtre et ce, en utilisant SES propres mots!

"Je ne vais pas perdre mon temps à vous prouver qu'il y a des Anges" déclamait la voix. "Ouvrez n'importe quelle page des Saintes Ecritures, il y en est question abondamment; il a fallu toute la stupidité des progressistes pour les réduire à de simples pensées et je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de stupidités" ( Sermon du 29 septembre 1991. ) .

Jamais je n'avais imaginé qu'un prêtre pouvait s'exprimer d'une façon aussi directe, traitant ses homologues progressistes de "stupides". C'était vraiment très drôle et tout de même assez surprenant. Pire, le sermon venait de l'église Saint-Nicolas du Chardonnet, fief parisien des traditionalistes, mouvement sur lequel je nourrissais plus que des doutes. Mais cette voix parlait des Anges avec une poésie, une foi et une certitude telles que j'en restai abasourdi. La situation était vraiment étrange. Gérard Adamis, aussi étonné et fasciné que moi, avait garé la voiture à l'ombre d'un acacia afin que nous puissions écouter tranquillement ce sermon à mi-chemin entre le cours de philosophie et le cours de théologie. Pas de doute, la réponse du frère avait visiblement énervé les occupants de "là-haut"; cela avait fait des vagues.

La synchronicité de cet événement nous plongea dans des abîmes de réflexion. Le prêtre spécialiste ès missel, un progressiste, avait utilisé le terme "stupidité"DEBUT NOTEBQuelques mois plus tard, je découvrais que l'écrivain italien Giovanni Sienna se heurta à cette même "stupidité": "Un religieux de nos amis", raconte-t-il dans son livre "Padre Pio, voici l'heure des Anges", "avait traduit mon livre dans sa langue. Et, avant de le mettre sous presse, il le soumit à une révision ecclésiastique. Ce livre possédait déjà les imprimatur de Milan et de Paris. Il a été refusé avec ce commentaire précis: "Finissons-en avec ces stupidités"". ) . Le prêtre de la cassette utilisait le même mot et reprochait aux progressistes leur stupidité... Je n'en revenais pas. Du coup, la foi en mon Ange gardien, tombée à zéro, remonta en fléche. Je venais de découvrir que les Anges n'aimaient pas du tout qu'on les prenne pour des chimères.

Or, les histoires folles de ce genre, dont la synchronicité extraordinaire semble être réglée à la seconde près, ne s'expliquent que par la puissance des Anges, ravis sans doute que l'on s'intéresse à eux. Alors, je recommençai à dévorer tous les livres sur les Anges. Cependant je fus déçu de ne pas trouver un ouvrage qui donnât des "preuves" de leur existence. Dans ces livres, il s'agissait toujours de commentaires basés sur les textes de la Bible (où et quand les Anges apparaissent dans les textes), ou bien de témoignages rapportés ("j'ai été sauvé par un Ange") ou encore d'écrits spéculatifs (sur le sexe des Anges, bien sûr) suffisants pour ceux qui ont la foi, mais totalement insuffisants pour ceux qui ne croient en rien, et insignifiants pour ceux qui aimeraient bien y croire mais désirent une sorte de "démonstration" matérielle, palpable. En général les Anges sont traités soit par des prêtres tout ce qu'il y a de plus "nihil obstat", soit par des auteurs "new age" du channeling ("l'Ange Saaparvada m'a dit que..."), soit par des kabbalistes (invocation des Esprits du Bien), soit par des inconnus qui eurent une expérience "angélique", soit par des universitaires théologiens, dans la majorité abscons. Pour comprendre leur livre, il faut s'armer d'un dictionnaire théologique. Tous apportent des détails intéressants mais peu me donnaient le sentiment qu'ils pouvaient convaincre un homme d'affaires pressé ou quelqu'un qui tâtonne, qui cherche, mais qui n'a nulle envie de se confier à un prêtre. La position de ces derniers est simple: "l'Eglise dit que les Anges existent, donc il faut croire aux Anges" selon les progressistes qui ne les ont pas classé au rayon des dogmes dépassés. Or, s'il y a bien une démarche intellectuelle qui me gênait, c'était bien celle-là: l'Eglise dit que... L'Eglise a proféré tellement d'âneries que justement on est porté à surtout ne pas la croire. Et d'ailleurs, n'avait-elle pas mis le Grand Larousse Universel à l'index?

En tant que journaliste, je cherchais donc un livre reposant sur des bases un peu plus solides, un peu plus musclées. Mais après de vaines recherches, je dus me rendre à l'évidence: ce livre n'existait pas. Pourtant, mon côté rationnel s'obstinait à trouver des preuves matérielles de l'existence de l'Ange et/ou des témoignages de personnes au-dessus de tout soupçon. Finalement, après quatre ans de lecture de sujets extrêmement variés, je me rendis compte que je pouvais rédiger ce livre. Mais un problème se posa: comment aborder ce sujet sous l'angle journalistique, donc effectuer une enquête pluridisciplinaire sans trop me ridiculiser en tant que rédacteur d'un quotidien national (j'imaginais les commentaires des attachées de presse "ah, c'est lui l'idiot qui croit aux Anges", etc.).

Un autre problème surgit aussitôt: ce livre, pour être crédible, impliquait de nombreux interviews aux Etats-Unis, signifiant des voyages dans l'ensemble du pays, etc. A ce moment-là, Paris m'envoya en Californie, ce qui régla mes problèmes d'intendance. Je pus donc pu rencontrer les meilleurs spécialistes des expériences aux frontières de la mort comme le Dr Elisabeth Kubler-Ross, le Pr Kenneth Ring, le Dr Melvin Morse, ceux des différents niveaux de conscience comme le Dr John Lilly, des sorties hors du corps comme Robert Monroe ou encore des Anges comme Terry Taylor et compléter mon enquête commencée en France.

Les recoupements effectués dans ces divers domaines m'ont apporté un éclairage original sur les Anges auxquels je ne m'attendais absolument pas et ont fourni des témoignages assez extraordinaires, parfois des preuves accablantes comme nous le verrons dans le chapitre "Des mystiques et des Anges". Je n'ai plus qu'un seul espoir, que ce fruit de plusieurs années de recherche passionnée puisse réconcilier le lecteur avec son Ange gardien qui n'attend que cela. En effet, nombreux (peu importe la confession) sont ceux qui jugent Dieu trop lointain, trop inaccessible et le rendent responsable d'horreurs et d'injustices. En revanche, l'idée de posséder son propre Ange gardien nous séduit plus, parce que c'est le nôtre et qu'on ne le partage avec personne (égoïstes que nous sommes...) contrairement à Dieu, qui, Lui, appartient à tout le monde, et que tout le monde invoque et brandit pour n'importe quoi.

C'est la raison pour laquelle une relation avec l'Ange gardien est la plus simple à développer, la plus intime et surtout la plus efficace car elle transforme, métamorphose immédiatement une vie, aussi bien spirituelle que matérielle: un Ange gardien recèle une puissance immense, puissance dont nous n'avons qu'une très vague idée.

C'est Philippe Faure, parlant de l'écrivain Rainer-Maria Rilke, qui a résumé en quelques lignes la puissance d'un Ange et de ce qui se passe lorsque les deux se rencontrent: "La nostalgie de l'Ange qui saisit le poète autrichien se traduit par une prise de conscience de la distance considérable qui sépare désormais l'homme de l'Ange, dont il entend restituer toute la dimension: l'être céleste est terrible, éclatant, sa rencontre avec l'homme ne peut-être que violente" ( In "Les Anges", Cerf, page 68-69. ) . Il ne reste qu'à organiser la rencontre avec son Ange gardien. Au début, cela risque de passer par des larmes. Mais ensuite, tout s'enclenche, comme par miracle. Constatation de ceux qui entretiennent une relation privilégiée avec leur Ange gardien, leur humour. Les Anges aiment faire des farces, sortes de blagues célestes constituées de paradoxes et de synchronicités uniques. Par exemple, un jour de mars 1992 à Paris, j'avais téléphoné à René Laurentin, auteur de nombreux ouvrages et journaliste au "Figaro", pour lui demander quelques conseils et adresses. Il me reçut entre deux rendez-vous et m'expliqua qu'il avait rencontré un peintre, une femme, qui ne dessinait que des Anges. Il ne se souvenait absolument pas de son nom parce que cela remontait à trois ou quatre ans, mais seulement de celui de son agent, un certain Malerbe-Navare, habitant dans une rue voisine du jardin du Luxembourg à Paris. Même l'orthographe du nom n'était pas sûre. Muni d'un plan de Paris et du Minitel, j'entamai mes recherches sur les Malherbe, Malsherbes, Navare, Navarre, etc. Mes coups de fil tombèrent tous à l'eau: on me prenait pour un fou: "Bonsoir monsieur, je vous prie de m'excuser, je suis journaliste au "Quotidien de Paris" et je cherche un monsieur Malerbe-Navare qui connaît un peintre qui ne dessine que des Anges. Est-ce vous par hasard?" Au bout d'une demi-journée de recherche, j'abandonnai définitivement l'idée de retrouver cet artiste mystérieux. Le soir, je recevais un coup de téléphone de Los Angeles de mon confrère -et surtout voisin- Emmanuel Joffet qui avait la lourde tâche de garder mon Bobtail de 40 kilos en mon absence et me demandait de rendre une visite à ses grands parents.

En arrivant le surlendemain dans un appartement du XVI e arrondissement de Paris, je fus accueilli par une dame charmante, Marguerite Bordet qui était justement peintre. En parcourant l'un de ses catalogues, je découvris, halluciné, que c'était elle que j'avais cherchée désespérément à travers le nom de son agent, Malherbe-Navarre Roger, deux jours plus tôt!

La grand-mère de mon voisin à 12.000 kilomètres de Paris!! C'était incroyable. Nous eûmes vraiment le sentiment tous deux que les Anges nous avaient monté une immense blague intercontinentale.

Bref, après quelques mois de discussion avec l'Ange, on remarque qu'en fait il ne désire qu'une seule chose, une communion parfaite avec son protégé puisqu'il connaît mieux que quiconque ses désirs et ses problèmes. L'Ange s'efforce de répondre aux désirs et jamais je n'ai ressenti dans cette relation "invisible" autre chose qu'une immense complicité. Pourtant, on lit partout que les Anges ne sont que des messagers de Dieu, en quelque sorte des instruments parfaits, inhumains, sans sentiments et encore moins de liberté d'action. Rien de plus inexact, car une relation entre un Ange gardien et son protégé peut être exempte de Dieu, ce qui ne pose aucun problème puisque le rôle de l'Ange consiste justement à emmener son protégé progressivement vers Dieu, en respectant son libre arbitre. Croire en l'Ange, c'est déjà un immense pas vers Dieu. L'écrivain et poète français Charles Péguy expliqua un jour sous le sceau de la confidence à son ami Joseph Lotte qu'il possédait un Ange gardien incroyable: "Il est encore plus malin que moi, mon vieux!" disait Péguy, "Je suis gardé. Je ne puis échapper à sa garde. Trois fois, je l'ai senti m'empoigner, m'arracher à des volontés, à des actes médités, préparés, voulus. Il a des trucs incroyables".

En effet, qui n'a jamais entendu dans la bouche d'un ami "Tu sais, parfois j'ai l'impression d'être protégé" ou, "A croire que je suis gardé par le Ciel" ou, "Par miracle, je ne suis pas monté dans cet avion", etc. La personne en prend conscience mais ne cherche pas cependant à approfondir, à expliquer ce sentiment mystérieux, de peur de se rendre ridicule, ou, plus rarement, de perdre cette "protection" en essayant d'en percer le mystère.

Autre phénomène curieux, celui de l'incrédulité de l'entourage. Si vous dites à quelqu'un "Je crois en Dieu", même s'il est athée, il ne jugera pas cela anormal. En revanche, si vous lui expliquez que vous croyez en votre Ange gardien, il vous regardera avec des yeux ronds comme si vous lui aviez dit très sincèrement "je crois au Père No‰l". Cela m'est arrivé de nombreuses fois, principalement dans des librairies catholiques où, demandant à une vendeuse ou au propriétaire du magasin "Qu'avez-vous sur les Anges?", je n'eus pour toute réponse qu'un sourire gêné du genre "Pauvre fou" alors que dans les librairies "new age" ou ésotériques, on me répondait "Bien sûr, tenez, c'est juste derrière vous sur le rayon à gauche".

Plus curieuse encore est la réaction des catholiques pratiquants, surtout traditionalistes, qui, dès qu'on leur parle d'Anges, répondent en brandissant le diable: "Etes-vous sûr que vous n'êtes pas induit en erreur par le Malin?", comme si le fait de m'intéresser aux Anges à la place de Dieu représentait la preuve formelle de ma possession diabolique. Les Anges ne sont-ils pas le dénominateur commun des plus grandes religions? On les trouve aussi bien dans l'Ancien Testament que dans le Nouveau, dans le Coran, La Torah et chez les Hindous qui les appellent "les brillants", les Devas. Ne sont-ils pas aussi "les outils, avec lesquels Dieu s'amuse et se meut, par lesquels et avec lesquels il révèle les forces et les merveilleuses éternelles, les mène en un jeu d'amour...?" ( Page 139 in "L'Ange et l'homme", ouvrage collectif, Albin Michel, 1978. )

Du coup, mon intérêt pour les Anges, ces "êtres immatériels, purs esprits, intermédiaires entre l'homme et Dieu" nous dit le dictionnaire, "qui seraient sans cesse à nos côtés, chargés de nous garder et de nous guider" se transforma en acharnement. Lorsque le Dr John Lilly, dont les travaux sur les dauphins ont fait le tour du monde, raconte le plus simplement du monde dans son autobiographie qu'il a rencontré son Ange gardien et parlé avec lui lorsqu'il était enfant, il y a de quoi se poser des ques-tions. De même pour Françoise Dolto, la célèbre psychanalyste d'enfants qui n'a jamais caché qu'elle demandait toujours à son Ange gardien de lui trouver une place de parking. Si ces affirmations provenaient d'un inconnu, personne n'y prêterait attention. Mais venant de John Lilly ou de Françoise Dolto, qui n'avaient strictement aucune raison de raconter des balivernes, ne s'explique que par une expérience inoubliable, malgré le temps. Au cours d'un entretien dans sa maison de Malibu en Californie, Lilly, qui eut plus d'une fois affaire à ces "êtres", toujours dans des circonstances dramatiques, m'a déclaré: "Je les ai appelés Anges, mais c'est une réminiscence de mon éducation catholique. Aujourd'hui, le mot le plus exact à utiliser est "Etre d'une dimension supérieure à la nôtre".

Et le vieux scientifique se moque bien du fait que l'on puisse douter de ses facultés mentales; par ses travaux pour l'US Air Force, l'US Departement of Health et surtout par ses observations sur le système de communication cérébral des dauphins, il n'a plus rien à se prouver et encore moins à prouver aux autres car ce qui ressort globalement de son expérience, c'est ce sentiment d'être protégé, parfaitement traduit par l'expression française "être né sous une bonne étoile". Or, est-ce un hasard?, les gravures du XIXe représentent toujours l'Ange gardien avec une étoile rayonnante au-dessus du front.

Mais que signifie être né sous une bonne étoile? Avoir de la chance, gagner au jeu ou échapper régulièrement à des accidents, sortir indemne d'une collision épouvantable, voire à des tentatives d'assassinat? Comment expliquer ces actes totalement irréfléchis qui sauvent la vie, ces voix intérieures qui mettent soudain en garde, ce rêve prémonitoire, cette série insensée de coïncidences qui fait qu'un ami ou un inconnu, qui n'aurait jamais du se trouver là au moment du drame, a pu intervenir et vous éviter une catastrophe? Pressentiment, chance, hasard, coïncidence? En français, on utilise souvent l'expression "quelque chose me dit que..". Mais qu'est-ce que ce quelque chose? Est-ce quelqu'un?

Personne n'est en mesure de donner une explication naturelle et objective à ces phénomènes. Et si l'on admet ne serait-ce que la prémonition, cela ouvre aussitôt la porte à d'autres réalités. Pourtant, il nous est impossible de nier l'expérience vécue par des millions de personnes sous prétexte que nous ne pouvons l'expliquer matériellement et scientifiquement. Ceux qui ont vécu une telle expérience sont marqués à jamais par cette "aide" surgie de nulle part dont l'explication la plus élégante, puisque nous n'en avons pas d'autre de plus logique, se résumerait alors par l'intervention bien réelle de ce que l'on appelle l'Ange gardien.

Mais d'abord, est-ce que les Anges existent vraiment?

La réponse est négative puisque nous ne les voyons pas. En revanche, dès que l'on effectue un sondage auprès des malades ou accidentés dont le coeur s'est arrêté de battre, la réponse devient positive. Comme nous allons le découvrir, le domaine extrêmement vaste et surtout parfaitement documenté de la Near Death Experience, les expériences aux frontières de la mort, ne permet aucun doute, parce qu'il n'a pas été développé par des religieux ou des ésotériques, mais bien par des médecins et des universitaires, on ne peut plus sérieux, de notre époque.

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pierre jovanovic


TABLES DES MATIERES


CHAPITRE 1
De l'influence des Anges sur la vie quotidienne

CHAPITRE 2
Des Anges dans les tunnels
(25 exemples d'Anges dans les NDE)

  • Visions avant le dernier soupir
  • Rencontres dans le tunnel des NDE
  • Maurice Rawlings
  • George Gallup
  • Melvin Morse
  • Kenneth Ring
  • George Ritche
  • (others....)

    CHAPITRE 3
    Des interventions surnaturelles

  • Le temps suspendu
  • La vie défilant devant les yeux
  • Des voix
  • Des intuitions fantastiques
  • Aides innatendues, rêves prémonitoires, synchronicités

    CHAPITRE 4
    Des dialogues avec des Anges

    CHAPITRE 5
    Elisabeth Kubler Ross sur les Angels

    CHAPITRE 6
    Où sont les Anges dans les accidents?

    CHAPITRE 7
    Des mystiques et des Anges

    CHAPITRE 8
    Des Saints "Formule 1" et des Anges

  • Anne-Catherine Emmerich
  • Maria-Magdalena dei Pazzi
  • Teresa of Avila
  • Catherine of Siena

    CHAPITRE 9
    Des stigmatisés et des Anges

  • Georgette Faniel
  • Padre Pio
  • Theresa Neumann
  • Marie-Julie Jahenny
  • Helena Kowalsaka
  • Gemma Galgani
  • Marguerite-Marie Alacoque
  • Angela di Foligno
  • Gerthrude d'Helfta

    CHAPITRE 10
    Une extase à nulle autre parielle.

    CHAPITRE 11
    Des Incorruptibles et des Anges

  • Jacinta Marto
  • Catherine Laboure
  • Maria d'Agreda
  • Santa Cecilia

    CHAPITRE 12
    Des Visionaires et des Anges

  • Vassula Ryden
  • Katsuko Sasagawa
  • John Hein
  • Jacinta Gonzales
  • Gabrielle Bossis
  • Jean Edouard Lamy
  • Marie Lataste
  • Hildegarde Von Bingen
  • Elisabeth Von Schonau
  • Mechtilde Von Magdebourg
  • Mechtilde Von Hackenborn

    CHAPITRE 13
    Les Anges préfèrent les femmes (mais les hommes préfèrent les hôtesses de l'air)

    CHAPITRE 14
    Epilogue, Bibliographie et Sources


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    Fin du Premier Chapitre