les vies successives Albert de Rochas modernise par Anne-Marie Bruyant

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22 €


Les Vies Successives, le grand livre sur la reincarnation par le polytechnicien, le Col de Rochas, texte totalement modernisé par Anne-Marie Bruyant avec un dossier cinematographique





C'est sur la réincarnation que s'était penché Albert de Rochas d'Aiglun, après s'être illustré par des ouvrages d'érudition sur l'histoire militaire. Dans Les Vies Successives le Lt Colonel de Rochas a été le premier Français à étudier en profondeur et démontrer l'existence des vies passées grâce aux différents sujets qu'il a pu étudier via l'hypnose, travaux que le Dr Mickael Newton reprendra un siècle plus tard dans ses best-sellers mondiaux « Souvenirs de l'Au-Delà » et « Journées dans l'Au-Delà ».

A travers ce livre, on découvre les différentes vies passées de ses sujets d'étude, bonnes ou mauvaises, importantes ou misérables dans leurs conséquences, avec des détails étonnants, comme par exemple des personnages historiques en arrière plan, des monarques oubliés, des dignitaires de l'Église ou encore des familles aristocratiques qui ont écrit l'Histoire de France.

Et surtout on comprend que nous aussi nous avons des vies passées cachées quelque part dans notre cerveau, et qu'elles mériteraient d'être examinées.

Cette version du chef d'œuvre du Lt Colonel de Rochas a été entièrement modernisée par Anne-Marie Bruyant, agrégée de lettres classiques.

« Elle reste assez longtemps sans me répondre. Quand elle le fait, elle a 10 ans. Elle ne me voit pas mais m'entend. Elle est avec de jeunes compagnes qui ne m'entendent pas et lui disent qu'elle est folle. Sa sensibilité est extériorisée.

À 2h10, elle a 5 ans. À 2h25, elle ne sait pas son âge. Elle tète sa mère et remue les lèvres comme en tétant. Elle tète même mon doigt quand je le présente à sa bouche.

À 2h35, elle s'agite et paraît souffrir. Cette fois, elle est Jean-Claude mort.

Je la réveille alors par des passes transversales et je l'abandonne à elle-même quand elle a atteint l'âge de 2 ans dans sa vie actuelle.

À 2h50, elle a continué toute seule le mouvement imprimé dans le temps. Elle a maintenant 4 ans.

Elle a mis un quart d'heure pour vieillir de 2 ans.

Si cela continuait de la même façon, il lui faudrait, pour vieillir de 14 ans (de 4 à 18 ans), 7 quarts d'heure ou 1 heure 3/4. Elle se réveillerait donc naturellement à 4 h et demie.

À 3h10, elle a 9 ans. Elle m'entend mais ne me voit pas. Elle suppose que ma voix est celle de l'ange gardien.

De 2 h50 à 3h10, elle a vieilli de 5 ans en 20 minutes. La rapidité du réveil s'accélère.

À 3h25, elle a 12 ans, à 3h40, 14 ans »

« Hypothèse pour expliquer les différences entre les récits faits par les sujets et la réalité historique: le sujet peut avoir ve´cu dans le passe´ aux e´poques e´voque´es et participe´ aux e´ve´nements de´crits. Il peut les raconter comme toute personne peut raconter sa vie pre´sente, s'en rapportant pluto^t aux faits qu'aux dates »

« Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, je ne me suis jamais occupé de spiritisme. J'ai assisté à quelques séances pour savoir comment les choses se passaient et je me suis tenu au courant de ce qui s'écrivait sur ce sujet, qui touche de si près au grand problème de la survie après la mort mais j'ai réservé mon temps et mes efforts à des études plus conformes à mon éducation scientifique.

J'ai pensé qu'il y avait assez de personnes s'occupant d'obtenir des communications avec les agents invisibles, ce qui ne demandait aucune aptitude particulière, et que je serais plus utile en bornant mes recherches à la partie physique et à l'examen des facultés anormales de l'organisme humain » colonel Albert de Rochas

- Où es-tu né?

- À Paris.

- Sous quel régime?

- La royauté.

- Tu as 30 ans. Où es-tu et que fais-tu?

- Je suis à Paris et je travaille dans un bureau.

- Quel est ce genre de travail?

- (Après hésitation) Je ne sais pas.

- Écris ton nom.

- (Il signe sans hésitation): Charles Mauville.

- Qui gouverne maintenant la France? Un consul?

- Non, plusieurs.

- Tu es sans doute un révolutionnaire?

- (Pas de réponse, mais un sourire significatif)

- Tu as très probablement approuvé la mort du Roi et de la Reine?

- Du Roi, oui! De la Reine, non!

« Elle se rappelle qu'elle a été contente de se désincarner. Elle a vu son enterrement. Il n'y avait presque personne et ses enfants riaient. On trouvait qu'elle était assez vieille pour faire une morte. Tout cela lui était bien égal. Elle n'a guère regretté que son chat. Elle a été le revoir avec son corps astral: il l'a bien reconnue et s'est mis à ronronner. Une vieille voisine a recueilli l'animal ».

Préface d'Anne-Marie Bruyant


Qui est Albert de Rochas ? En réalité son nom est un peu plus complexe: Eugène Auguste Albert de Rochas d'Aiglun, né en 1837 dans une petite commune des Hautes-Alpes, appelée Saint-Firmin, et située dans la vallée du Valgaudemar, au centre du massif des Écrins.

Il est le fils de Marie Joseph Eugène de Rochas d'Aiglun, juge au tribunal de Briançon et d'une certaine Camille Jayet. La famille paternelle est une famille de notables de Gap et compte des hommes de loi et un maire. L'un de ses ancêtres, dont il a publié l'histoire, serait Henry de Rochas, seigneur d'Ayglun, qui fut ingénieur des mines, conseiller et médecin ordinaire du roi Louis XIII.

Après des études secondaires effectuées au lycée de Grenoble, il entre en 1857 à l'École polytechnique, à l'époque certainement la plus prestigieuse école française formant des ingénieurs de très haut niveau. Il en sort officier du génie et effectue une carrière militaire jusqu'au grade de lieutenant-colonel. En 1888, il prend sa retraite et devient administrateur de l'École polytechnique. On ne peut pas faire plus sérieux comme parcours...

Alors comment un scientifique diplômé de cette école, qu'on nomme tout simplement «X», l'école d'ingénieurs qui, pour nombre de lycéens ayant obtenu un bac scientifique, représente encore une sorte de graal, une école d'où sont issus les administrateurs des plus grandes entreprises publiques ou privées, comment encore ce militaire, qui a publié quantité d'ouvrages historiques allant de l'histoire des fortifications à une biographie de Vauban, a-t-il basculé dans le paranormal... au point d'installer un laboratoire au sein même de l'École polytechnique afin d'y effectuer ses recherches? Cette question demeure sans réponse car Albert de Rochas ne s'est pas expliqué sur sa fascination pour les phénomènes paranormaux. Sans doute, comme le général George Patton, il a dû vivre une expérience aux frontières de la mort, au cours de laquelle il a revécu ses vies passées (c'est ce qui est arrivé trois fois de suite au général Patton). Il n'en reste pas moins qu'étant donné son parcours antérieur, il est difficile de le considérer comme un farfelu, voire un charlatan.

Il faut toutefois remarquer qu'Albert de Rochas est loin d'être un chercheur isolé. Depuis les travaux de Frantz-Anton Mesmer à la fin du XVIIIe siècle jusqu'aux études du neurologue Martin Charcot à la fin du XIXe, l'hypnose passionne aussi bien le public que médecins et chercheurs, ce qui aboutit à la tenue du premier Congrès International de l'Hypnotisme expérimental et thérapeutique en 1889. C'est donc tout de suite après une période considérée comme l'âge d'or des travaux sur l'hypnose, entre 1882 et 1892, qu'Albert de Rochas entreprend son enquête.

Car c'est bien à une véritable enquête qu'il se livre en soumettant à la méthode expérimentale ce qui n'est pour beaucoup qu'une théorie: la réincarnation.

Certes, il y avait eu des précédents avant lui, tel le psychologue suisse Théodore Flournoy dont il reproduit une partie du rapport concernant la médium Hélène Smith, soumise à la régression mémorielle. Mais Albert de Rochas veut aller plus loin, multipliant les cas d'études, confrontant ses rapports avec ceux de témoins conviés à ses séances, souvent des scientifiques comme lui, notant avec la plus extrême précision les moindres réactions de ses sujets. On le sent parfois lui-même extrêmement étonné par ses découvertes, ce qui donne à son enquête des accents de sincérité et d'authenticité qui emportent d'autant plus l'adhésion du lecteur. Jamais en effet Albert de Rochas n'impose un point de vue de façon dogmatique. Il n'hésite pas à souligner, même s'il ne le fait pas systématiquement, ici un anachronisme, là un échec après une tentative de vérification, considérant qu'il appartiendra aux chercheurs qui lui succéderont d'approfondir sa matière.

En tout cas, ni Albert de Rochas ni ceux qui assistent à ses expériences n'expriment d'étonnement voire de rejet vis à vis de la réincarnation.

Bien plus, l'auteur a appelé à sa rescousse quantité de penseurs de toutes les époques, et pas des moindres, qui ont affirmé la réalité de la réincarnation.

L'impression finale est que le monde scientifique de l'époque semble de loin bien plus ouvert d'esprit que le même à l'heure actuelle. Car même si l'hypnose est entrée au XXe siècle par la grande porte dans les hôpitaux, permettant de diminuer voire supprimer l'anesthésie pour certaines opérations, même si certains médecins comme le cardiologue américain Maurice Rawlings, le psychiatre Raymond Moody, le docteur George Ritchie, et en France les docteurs Jean-Pierre Jourdan et Jean-Jacques Charbonnier, anesthésiste et réanimateur à Toulouse l'ont abordé. Ils confirment les expériences de mort imminente et les récits de ceux qui racontent être sortis de leur corps lors d'une opération ou suite à un accident. Les travaux précurseurs d'Albert de Rochas ont été démontrés maintes fois depuis, en particulier par le médecin américain Michael Newton qui a publié quatre ouvrages retentissants dont les plus célèbres sont Souvenirs de l'Au-Delà et Journées dans l'au-Delà1, et par le « père » scientifique de cette spécialité, l'universitaire Ian Stevenson.

Pour ma part, j'ai le souvenir d'une conversation voici quelques années avec un professeur de philosophie à l'Université d'Athènes. Quand je lui ai demandé comment il comprenait le Mythe d'Er le Pamphylien qui clôt le livre X de La République de Platon, un récit qui participe de la croyance en la réincarnation, il m'a répondu d'un air horrifié: «Vous ne pensez quand même pas que je vais croire en la réincarnation!» Tant l'idée lui semblait incompatible avec ce que peut penser un universitaire. Ainsi, même ceux qui enseignent Platon font un tri dans sa pensée et écartent pudiquement les idées qui ne correspondent pas à la doxa en vigueur.

Albert de Rochas, lui, a osé et son audace mérite d'être saluée. C'est la raison pour laquelle son travail exceptionnel et avant-gardiste mérite amplement cette nouvelle édition. (ci-dessous extrait)

CAS N°4 Mme LAMBERT1 en 1904.

Première séance. - J'endors Mme Lambert avec des passes longitudinales en lui disant de se concentrer au lieu de sortir de son corps comme elle le fait habituellement. Elle remonte ainsi le cours de sa vie jusqu'à l'époque qui précède sa naissance. Elle commence par se voir à l'époque de sa première communion puis elle arrive au moment où sa mère fait une grave maladie avant d'entrer au château de R., où elle est restée employée pendant plus de 30 ans. Elle a alors 4 ou 5 ans. Elle ne se voit pas mais elle voit le paysage et décrit la maison qui leur servait alors d'habitation et dont elle n'a conservé aucun souvenir à l'état de veille.

Je continue les passes longitudinales. Elle éprouve une sensation de néant qui l'effraie beaucoup puis une sensation vague comme celle d'une âme qui se forme. Elle se sent très fatiguée et je la réveille au moyen de passes transversales. Lors de la seconde séance, je lui fais rapidement remonter le cours du Temps jusqu'à l'époque qui a précédé sa naissance. Elle se voit alors sous la forme d'une boule légèrement brillante errant dans l'Espace, sans pensée. Elle n'a aucun souvenir d'une vie antérieure. Je n'essaie pas de la pousser plus loin en arrière et je la ramène d'abord lentement au temps présent à l'aide de passes transversales. Elle sent qu'elle est dans le ventre de sa mère dont elle partage vaguement les impressions. Au moment de sa naissance, elle éprouve une sensation nouvelle et bien nette, celle de respirer.

Quand Mme Lambert fut revenue à son état normal (ce que je constatai par le retour de la sensibilité cutanée), je continuai les passes transversales sous le prétexte de la dégager plus complètement, en réalité pour savoir ce qui allait arriver. Au bout de quelques instants, sans lui poser de question de peur de l'influencer, je la prie d'aller se regarder dans la glace et de me donner la couleur de ses cheveux. Elle les voit à moitié gris, bien qu'en réalité ils soient encore complètement noirs.

Je continue les passes transversales puis je lui dis de se lever. Elle se trouve très faible et elle se plaint de perdre chaque jour une partie de ses forces. Je l'interroge sur ses occupations, ses ressources. Elle me répond qu'elle est décidée à vivre avec son frère cadet dont elle tient le ménage (actuellement elle vit seule car elle est persuadée, à l'état de veille, que son frère va se marier et c'est pour cela qu'elle n'habite pas avec lui). À 45 ans, c'est-à-dire en 1909, elle se voit à la campagne auprès d'un vieillard qu'elle soigne. Elle s'ennuie beaucoup2.

Redoutant un accident dans cette voie encore inexplorée, je n'ose pas continuer davantage le vieillissement sans prévenir le sujet. Je lui demande si elle ne voit pas d'inconvénient à ce que j'emploie ma science magnétique à lui faire voir ce qui se passera pour elle au moment de la mort, moment que nul ne peut éviter. Elle s'y refuse obstinément et je la ramène à son état normal grâce à des passes longitudinales. Dans cet état, elle n'a aucun souvenir de ce qui s'est passé pendant le sommeil précédent. Je le lui raconte, ce qui ne posait pas d'inconvénient puisque mes expériences avec elle ne devaient pas se renouveler à cause de mon départ de Paris. Elle s'étonne d'avoir eu peur de la mort, elle qui tient si peu à la vie et qui a une si grande confiance en moi. Elle pense qu'au bout d'une ou deux séances elle s'habituerait à cette idée et laisserait son sommeil se poursuivre jusqu'au point que je jugerais utile. Cela m'engage à tenter, le lendemain, une nouvelle séance, qui donna les mêmes résultats et où je me heurtai à la même résistance que je ne crus pas devoir forcer.

CAS N° 5 LOUISE, de 1904 à 1910

Louise est une jeune femme qui a actuellement (nous sommes en 1911) 36 ans. Elle est la fille d'une de mes anciennes domestiques. Elle a eu une jeunesse maladive mais elle est aujourd'hui bien portante. D'une intelligence très vive, elle a commencé par travailler dans la soierie où elle était devenue une ouvrière habile. Elle a eu l'occasion de se mettre au courant des études sur le psychisme en assistant à mes expériences avec son amie Joséphine, en 1904 et 1905. Aujourd'hui, elle s'occupe de soigner les malades, par la méthode de Mr Bouvier de Lyon, avec qui elle s'est mise en relation. Elle les traite le plus souvent à distance et a eu, paraît-il, des résultats extraordinaires sur des maniaques et des dégénérés, poursuivant le traitement pendant plusieurs mois et avec un grand esprit de charité. Elle s'endort difficilement par les passes magnétiques mais elle possède la capacité de voir, à l'état de veille, le corps astral des individus au moment où il sort de leur corps physique. Elle est également capable de sortir elle-même de son corps par sa propre volonté.

Pendant mes expériences avec Joséphine, elle percevait le corps astral de celle-ci, lorsqu'il se dégageait de son corps physique, sous une forme vaporeuse qui se condensait peu à peu pour prendre forme humaine, forme qui changeait selon l'âge et la personnalité auxquels était amené momentanément le sujet. Ce corps astral était lumineux pendant les périodes de vie et sombre dans les intervalles séparant les diverses existences. Au moment qui correspondait à la mort, il paraissait se dilater en s'obscurcissant et en perdant sa forme. Quand Louise se trouvait en contact avec cette espèce de nuée, elle éprouvait une sensation de froid très pénible, la même qu'elle ressent quand elle s'approche d'une personne qui vient de mourir.

Pendant longtemps, je me bornai à utiliser cette seule faculté, croyant Louise peu capable d'autre chose. Mais je finis par vouloir également essayer sur elle la régression dans la mémoire. Le 1er mai 1908, je parvins à l'endormir par des passes prolongées jusqu'à faire sortir son corps astral qui se plaça entre elle et moi. J'enclenchai alors le processus de régression par suggestion: «Vous avez 30 ans, 25 ans, 20 ans, 15 ans, etc.» À chacun de ces âges, elle mima la maladie qu'elle avait à cette époque-là. J'arrive ainsi à sa naissance et à la période qui la précéda. Elle me répond d'abord avec difficulté puis mieux quand je l'aide avec la pression exercée au milieu du front.

Elle se souvient plutôt qu'elle ne mime. Elle a été un prêtre, mort très vieux, un bon prêtre simplement attaché à ses devoirs sacerdotaux. Quand il meurt, il reste dans le gris assez longtemps pour se rendre bien compte de son état. Tout d'abord il ne le comprenait pas car il croyait trouver le Paradis ou le Purgatoire or il ne voyait rien. Louise prend alors sa tête entre ses mains et se met à sangloter. Les larmes coulent de ses yeux alors qu'à l'état de veille elle est fort calme et plutôt pragmatique. Je l'interroge et elle finit par me répondre « il est bien malheureux d'avoir enseigné des choses inexactes ». Je lui fais observer que ce n'était pas de sa faute et qu'il vaut mieux avoir parlé à ses paroissiens du Ciel et de l'Enfer que de leur avoir laissé croire qu'il n'y avait plus rien après la mort.

-Oui, ajoute-t-elle, c'est vrai mais malheureusement ils ne croient plus à l'Enfer et, s'ils étaient persuadés qu'il y a une série d'existences dans lesquelles on expie les fautes des existences précédentes, ils se conduiraient bien mieux.

- Alors, vous désirez vous réincarner?

- Oui, pour pouvoir m'instruire davantage et répandre la Vérité dans le peuple en le soignant.

- Alors, il faut vous réincarner dans une famille riche qui vous donnera de l'instruction?

- Non! il faut, au contraire, que je naisse dans la misère pour la connaître.

Le 15 juillet 1910, j'eus l'occasion de revoir Louise et j'en profitai pour savoir si elle me dirait la même chose que deux ans auparavant sur sa réincarnation.

Je l'endormis et la fis remonter en arrière par suggestion. Quand elle fut arrivée à la période précédant son incarnation actuelle, je la priai de se rappeler sa vie précédente. Elle chercha assez longtemps et me répondit par lambeaux:

-Je n'y vois... j'ai été un vieillard habitant la campagne... je porte une robe... je suis un prêtre...»

- Voulez-vous vous réincarner?

- Oui.

- Dans une famille riche?

- Non, chez de pauvres gens pour mieux connaître la misère et la soulager.

Par suggestion, je poussai plus loin le recul dans le passé. Comme ses souvenirs arrivaient confus, elle me pria d'approfondir son sommeil, ce que je fis. Elle se rappela alors que, dans son existence précédente, elle était née à Meaudres, dans le canton de Villard-de-Lans, une localité où elle n'a aucune attache dans la vie actuelle. Elle me dit qu'elle avait fait ses études ecclésiastiques au grand séminaire de Grenoble et qu'avant cette existence elle avait été une jeune fille morte jeune et très orgueilleuse, ce qui lui avait valu un passage assez pénible dans le gris, où elle rencontrait de mauvais esprits qui la tourmentaient.

Par des suggestions, je l'ai alors ramenée à son âge actuel puis je l'ai poussée vers l'avenir. Elle m'a alors fait part de visions dont j'ai reconnu la probabilité quand je l'ai interrogée alors qu'elle était complètement éveillée et qu'elle avait perdu le souvenir de ce qu'elle m'avait dit en somnambulisme. Louise est un sujet produisant des phénomènes curieux que je n'ai pas eu le temps d'expérimenter de manière à pouvoir les présenter avec certitude.Voici pourtant ce qui m'a semblé se produire à diverses reprises.

À l'état de veille et par un simple effort de sa volonté, elle peut faire sortir son corps astral, ou quelque chose d'analogue, de son corps physique et ce sans que personne d'autre ne puisse le voir. À cette substance extériorisée, elle peut donner la forme qu'elle veut et peut même matérialiser sa pensée et la rendre visible à des êtres très sensibles.

C'est ainsi que, pensant fortement soit à moi soit à une personne dont le portrait est dans la pièce, son amie Joséphine, qui est très sensible, voit se dessiner dans l'espace soit mes traits soit ceux du portrait, sans même savoir à quoi Louise pensait. On conçoit dès lors que si elle assistait à une séance spirite où l'on désire voir apparaître telle personne qu'elle a plus ou moins connue, elle pourrait former son apparence et la rendre visible aux êtres sensitifs. Peut-être même que si elle était suffisamment dynamisée par une chaîne3, elle pourrait impressionner des plaques photographiques, produire des empreintes ou rendre les personnes visibles pour tout le monde.

Voici un autre genre de sensitivité, d'après le compte rendu d'une séance que j'ai eue avec Louise et Joséphine, le 6 novembre 1905. «Aujourd'hui, j'ai endormi Joséphine et lui ai dit de faire monter son corps fluidique aussi haut qu'elle le pourrait afin de savoir si elle verrait les mêmes choses que la plupart de mes autres sujets. Elle n'a rien éprouvé de particulier sauf la sensation de se trouver à une grande hauteur, au-dessus de la Terre. Louise a vu un cordon lumineux qui partait de la tête de Joséphine, s'élevait verticalement et s'épanouissait légèrement en-dessous du plafond. Elle concentra alors fortement sa pensée pour s'élever mentalement jusqu'à une certaine hauteur puis se dirigea horizontalement en esprit au-dessus de Joséphine.

Celle-ci ressentit aussitôt un contact qu'elle manifesta par un brusque sursaut mais elle dit que c'était le cordon fluidique et non pas le corps astral qui avait été touché. Louise s'éleva alors plus haut et chercha ce corps astral mais elle ne toucha plus rien, sans doute parce qu'elle l'avait dépassé. Par des passes transversales, je démagnétisai Joséphine et Louise vit comme de gros flocons lumineux qui descendaient le long du lien. Puis tout disparut dans le corps de Joséphine, qui se réveilla. Louise, tout en restant éveillée, essaya alors de sortir de son corps une nouvelle fois de manière à me toucher à distance.

Elle s'éloigna d'une dizaine de pas et annonça qu'elle allait toucher mon bras. Joséphine, de nouveau endormie, vit en effet, au bout de quelque temps, l'aura lumineuse de mon bras qui s'épaississait. Ensuite, elle distingua d'abord une main puis un bras qui s'appuyait sur la main. Je lui dis de remonter à l'origine de ce bras: elle le fit et dit que cela partait de Louise. Moi, je n'avais rien senti. Je supposai que cela était dû au fait que les vibrations provoquées par Louise ne se trouvaient en dehors de la limite de mes perceptions mais, comme elles devaient exister puisque Joséphine les percevait comme si elles s'appliquaient directement à elle, je pensai que mon corps pouvait servir de relais. Je prévins donc Louise directement mais en secret de me toucher successivement par la pensée au nez, au front, à la jambe et à la nuque. Puis je revins à Joséphine dont je pris les mains pour établir le rapport. Les contacts convenus s'effectuèrent dans l'ordre indiqué.

CAS N° 6 Melle MARIA MAYO en 1904

Le sujet est une jeune fille de 18 ans, parfaitement saine et n'ayant jamais entendu parler ni de magnétisme ni de spiritisme4. Ayant pendant près de deux mois habité la même maison que cette jeune fille, j'ai pu procéder aux expériences très lentement et sans parti pris, laissant ses facultés se développer du côté où elles s'orientaient naturellement. Presque toutes ces séances avaient pour témoins le Dr Bertrand, maire d'Aix et médecin de sa famille, et Mr Lacoste, ingénieur et ami de son beau-père, qui ont eu l'amabilité de prendre des notes à ma place. Ces notes sont d'autant plus précieuses que Mr le Dr Bertrand et Mr Lacoste n'ayant jamais assisté à ces phénomènes en indiquaient les différentes phases beaucoup mieux que je ne l'aurais fait, parce que, y étant habitué, elles me frappent moins. Aussi, les ai-je reproduites in-extenso, pensant que le lecteur saisirait ainsi beaucoup mieux à quoi ressemblaient les séances.

JOURNAL DES SÉANCES

Première séance, le 2 décembre 1904.

J'essaie au moyen de passes longitudinales d'endormir Mayo (bien que son prénom soit Maria, Albert de Rochas l'appelle Mayo, c'est à dire son nom de famille, chaque fois qu'il parle d'elle). Au bout de quelques minutes, elle se sent engourdie et je la ramène à son état naturel par les passes transversales.

Je reprends l'expérience un quart d'heure après et j'arrive à provoquer le premier état de léthargie. Je ne vais pas plus loin et je la réveille. 2e séance, le 4 décembre.

J'essaie d'endormir et de réveiller Mayo par la pression des points hypnogènes des poignets. J'arrive à provoquer un sommeil léger et une très faible suggestibilité.

3e séance, le 5 décembre.

J'amène Mayo jusqu'à l'état de somnambulisme au moyen de passes longitudinales. Dans cet état où elle a les yeux ouverts et est en communication avec les assistants, je teste l'effet de la musique. Yann Nibor5 chante devant elle quelques-unes de ses œuvres les plus émouvantes. Mayo se dresse, captivée, et mime les émotions qu'elle ressent, avec moins d'intensité toutefois que Lina. Le piano seul non seulement produit des effets moindres mais semble parfois lui être désagréable. Après ces essais, je reprends la magnétisation de Mayo et je la pousse à l'état de rapport où elle n'entend et ne voit plus que moi.

4e séance, le 6 décembre.

J'intensifie son sommeil jusqu'au moment où elle voit se former à côté d'elle un fantôme légèrement lumineux; la vision en est confuse et je ne trouve aucun indice de régression dans la mémoire.

5e séance, le 7 décembre.

Au moyen de nouvelles passes, je fais lentement repasser Mayo par les divers états de l'hypnose qu'elle a déjà parcourus. Je constate qu'elle ne prend les suggestions que pendant un instant très court, à la fin de la 1ère léthargie. Dans l'état de somnambulisme qui suit, elle n'obéit pas aux suggestions. Elle a conservé la mémoire de ce qui s'est passé à l'état de veille et dans les précédents états de somnambulisme. En pressant le milieu de son front, je fais resurgir les souvenirs d'événements qui sont passés antérieurement. Après la seconde léthargie, l'état de rapport se manifeste bien nettement: Mayo n'entend et ne voit plus que moi mais elle se souvient encore de mon nom et du sien. Elle voit ce qui est fluide et présente le phénomène de l'extériorisation de sa sensibilité. Après une nouvelle léthargie (la 3ème), elle entre dans l'état caractérisé par la sympathie au contact, c'est-à-dire qu'elle sent toutes les actions exercées sur moi quand je la touche. De plus, elle a perdu le souvenir de tout ce qui s'est passé dans les états précédents.

6e séance, le 9 décembre.

Mayo parvient à faire sortir plus complètement son corps astral et le voit nettement à côté d'elle. Je lui dis de lui donner la forme de sa mère6 et elle y parvient. Pas de trace de régression dans la mémoire.

7e séance, le I0 décembre.

Elle fait complètement sortir son corps astral de son corps physique et il se place à côté d'elle. Je prescris à Mayo de faire monter ce corps aussi haut qu'elle le peut. Je constate qu'elle le déplace mais ne peut lui faire traverser le plafond. Elle éprouve une sensation douloureuse chaque fois que je touche le lien fluidique qui s'élève au-dessus de sa tête.

8e séance, le 11 décembre.

Cette séance est consacrée à l'étude des expressions du visage et des gestes provoqués chez Mayo par les sentiments provoqués par la musique. C'est Yann Nibor qui chante. Mayo exprime admirablement les sentiments éveillés chez elle par la Marseillaise (où elle a les mêmes gestes que Lina) et par Honneur et Patrie de Yann Nibor.

9e séance, le 12 décembre

Au cours de cette séance, nous avons spécialement étudié le déroulement du phénomène au point de vue du temps. C'est Mr Lacoste qui prend des notes en comptant les heures à la mode italienne, de 1 à 24, en partant de minuit.

13h30 - Mayo est éveillée et n'est pas sensible à la suggestion. Les passes magnétiques ne produisent aucun effet.

13h33- Je prends alors les mains de Mayo et place ses pouces contre les paumes de mes mains. Par sa volonté, je projette son fluide en elle et sens immédiatement un courant remonter dans chacun de ses bras. Au bout d'une minute (13h34) le sommeil est complet.

13h36. - Mayo sort de la léthargie pour entrer dans le somnambulisme que j'appelle le 2e état de l'hypnose7: ses yeux s'ouvrent, elle paraît être complètement éveillée mais présente une insensibilité cutanée. Je continue mon action avec les mains et induis ainsi la 2e léthargie. S'apercevant que la respiration de la jeune fille diminue, je la rétablis en plaçant sa main droite à plat sur sa poitrine. Je poursuis ensuite la magnétisation au moyen d'autres passes.

13h39 - Mayo se réveille dans l'état de rapport (3e état). Elle est insensible à la suggestion. Elle refuse de me montrer ses jambes8 mais consent à m'embrasser. Elle ne voit pas le fluide qui s'échappe de mes mains ni l'intérieur de mon corps. Elle commence alors à sortir de son corps et à ressentir les sensations qu'on provoque chez moi (par action directe) ainsi que les points où je la touche.

13h44 - Les passes se poursuivent jusqu'à la 3e léthargie.

13h46 - Mayo se réveille dans un nouvel état, le quatrième9. Elle ne se souvient pas d'y avoir déjà été. Elle éprouve à distance ce que je ressens. Elle ne se souvient pas de son nom mais son instinct de pudeur persiste car elle refuse de montrer ses jambes.

13h47 - Les passes continuent et provoquent l'entrée dans la 4e léthargie.

13h50 - Elle se réveille dans le 5e état. En pinçant l'air autour d'elle, je constate qu'elle commence à sortir de son corps au niveau de la tête. Pendant environ une minute, elle appuie sa tête sur mon épaule, comme pour prendre des forces, puis elle revient à son attitude ordinaire. Elle avait oublié son nom mais elle le retrouve quand je lui frotte la racine du nez.

13h54 - Je continue les passes et Mayo entre dans la 5e léthargie à travers une légère secousse.

13h56 - Elle se réveille dans le 6e état où elle voit se former un fantôme à sa droite. Je constate que c'est dans ce fantôme que s'est localisée toute sa sensibilité. Elle continue à refuser de montrer ses jambes, même à une dame.

14h00 - Je continue la magnétisation, en alternant passes magnétiques et pressions du pouce dans la paume de la main du sujet. Elle entre dans la 6e léthargie.

14h01 - Mayo se réveille dans le 7e état et voit son fantôme à sa droite tandis que celui de gauche a presque disparu. Elle se souvient d'avoir déjà vu apparaître sa mère (6e séance) mais ne désire pas la revoir.

14h03 - La magnétisation se poursuit jusqu'à l'entrée dans la 7e léthargie.

14h04 - La jeune fille se réveille dans le 8e état. Son corps astral est complet. Mr de Rochas essaie de le faire monter et de l'envoyer dans une autre pièce mais il est stoppé par le plafond et les murs. Mr de Rochas dit à Mayo de lui tendre sa main droite éthérique et il la pince: elle ressent le pincement et voit le cercle qu'il a tracé autour d'elle sous la forme d'un cylindre lumineux.

14h10 - Par des passes transversales, le magnétiseur procède au réveil, qui se fait rapidement.

14h15 - Mayo est complètement réveillée et elle ne ressent aucune fatigue  10e séance, le 13 décembre

Je recherche des points hypnogènes au moyen de l'insensibilité cutanée et de la sensibilité à distance. Je cherche un peu au hasard et seulement dans les endroits où je peux me permettre l'exploration.

Je constate qu'il y en a un aux deux poignets, un au-dessus des yeux, un au-dessus et en arrière des oreilles et un dans le creux interclaviculaire. 11e séance, le 14 décembre

C'est une séance consacrée aux effets musicaux pendant le somnambulisme. Le piano continue à être peu agréable.

12e séance, le 16 décembre

Elle concerne la reproduction du phénomène d'extériorisation du corps astral à travers les formations successives d'un demi fantôme à gauche puis d'un second à droite. Une singularité inexpliquée s'est ici présentée: Mayo, en regardant le fantôme placé à sa gauche, l'a vu de profil mais le profil tourné en arrière au lieu d'être dans le même sens que son corps physique.

13e séance, le 17 décembre

Après avoir constaté, encore une fois, que Mayo n'est suggestible ni à l'état de veille ni à l'état de somnambulisme, elle est endormie puis réveillée très lentement à l'aide de la pression du point hypnogène de l'un ou l'autre de ses poignets, tandis que la phrase suivante lui est répétée chaque fois, à un moment différent de la 1ère léthargie: «Vous ne pourrez pas vous lever sans ma permission». Le constat est alors fait que la suggestion ne produit son effet que quand elle est formulée dans l'instant très court qui précède le passage dans le somnambulisme11. Ensuite le sommeil est poussé jusqu'à l'état de rapport. Dans cet état, on peut approcher de ses yeux une bougie allumée sans qu'elle la perçoive, mais dès que je regarde la bougie, elle recule vivement. Et quand on approche de son nez un flacon d'ammoniaque, elle ne sent rien mais elle le sent dès que je respire avec précaution les émanations de l'ammoniaque12. Si je lui dis de m'embrasser, elle le fait avec plaisir, sur la joue. Mais quand j'effleure ses lèvres, elle se recule, fâchée. Elle ne se souvient de personne. La magnétisation continue. Mayo voit se former à sa gauche un fantôme lumineux qui a sa forme actuelle. On lui dit de donner à ce fantôme la forme qu'elle avait à l'âge de 16 ans. Elle se voit à cet âge puis à celui de 14ans, de 12. À 10 ans, elle dit être à Marseille, ce qui est exact. À 8 ans, elle est à Beyrouth. Elle parle de son père, de sa mère et des amis qui fréquentaient la maison, ce qui est encore exact. Par des passes transversales, je fais rentrer son corps astral dans son corps physique, ce qui se fait avec un peu de difficulté, et je procède au réveil complet.

Quand Mayo est bien réveillée, je ne constate pas de changement notable dans sa mentalité mais, ne voulant pas risquer un accident, je la rendors et fais de nouveau sortir son corps astral. Elle le voit encore sous la forme d'un enfant de 8 ans. Je lui rends alors sa forme de 18 ans et la réveille. Lorsqu'elle retombe dans la première léthargie, je lui dis de tâcher de se rappeler ce qui s'est passé pendant son sommeil et de me l'écrire. Je lui répète cette demande quand elle est réveillée.

14e séance, le 18 décembre 1904.

Au commencement de la séance, Mayo me remet la note suivante qu'elle a rédigée pour obéir à la suggestion de la veille:

«Lorsque Mr de Rochas me presse le poignet, je sens quelque chose de fort, de chaud, qui pénètre dans mon bras et m'alourdit comme si j'avais bien sommeil. J'entends d'abord distinctement et je comprends très bien les paroles qui sont dites autour de moi. Puis, peu à peu, mes idées se brouillent et je ne perçois plus qu'un murmure mais je comprends lorsque c'est Mr de Rochas qui parle. Je me trouve très bien dans cet état et j y resterais toujours, si l'on voulait m'y laisser. Mais arrive un moment où je sens que je m'éveille: je revois tout ce qui est autour de moi, je pense comme d'habitude et l'on ne me ferait pas faire ce que je ne veux pas ni croire à ce qui n'est pas vrai. Cependant, je ne suis pas comme d'habitude puisque je ne sens rien quand on me tire les cheveux, qu'on me touche la main ou le visage ou que je pose le doigt sur la flamme d'une bougie. Je n'éprouve plus aucune sensation ni froid ni de chaud. J'aime Mr de Rochas un peu plus que d'habitude».

Puis elle raconte que, pendant toute la nuit, elle a rêvé qu'elle était encore à Beyrouth. Je cherche de nouveau à vérifier la succession des états. Après la 1ère léthargie, vient le somnambulisme, que j'appelle aussi 2e état de l'hypnose (le 1er état étant l'état de crédulité, qui manque chez Mayo). Puis vient la 2e léthargie, l'état de rapport (3e état) où sa mémoire commence à être confuse sans être complètement abolie. Après la léthargie, elle sort de son corps physique et éprouve mes propres sensations, même quand je ne la touche pas et pourvu que je ne m'éloigne pas trop (4e état). Elle commence alors à voir se dessiner un fantôme bleu à sa gauche et aperçoit dans ce fantôme un trou sombre au-dessus de l'oreille et un autre au poignet. Ces trous correspondent aux points hypnogènes constatés d'une autre façon dans la 10e séance13. 4e léthargie 5e état - Mayo voit son fantôme de droite, couleur rouge. Elle le voit de profil et aperçoit un trou sombre au front et au poignet. 5e léthargie 6e état – Comme dans un miroir, elle voit son corps fluidique complètement formé et de face, devant elle. Elle aperçoit des trous sombres des deux côtés du front, au-dessus des oreilles, et dans le creux interclaviculaire. Celui-ci est le plus gros de tous. Le réveil est provoqué par des passes transversales. Le corps astral rentre dans le corps physique sans se dédoubler en fantôme rouge et fantôme bleu. 15e séance, le 19 décembre.

Mayo est endormie par pression du point hypnogène de son poignet gauche. La 1ère léthargie et le 2e état (somnambulisme) ne présentent rien de particulier. Pendant le 3e état (rapport), le Dr Bertrand approche des yeux de Mayo une bougie allumée: cette action ne provoque aucun mouvement de sa part mais en revanche elle recule brusquement et baisse les paupières dès que je regarde la flamme. Le docteur approche alors un flacon d'ammoniaque du nez de Mayo et il lui est dit d'aspirer fortement. Elle le fait et n'éprouve rien mais elle renverse la tête avec précipitation quand je touche la main du docteur. On lui palpe les jambes, elle ne réagit pas. On lui palpe les cuisses: elle prend aussitôt un air offensé et détourne la tête en se rejetant en arrière.

4e état - Elle a tout oublié, même son nom, et commence à sortir de son corps.

5e état - À sa gauche, elle voit son fantôme, de profil et face tournée vers l'arrière. Dans ce fantôme brillant, elle voit également des points obscurs qui correspondent à ses points hypnogènes. Quand on lui demande d'indiquer le point correspondant, sur son corps physique, à l'un des points hypnogènes qu'elle voit sur son fantôme, par exemple celui du front, avec son doigt, elle touche le point hypnogène de la partie droite du front et non celui de la partie gauche. On place un miroir à côté du fantôme et elle le voit dans ce miroir. Puis elle indique bien les points hypnogène sur le côté gauche de son front.

6e état - À sa droite apparaît un fantôme qu'elle voit également de profil.

7e état - Le fantôme complet (du double) et qu'elle voit de face se forme devant elle et un peu à droite. L'instinct de pudeur a cessé et elle ne se souvient de personne.

Je lui demande son âge et elle répond: «J'ai18 ans»

Je lui dis de revenir à l'âge de16 ans: elle voit son corps actuel se transformer en conséquence. De même pour 14 ans, 12 ans, I0 ans. Quand elle a 10 ans, je lui demande où elle habite. Elle répond: «À Marseille.» Ce qui était vrai et ce que j'ignorais.

À 9 ans, elle est à Beyrouth, ce qui était encore vrai. Elle se souvient des personnes qui fréquentaient sa maison. Je lui demande comment on dit «Bonjour» en turc (plutôt en arabe, puisque Beyrouth se trouve au Liban) et elle répond «Salamalec», ce qu'elle a oublié à l'état de veille. À 6 ans, elle est de nouveau à Marseille.

À 2 ans, elle est à Cuges, en Provence (exact).

À 1 an, elle ne peut pas parler et se borne à répondre oui ou non, par des signes de tête.

Plus loin dans le passé, elle n'est plus rien. Elle sent qu'elle existe, voilà tout. Plus loin encore, elle est dans le gris et se souvient d'avoir eu une autre vie. Je ne la pousse pas davantage et la ramène, simplement, par suggestions successives, jusqu'à l'âge de 16 ans; puis je continue avec des passes transversales. La voici à 18 ans, parfaitement réveillée. Je continue les passes transversales sous prétexte de la dégager complètement. À deux reprises, je lui demande son âge et elle répond en riant: «Mais vous le savez bien, j'ai 18 ans!» Puis, son œil devient vague et, à une nouvelle demande, elle répond: «J'ai 20 ans.»

- Habitez-vous encore Aix?

- Non! (Et avec tristesse), je suis loin.

- Vous souvenez-vous de Mr et Mme Lacoste?

- Oui.

- Vous souvenez-vous aussi de Mr de Rochas?

Elle sourit en me répondant et montre ainsi qu'elle me reconnaît. Je la ramène à son état normal par des passes longitudinales.

16e séance, le 20 décembre.

En pressant, à l'état de veille, le point de la mémoire somnambulique situé au milieu du front, j'ai obtenu la régression dans la mémoire jusqu'à la limite où nous étions allés la veille mais pas au-delà. Je reproduis rapidement les phénomènes de la précédente séance, ce qui confirme les notes que nous avions prises. J'endors la main de Mayo à l'aide de passes longitudinales. Cette main passe, de façon isolée, par des états analogues à ceux qui se produisent lorsque j'agis sur la tête et le front.

La jeune fille commence par être insensible puis elle est suggestible, c'est-à-dire que, sur ordre, ses doigts ne peuvent se replier que lorsque la permission lui en est donnée. Cet état dure peu puis l'insensibilité se poursuit sans suggestibilité (ce qui correspond, chez Mayo, au somnambulisme et à la 2e léthargie). Enfin apparaît l'état de rapport caractérisé par le fait que sa main ne perçoit que les objets que je touche. Je réveille sa main par des passes transversales. En opérant sur le nez ou sur les oreilles ou sur la bouche, par le bout des doigts, on détermine également la suggestibilité mais toujours pendant un temps très court.

17e séance, le 22 décembre.

Mayo est d'abord endormie par pression du point hypnogène de son poignet gauche. La magnétisation continue par des passes et je la pousse jusqu'à la formation du corps astral, d'abord à gauche et ensuite à droite. La mémoire qu'elle avait progressivement perdue à mesure que le sommeil s'approfondissait reparaît complètement quand le corps astral est sorti du corps physique. Mais Mayo ne voit encore que moi et les objets avec lesquels je la mets en rapport. Par suggestion, j'induis alors la régression dans la mémoire jusqu'à l'âge de 12 ans et la prie d'écrire son nom pour me donner un spécimen de son écriture. Elle écrit lentement «Marie». (IMAGE)

Je la ramène à 8 ans et fais la même demande. À son grand étonnement, elle écrit deux lettres en arabe. (IMAGE)

Je demande des explications à Mr Lacoste, qui m'apprend qu'à cet âge-là, elle était à Beyrouth, fréquentant l'école des sœurs. Je la fais reculer progressivement dans le passé jusqu'à 6 ans, 4 ans, 3 ans, au moment de sa naissance, dans le ventre de sa mère, encore plus loin...

- Qu'es-tu maintenant?

- Je suis une femme. Elle s'appelait Line.

- Où habites-tu?

- Je ne sais pas.

- Es-tu vivante ou morte?

- Je suis morte.

- Comment es-tu morte?

- Elle n'est pas morte de maladie. C'est dans l'eau... noyée... ça rentrait... elle ne pouvait plus respirer... Elle n'y voyait plus... c'était gonflé.

- As-tu assisté à son enterrement?

- Mais non; on n'a pas retrouvé son corps.

- As-tu souffert de sa décomposition dans l'eau?

- Non. Après ma mort, je n'ai été ni heureuse ni malheureuse.

Jugeant que l'expérience avait été poussée assez loin, je dis à Mayo de se diriger vers l'avenir. Après sa réponse affirmative et une nouvelle demande, elle dit que quelque chose l'a poussée à se réincarner et qu'elle est descendue vers sa mère pendant qu'elle était grosse. Je la ramène ensuite successivement à 2 ans, 4 ans puis de nouveau à 18 et 19 ans.

- Où es-tu maintenant?

- Pas ici.

- Sais-tu dans quel pays?

- Non.

À 20 ans.

- Où es-tu?

Mayo fait signe qu'elle ne sait pas.

- Comment seras-tu à vingt ans?

- Je ne sais pas. Je vois des gens qui ne sont pas comme ici.

- Je vais te faire vieillir encore. Tu m'arrêteras quand il y aura dans ta vie quelque chose de notable: une maladie, un mariage... Tu as 21 ans., 22 ans... y es-tu?

- Non.

Et subitement, elle revient à 18 ans. Son demi-fantôme est encore à droite. Je la réveille alors complètement par des passes longitudinales puis par pression du point hypnogène du poignet droit. Mayo a alors perdu complètement le souvenir de ce qui s'est passé pendant son sommeil. Pressant avec le doigt le point de la mémoire somnambulique placé au milieu du front, je provoque le réveil de cette mémoire. Je fais remonter progressivement à Mayo le cours des années et elle parvient ainsi à l'époque de sa naissance. En la poussant plus loin, elle se rappelle qu'elle a déjà vécu, qu'elle s'appelait Line et qu'elle est morte dans l'eau, noyée. Puis elle ajoute qu'elle s'est élevée dans l'air, qu'elle y a vu des être lumineux mais qu'il ne lui avait pas été permis de leur parler. Dans cet état, elle n'a pas souffert et ne s'est pas ennuyée mais a appris qu'on peut revenir vers la Terre...

Je reprends alors la direction de sa mémoire en sens inverse et la ramène à l'âge de 15 ans, 18 ans, 19 ans, 21 ans. À 21 ans, elle est dans un pays où les habitants sont noirs et nus. Elle ne peut aller plus loin et retombe brusquement à 18 ans. Je cesse la pression de mon doigt et Mayo ne se souvient plus de rien (suite dans le livre -richement illustré).

Tables des Matières


13.......Préface Albert de Rochas
15.......Films en relation avec le travail d'Albert de Rochas

27.......Partie I Dans l'antiquité

46.......Partie II Expériences sous hypnose
46.......1 Sommeil magnétique et le corps fluidique
52.......2 Régression de la mémoire et prévision
220.......Cahiers photos

229.......Partie III Les phénomènes analogues

229.......1 Le corps astral
244.......2 Régression de la mémoire observée sous influence d'un accident ou au moment de la mort
255.......3 Souvenirs de vies antérieures
267.......4 Observations relatives à la vue du passé et de l'avenir sous l'influence du magnétisme ou d'un entraînement spécial
272.......5 Réincarnations prédites et effectuées
283.......6 La précognition
303.......7 La fatalité et le libre arbitre

314.......Partie IV Objections et hypothèses

314.......1 Les changements de personnalité
320.......2 Le cas de Mireille
346.......3 Le cas de Mlle Smith
355.......4 Excursion dans le domaine du spiritisme
367.......5 L'évolution de l'âme
377.......6 La religion de l'avenir

380.......Conclusion

HRM-BUVIESSUCCES
22 €


les vies successives Albert de Rochas modernise par Anne-Marie Bruyant