LE DESORDRE DES SIECLES

HRM-BUDESORD
25 €



Préface


Le Désordre des Siècles fut conçu au moment où je me suis rendu compte qu'un cataclysme s'était produit à l'époque de l'Exode biblique et que cette catastrophe pourrait bien être le lien entre les histoires d'Israël et celle d'Egypte, à la seule condition que d'anciens textes égyptiens contiennent des références à un événement similaire.

J'ai trouvé ces textes et élaborai en peu de temps la reconstruction de l'histoire antique depuis l'Exode jusqu'à la conquête d'Alexandre le Grand.

Dès le mois d'octobre de la même année, j'avais réalisé la nature et l'étendue de ce désastre. Au cours des dix ans qui suivirent, je menai de front deux tâches en écrivant parallèlement Mondes en Collision1 et Le Désordre des Siècles, ce qui me réclama un effort titanesque.


Le Désordre des Siècles couvre largement la période concernée par Mondes en Collision : les 800 années comprises depuis l'Exode des juifs jusqu'à l'invasion de la Palestine par Sennachérib en 687 av. JC, et trois siècles et demi supplémentaires jusqu'à Alexandre le Grand, soit au total 1200 ans de l'histoire de l'Orient. A la différence du Mondes en Collision dédié à l'aspect matériel de cette période, Le Désordre des Siècles traite des aspects politiques et culturels. Et cette catastrophe naturelle gigantesque permet de reconstruire ici une nouvelle chronologie de l'histoire antique. J'ai analysé les archives d'un pays à un autre et d'une génération à une autre, en rassemblant allusions et indices, évidences et preuves.

Me trouvant dans l'obligation de les classer, j'ai écrit ce livre comme un roman policier : il est de notoriété publique que dans le travail d'un détective, les associations inattendues sont souvent construites sur d'infimes détails comme les empreintes digitales sur le comptoir d'un bar, un cheveu sur la tablette d'une fenêtre ou des allumettes dans les buissons. Des détails de nature archéologique, chronologique ou paléographique peuvent paraître insignifiants, mais ils représentent en fait les empreintes digitales laissées par l'histoire des nombreuses nations et générations impliquées. Ces récits ne sont pas inclus dans ce livre pour en rendre la lecture difficile, mais parce qu'ils sont nécessaires pour poser les bases de la thèse majeure de ce livre. Donc, toute tentative visant à lire cet ouvrage de façon superficielle sera stérile.


Après la publication de Mondes en Collision qui décrit les deux actes d'un drame céleste et terrestre ( restitué d'après la mémoire collective ), il eut été sage de ma part de renforcer ma position en poursuivant par une étude géologique et paléontologique des traces laissées par ces mêmes événements sur la terre. Ce fut donc une grande tentation de poursuivre la rédaction de Mondes en Collision afin de prouver encore et encore, et sous de nouveaux angles, que des cataclysmes se produisirent réellement et modifièrent en profondeur la lenteur de l'évolution naturelle, organique ou inorganique.


En fait, depuis la publication de Mondes en Collision, j'ai consacré mes efforts à mettre en ordre les preuves généalogiques et préhistoriques afin de renforcer l'évidence de la catastrophe cosmique. J'ai pu alors écrire Les Grands Bouleversements Terrestres sans me soucier de la tempête soulevée par mon premier livre.

Mais je constatai que les thèses présentées dans ce nouveau volume ne suscitaient pas un accueil favorable, ni même une simple lecture, en particulier de la part de ceux qui s'y opposaient le plus violemment. Etait-ce bien utile de fournir à la hâte d'autres preuves ? Après d'autres réflexions sur ma stratégie, je décidai d'écrire Le Désordre des Siècles que je considère majeur. Après avoir perturbé la complaisante tranquillité d'un groupe puissant d'astronomes et de scientifiques, je propose à présent un défi majeur aux historiens avec Le Désordre des Siècles. Ce travail leur posera autant de problèmes que Mondes en Collision en créa aux astronomes. Les historiens auront sans doute encore plus de difficultés psychologiques à revoir leur position face au nouvel ordre de l'histoire antique proposé ici. Un étudiant qui a suivi ce travail depuis les premières ébauches fut du même avis. Il admit n'avoir aucun argument solide contre cette reconstruction, mais convint qu'il était pour lui presque impossible, psychologiquement, de modifier des idées acquises au cours de dizaines d'années de lecture, d'écriture et d'enseignement.


La tentative de remodeler radicalement l'histoire du monde antique, soit 1200 ans de la vie de nombreux royaumes, sera sévèrement censurée par ceux qui, par leurs enseignements et leurs écrits, se sont déjà profondément impliqués dans la précédente conception de l'histoire. Nombre d'entre eux qui cherchent à imposer leur autorité, ne pourront croire qu'une vérité ait pu demeurer si longtemps cachée, ce dont ils déduiront par conséquent qu'elle ne peut pas être une vérité. Aurais-je du tenir compte des propos abusifs dont fit preuve un groupe de scientifiques en me condamnant en même temps que Mondes en Collision ?

Incapables de prouver que Mondes en Collision contenait des erreurs, ou que les documents cités étaient faux, les membres de ce groupe se permirent des colères indignes d'un statut de scientifique. Ils arrachèrent le livre de mon premier éditeur en menaçant de boycotter toute sa production scolaire. Et, alors que Mondes en Collision était déjà sous presse, l'éditeur avait consenti à le soumettre à la censure de trois éminents scientifiques qui l'avaient approuvé. Quand le nouvel éditeur reprit le livre, le même groupe usa des mêmes menaces pour l'en empêcher. Ils obtinrent même le renvoi d'un scientifique, ainsi que celui d'un directeur littéraire qui prenait ma défense. En conséquence, de nombreux membres des facultés académiques furent contraints à la clandestinité pour lire Mondes en Collision et correspondre avec son auteur.


Les gardiens du dogme furent et sont toujours vigilants pour écraser un nouvel enseignement par des exorcismes et non par de réels motifs. Mais voici une règle simple qui permet de savoir si oui ou non un livre est une imposture : jamais dans l'histoire des sciences une oeuvre frauduleuse n'a soulevé une telle tempête parmi les scientifiques. Comme toujours lorsqu'une nouvelle idée révolutionnaire a été proposée. A présent, aucun chapitre de Mondes en Collision ne requiert d'être corrigé, ni aucune de ses thèses révoquée.


Les changements proposés dans Le Désordre des Siècles sont totalement stupéfiants.


Je réclame le droit à l'erreur dans les détails et accueille chaleureusement la critique constructive. Cependant, avant de proclamer que la structure entière de l'oeuvre doit s'effondrer parce qu'une objection peut être faite contre un point ou un autre, le contestataire devra peser soigneusement ses arguments vis à vis de l'ensemble du schéma, les étayant de toutes les preuves nécessaires. L'historien qui focalise son attention sur la remise en cause d'un détail, au point de négliger l'oeuvre dans son ensemble et d'ignorer les nombreuses évidences qui la soutiennent, fera simplement la démonstration de son étroitesse d'esprit dans son approche de l'histoire. Il sera semblable au « savant consciencieux », le professeur Twist en expédition avec sa femme dans la jungle sur les rives de l'Ogden Nash. Un jour, un guide l'informa qu'un alligator avait mangé sa femme. Le professeur ne put s'empêcher de sourire : « Vous voulez dire un crocodile ? ».


Je crois que les preuves réunies dans Le Désordre des Siècles garantissent la reconstruction historique proposée.


Tôt ou tard, et peut être demain, de nouvelles découvertes archéologiques confirmeront la thèse principale de ce livre. Il deviendra alors incontournable, même au plus paresseux des lecteurs pour lequel seule une prophétie déjà réalisée est un argument valable.


La récente découverte de textes bilingues ( hébreu ancien et pictogrammes hittites ) et par conséquent d'une clé pour traduire les textes indéchiffrables d'Asie Mineure et de Syrie, permet d'espérer la révélation de faits extrêmement intéressants.

N'est-ce pas l'occasion de constater qu'une idée neuve est tout d'abord jugée fausse, et qu'ensuite, lorsqu'elle est acceptée, n'est plus considérée comme neuve ?


Immanuel Velikovsky



Introduction



Ceci n'est pas une narration historique au sens usuel du terme. C'est une suite de chapitres dont chacun est similaire à un procès où des témoins conduits à la barre doivent réfuter une vieille théorie et certifier l'exactitude d'un nouveau concept de l'Histoire antique.

En effet, l'ancienne Histoire de l'humanité, jamais contestée jusqu'à présent, est mise en accusation et une reconstruction nouvelle est présentée. La période concernée couvre plus de 1000 ans et se termine avec l'arrivée d'Alexandre le Grand.


Quand la perspective historique est déformée, des choses étonnantes se produisent : imaginez ce qui se passerait si on étudiait l'histoire de l'Europe et des Etats-Unis avec un décalage de 600 ans dans les dates anglaises ! L'Europe et l'Amérique se trouvant par exemple en l'an 1940 alors que la Grande Bretagne serait en... 1341. Du coup, le Winston Churchill de 1341 n'aurait pas pu visiter l'Amérique puisque Christophe Colomb ne la découvrit qu'en 1492. Il aurait donc visité un autre pays ( dont la localisation serait un sujet de querelle d'étudiants ) et y aurait rencontré le chef du gouvernement.

Un autre chef d'état américain ( et plus le Franklin Roosevelt de Washington ) aurait vécu dans l'histoire comme cosignataire d'une charte avec le Churchill de Grande Bretagne en 1341. Mais comme les registres américains ont parlé d'un Churchill traversant l'océan au début des années quarante du XXe siècle, l'histoire britannique aurait également mentionné un Churchill II, 600 ans après le premier. Cromwell se serait dédoublé grâce au même procédé. Il aurait vécu 300 ans avant Winston Churchill mais aussi 300 ans après lui, autrement dit 300 ans avant Churchill II.


On se serait battu deux fois lors de la Première Guerre mondiale ainsi que de la Seconde. Après 575 ans, la Première Guerre mondiale ( dans sa seconde version ) aurait succédé à la Seconde Guerre dans sa première version.

Dans la même veine, le développement de la Constitution, la vie culturelle, les progrès de la technologie et des arts apparaîtraient chaotiques. Newton en Angleterre, au lieu de suivre Copernic, en serait devenu l'ancêtre. Jeanne d'Arc aurait vécu l'ancienne tradition des suffragettes de l'ère post-victorienne  deux fois à 600 ans d'intervalle  confusion grandissante de l'histoire, elle aurait dû faire face aux mêmes risques pour souffrir de la même mort quelques siècles avant le nôtre.


Dans le cas présent, non seulement les îles britanniques auraient eu leur histoire dédoublée et déformée, mais l'histoire du monde entier aurait subi le même sort. Naturellement, cela aurait soulevé des difficultés mais elles auraient été balayées comme des exceptions. Des théories compliquées auraient été proposées et discutées. Si elles avaient été acceptées, elles seraient devenues elles-mêmes de nouveaux et puissants obstacles à une perception correcte de l'histoire.


L'histoire antique est déformée de la même manière : la synchronisation perturbée transforme de nombreux personnages historiques en « fantômes » ou en « moitiés » et en « doubles ». Souvent même, des événements sont dupliqués  de nombreuses batailles deviennent des ombres  eux-mêmes des fantasmes.


C'est l'histoire égyptienne qui comporte l'erreur principale  son ancienneté la coupa de tout contact réel avec les histoires des autres peuples. Et c'est à partir des annales égyptiennes que les peuples d'Assyrie, de Babylone et de Médie relatèrent les événements où ils furent confrontés à l'Egypte  sources conservées par ces autres peuples que l'histoire égyptienne reprit, pour la seconde fois, la description des mêmes événements. C'est ainsi que l'histoire de l'Assyrie, de Babylone et de Médie furent perturbées et gâchées  « l'empire hittite » est entièrement inventée  la période mycénienne est déplacée, la période précédant Alexandre est lacérée  les guerriers Spartes et Athéniens, y compris les plus célèbres, apparaissent une fois de plus dans les pages de l'histoire comme des envahisseurs archaïques issus des brumes du passé.


Rétablir la chronologie exacte de l'histoire des peuples antiques est excitant. Sous un nouvel éclairage, on peut voir comment de nombreux documents, présentés dans une perspective historique incorrecte, sont mal interprétés. On lira ainsi l'histoire des plaies d'Egypte du temps de l'Exode racontée par un témoin oculaire égyptien et préservée sur un papyrus.

On sera capable d'établir l'identité des mystérieux Hyksos. On pourra également indiquer le site de leur forteresse Auaris, probablement la forteresse la plus importante de l'ancien temps.

On lira le récit que fit la reine de Saba de son voyage à Jérusalem à l'époque de Salomon. On verra des illustrations représentant ce voyage ainsi que les habitants, animaux et même les plantes palestiniennes.

On aura sous les yeux des photos de la vaisselle, des meubles et des ustensiles du Temple de Salomon, gravés dans les bas-reliefs, par un artiste contemporain.

Suivront ensuite des lettres écrites par les rois juifs de Jérusalem, Jehoshaphat et Achab, le pécheur de Jézabel, ainsi que des lettres signées par des chefs militaires dont nous connaissons les noms grâce aux textes bibliques.


La révision des histoires égyptienne, assyrienne et babylonienne ainsi que celle de la Grèce antique provoque des conséquences d'une envergure plus extraordinaire encore. La chronologie modifiée, sans altérer l'ordre des événements vécus par les Hébreux, enrichit considérablement leurs récits. La durée de l'histoire de l'Egypte puis celle de Babylone, de l'Assyrie, de la Médie, de la Phénicie, de la Crète et de la Grèce, en est modifiée. Le monde antique restructuré présente ainsi des architectures correctement ordonnées dans le temps et l'espace. Et on se rend compte que des rois furent transformés en leurs propres arrière, arrière petits-fils. On décrivit des empires chimériques et on ouvrit des musées afin d'exposer les oeuvres d'art issues de royaumes qui n'ont jamais existé : ces objets d'art datant d'un autre siècle, ou même d'un autre millénaire. C'est le cas de l'empire Hittite et de son art. C'est le cas du peuple Hurrian et de sa langue.


Des universitaires, après de laborieux efforts, ont enregistré des réussites en ignorant leur véritable nature. La langue chaldéenne fut déchiffrée sans que les linguistes réalisent qu'ils lisaient du chaldéen  de nombreux manuels concernant la langue carienne furent rédigés sans que les habiles philologues sachent que c'était du carien.

Quand les faits sont remis à leur place exacte dans l'histoire, une brève introduction ne permet pas de mettre en exergue tout ce qui apparaît alors dans de nouvelles perspectives. Quand les gonds de l'histoire mondiale sont déverrouillés, les faits concernant peuples et pays, leur art et leur religion, leurs batailles et leurs trahisons affluent comme d'une corne d'abondance.


Ce livre a sans doute omis de citer quelques réalités et autant d'analogies, mais un travail de pionnier peut difficilement éviter ce genre de défaut.


Chronologie de l'Egypte

par les historiens « classiques »




- 5000 à - 3000 Préhistoire égyptienne

- 3000 à - 2700 Epoque Thinite

- 3000 à - 2900 Ière dynastie

- 2900 à - 2700 IIe dynastie

- 2700 à - 2200 Ancien Empire

- 2700 à - 2600 IIIe dynastie

- 2600 à - 2500 IVe dynastie

- 2500 à - 2400 Ve dynastie

- 2400 à - 2200 VIe dynastie

- 2200 à - 2060 Période Intermédiaire N°1

- 2200 à - 2150 VIIe et VIIIe dynastie

- 2150 à - 2100 IXe dynastie

- 2100 à - 2060 Xe dynastie, début de la XIe

- 2060 à - 1785 Moyen Empire

- 2060 à - 2000 fin XIe dynastie

- 2700 à - 1785 XIIe dynastie

- 1785 à - 1580 Période Intermédiaire N°2

- 1785 à - 1730 XIIIe dynastie et XIVe dynastie

- 1730 à - 1680 XVe dynastie et XVIe dynastie des Hyksos

- 1680 à - 1580 XVIIe dynastie vassaux des Hyksos

- 1580 à - 1070 Nouvel Empire

- 1580 à - 1300 XVIIIe dynastie avec les 4 Aménophis, dont Akhenaton, les 4 Touthmosis et Toutankhamon.

- 1300 à - 1200 XIXe dynastie avec les Ramsès I et II

- 1200 à - 1070 XXe dynastie avec les Ramsès III à XI

- 1070 à - 715 Période Intermédiaire N°3

- 1070 à - 950 XXIe dynastie

- 950 à - 730 XXIIe et XXIIIe dynasties libyennes

- 730 à - 715 XXIVe dynastie

- 715 à - 656 XXVe dynastie éthiopienne

- 656 à - 332 Basse Epoque

- 656 à - 525 XXVIe dynastie saïte

- 525 à - 404 XXVIIe dynastie perse

- 404 à - 343 XXVIIe à la XXXe: fin des rois égyptiens

- 343 à - 332 domination perse puis Alexandre

- 332 à - 30 Epoque Grecque

- 30 à 395 Epoque Romaine

395 à 617 Epoque Byzantine et interdiction de ren­dre un culte à Amon et aux autres dieux et déesses égyptiens. Début de l'Islam.




~ chapitre 1 ~


A la recherche d'un lien

entre l'histoire de l'Egypte

et celle d'Israël



~ Deux terres et leur passé

La Palestine et l'Egypte sont des pays voisins. L'histoire de l'Egypte remonte à l'antiquité la plus reculée. Quant au peuple Juif, il possède un récit qui ambitionne de décrire la naissance même de sa nation ainsi que son parcours à travers les siècles. D'après ce texte, à l'aube de leur histoire, les Israélites, une simple tribu nomade, migrèrent de Canaan en Egypte où ils se multiplièrent et formèrent un peuple. C'est en Egypte également qu'ils furent soumis à l'esclavage. Leur fuite mouvementée demeure pour eux un souvenir inestimable : leur tradition la cite un nombre incalculable de fois.


D'après les textes égyptiens, aucune trace du séjour des Israélites, ni de leur départ, ne subsiste. Nul ne sait quand l'Exode survint, ni même s'il se produisit vraiment. Selon certains scientifiques, le séjour des Israélites, leur esclavage et leur fuite sont des récits purement mythologiques. L'absence de référence directe à ces événements, que ce soit sur les monuments, ou les papyrus égyptiens, semble en effet confirmer cette théorie. On lui opposa cependant qu'aucun peuple n'inventerait des légendes d'esclavage destinées à nuire au prestige de la nation et que ce récit devait donc posséder une base historique. Les historiens sont divisés sur la date de l'Exode. De nombreuses hypothèses ont été proposées. Depuis plus de 2000 ans cependant, on admet que l'Exode eut lieu durant la période nommée selon l'actuelle terminologie : « le Nouvel Empire » égyptien. L'histoire égyptienne est divisée de la manière suivante :


1 ) La période prédynastique située au néolithique ou à la fin du dernier Age Glaciaire.


2 ) L'Ancien Empire qui vit la construction de la plupart des pyramides : celle de Khéops sous la IVe dynastie, celle de Phiops sous la VIe, qui sont parmi les plus célèbres.


3 ) Durant le premier interrègne, ce fut le chaos : au cours de cette sombre période, l'autorité centrale fut abolie. On ne connaît donc pratiquement rien de la VIIe à la Xe dynastie.


4 )Le Moyen Empire suivit. Il inclut les XIe, XIIe et XIIIe dynasties. C'est sous la XIIe dynastie que l'Egypte féodale fut unifiée. La littérature égyptienne atteignit alors son apogée.


5 ) Vint ensuite une période de désordre qui fut exploitée par des envahisseurs appelés par les Egyptiens Amu, et Hyksos par les auteurs Grecs2. Les rois Hyksos furent les Pharaons de la XIVe à la XVIIe dynastie et leur règne fut impitoyable3. On ne sait pas quelle était leur race.


6 ) Sous le Premier Empire, ils furent expulsés par Ahmôsé ( Amosis I ) qui fonda la XVIIIe dynastie, la plus intéressante de toutes. Elle comprenait la dynastie de Touthmosis I  célèbre reine Hatchepsout  plus grand des conquérants égyptiens  II ; Touthmosis IV  des magnifiques temples de Louxor et Karnak  IV que se fit appeler Akhenaton, le fameux hérétique. Leurs descendants suivirent  fut le jeune roi Toutankhamon, non pas qu'il se soit distingué par son règne, lequel fut obscur, mais grâce à la richesse de son tombeau découvert au début du XXe siècle et au mystère qui entoure le lieu de sa sépulture. Les conditions du déclin de la XVIIIe dynastie sont peu connues. L'histoire rapporte qu'elle fut suivie par la XIXe dynastie, celle de Séti le Grand, de Ramsès II ( le Grand ) et de Merenptah. Mais la période de transition entre la XIXe et la XXe dynastie reste confuse. Ramsès III fut le plus important des rois de la XXe dynastie et le dernier grand empereur de l'ancienne Egypte.



7 ) Les pharaons de la XXVe à la XXXe dynastie furent de petits rois qui n'enregistrèrent rien d'important. Leur époque est appelée la « Basse époque ». On rapporte que certains d'entre eux conduisirent des armées contre la Palestine et Babylone  généralement pas égyptiennes mais pour la plupart scripturaires. Certaines de ces dynasties furent libyennes ou éthiopiennes  - 525 ) d'autres se trouvèrent sous la domination perse  contre les Perses. Le dernier roi autochtone fut déposé par les Perses en - 342. Dix ans plus tard, en - 332, l'Egypte fut conquise par Alexandre le Grand.



8 ) La dynastie ptolémaïque, issue de Ptolémée qui fut un Général d'Alexandre, expira avec Cléopâtre en - 40.


Ce livre couvre la période allant de la fin du Moyen Empire à la conquête de l'Egypte par Alexandre ( voir les paragraphes 5, 6 et 7 ci-dessus ), soit plus de 1000 ans d'histoire du Moyen Orient. On peut observer, à juste titre, que la division en « Empires » est une formule récente4; le répartition en dynasties provient de Manéthon, un prêtre égyptien du IIIe siècle av. JC, qui écrivait en grec : ce sont les universitaires modernes qui jugèrent bon de nommer les empires : « premier », « deuxième » et « troisième ».


On dit que le Nouvel Empire fut constitué vers - 1580 ( lors de l'expulsion des Hyksos sous Kamôsé et Ahmose )  selon toute vraisemblance, Akhenaton régna de - 1375 à - 1358  de - 1300 à - 1234  partir de cette dernière année. Ramses III de la XXe dynastie débuta son règne en - 1200 ou quelques années plus tard. On considère ces datations très importantes pour établir le moment de l'Exode.


Selon la tradition, à partir de l'Exode, l'histoire d'Israël se répartit ainsi : tout d'abord, 40 années de nomadisme dans le désert, ensuite environ 400 ans couvrant la période de Josué, des Juges et de Saül, le premier roi, et enfin l'époque des rois de la Maison de David. A partir de - 1000, David constitua son royaume qui demeura unifié durant une centaine d'années environ sous les règnes de Saül, David et Salomon.

A l'époque des héritiers de Salomon, il fut divisé en deux : Israël au nord et Juda au sud. Vers - 722, après la capture de leur capitale Samarie par Sargon II d'Assyrie, les Dix Tribus d'Israël furent exilées et ne revinrent pas. En - 587 ou - 586, le peuple de Juda, après la destruction de sa capitale Jérusalem par Nabuchodonosor, fut expatrié à Babylone d'où quelques groupuscules de nationaux purent revenir après que la capitale eut été envahie par Cyrus le Perse. D'autres groupes retournèrent en Palestine au cours du siècle suivant. Et Alexandre le Grand, en route pour l'Egypte, conquit la Palestine en - 333.


Malgré la proximité de l'Egypte et de la Palestine, « l'Egypte en vérité fournit singulièrement peu de témoignages en accord avec les récits bibliques5». Les Ecritures parlent du séjour d'Israël en Egypte et de l'Exode mais on ne trouva aucun document égyptien attestant ces faits. A l'époque des Juges, aucune mention biblique n'est faite de l'Egypte. Et cependant, au temps des Rois, la Palestine fut souvent en contact avec l'Egypte - car elle était attaquée par les armées des Pharaons, campagnes que les pharaons du Xe au VIe siècle ne se donnèrent même pas la peine de mentionner.


On trouve étrange que durant plusieurs centaines d'années, aucun lien réel n'ait existé entre les histoires d'Egypte et de Palestine. Au moins, l'Exode des Israélites devrait faire partie des deux récits et fournir ainsi un lien entre eux. Il nous faudra donc déterminer à quelle date il s'effectua. Ou bien l'Exode précéda David de 100 ou 200 ans, ou alors de 300, 400 ou 500 ans. Tout dépend de la durée de l'errance dans le désert et du temps des Juges. En d'autres termes, si les Israélites ont quitté l'Egypte au XVIe, XVe, XIVe, IIIe ou IIe siècle, l'événement se produisit sous le Nouvel Empire. Aucun doute à ce sujet. Cependant, les universitaires se demandent toujours sous quel roi du Nouvel Empire placer l'Exode. Bien que les documents historiques officiels de l'Egypte n'aient fourni aucune précision, ainsi que je l'ai noté plus haut, certains détails prêtent à discussion.

~ Quelle est la date historique de l'Exode ?

La théorie la plus ancienne situe l'Exode à la date la plus récente : on assimila les Israélites aux Hyksos et l'Exode fut confondu avec l'expulsion des Hyksos, lesquels, selon Manéthon, le prêtre cité plus haut, gagnèrent ensuite la Syrie et construisirent Jérusalem6.

Flavius Josèphe, l'historien juif du Ier siècle, bien que critiquant les opinions d'Apion le grammairien et de Manéthon ( sa propre source ) accepta néanmoins et soutint l'idée que les Israélites étaient les Hyksos. Jules l'Africain, l'un des Pères de l'Eglise, se référant à Apion, nota qu'au temps d'Ahmose, les juifs, guidés par Moïse, se révoltèrent7. Un autre Père de l'Eglise, Eusèbe, qui fit dans son canon l'éloge de Cenchéres, l'un des dernier rois de la XVIIIe dynastie ( dont on ignore l'identité ), écrivit : « Vers cette période, Moïse conduisit les Juifs dans leur fuite hors d'Egypte8». Après 1900 ans, ces différentes positions sont d'actualité bien que les scientifiques n'aient pas toujours conscience de poursuivre une ancienne controverse. La négligence des sources chrétiennes primitives paraît excusable : Augustin ne fait-il pas de Moïse et Prométhée des contemporains9?


La similitude des Israélites et des Hyksos10 fut fréquemment reconnue mais rejetée encore plus souvent. Aujourd'hui, certains historiens maintiennent que l'Exode se produisit au début de la XVIIIe dynastie. Pour eux, ce récit n'est rien de plus que l'écho de l'expulsion des Hyksos11. Mais en observant l'esclavage des Israélites en Egypte et celui des Egyptiens sous les Hyksos, il paraît évident qu'assimiler les esclaves martyrisés aux cruels tyrans fut une hypothèse outrée. On proposa donc une variante : selon cette nouvelle théorie, la nation Israélite ne séjourna jamais en Egypte, ce sont les Hyksos qui, en revanche, s'y établirent avant leur départ. On ajouta que les Israélites, ayant eut connaissance des traditions de ce peuple étrange, les adaptèrent aux événements de leur propre passé.


Mise à part l'incongruité d'identifier les Hyksos aux Israélites et les tyrans aux opprimés, une difficulté de plus surgit, due au fait qu'aucun moment favorable ne se présenta aux Israélites fuyant l'Egypte, pour envahir la Palestine qui se trouvait alors occupée par des rois puissants, les pharaons successeurs d'Ahmose. On utilisa le même argument pour soutenir que l'Exode se produisit en - 1580, date de l'expulsion des Hyksos :


« Si l'expulsion des Hyksos est trop éloignée de l'Exode, où donc pouvons-nous trouver dans l'histoire de la puissante XVIIIe dynastie, un moment disponible pour un événement qui, selon l'Exode, présuppose une Egypte affaiblie aux prises à des troubles internes, et ce jusqu'au règne d'Akhenaton ?12».


A l'époque où régnaient les pharaons dans toute leur puissance, il fut impossible aux Israélites d'entrer en Palestine  joug de l'esclavage sous des pharaons tout aussi importants ?


De nombreux érudits pensent qu'une autre époque offre la clé permettant de préciser la date de l'Exode. Au XIXe siècle dans la vallée du Nil, en un lieu nommé Tell el-Amarna, les archéologues mirent au jour des tablettes d'argile contenant une correspondance datée de l'époque d'Aménophis III et de son fils Akhenaton. Certaines d'entre elles étaient des lettres anxieuses provenant de Jérusalem ( Urusalim ). Elles avertissaient le pharaon de l'invasion des « Habiru ( Khaburu)13» arrivant de Transjordanie.

En admettant que les Habiru soient les Hébreux, cela place ipso facto l'Exode une ou deux générations plus tôt14. La Bible rapporte en effet ( I Rois 6:1 ) que le Temple de Salomon fut construit 408 ans après l'Exode, ce qui pointe le milieu du XVe siècle. On fixe parfois la date de l'Exode à - 1447. Cette année correspondrait au règne d'Aménophis II, et les invasions de la Palestine en - 1407 coïncideraient avec l'époque des lettres d'el-Amarna.


Les résultats des fouilles de Jéricho apportèrent la preuve de l'agression des Hébreux par les Habiru. Les murs de l'antique cité révélèrent des traces de tremblements de terre et des signes d'incendie que les archéologues datèrent d'environ - 1407, c'est-à-dire l'époque de la correspondance d'el-Amarna15. Ce séisme pourrait avoir causé la chute des murs de Jéricho assiégé par les Israélites après qu'ils eurent traversé le Jourdain.


On tenta d'aménager ces deux propositions : d'une part, Israël quitta l'Egypte au moment de l'expulsion des Hyksos et atteignit la Palestine, comme le firent les Habiru, sous le règne d'Akhenaton. Mais cette hypothèse nécessite plus de 200 ans de nomadisme dans le désert, au lieu des 40 ans cités par les Ecritures, ce qui la rend hautement improbable16. D'autre part, un Exode sous Aménophis II ne présente pas ce genre de difficulté et pourrait donc convenir à la chronologie de la Bible. Néanmoins, selon les égyptologues, cette même époque ne semble pas du tout adaptée à une telle aventure : « Les égyptologues estiment en effet que parmi toutes les théories proposées, celle qui consiste à placer l'Exode sous le règne d'Aménophis II, afin qu'il coïncide avec les dates traditionnelles, semble la moins probable17».


On mit également l'accent sur le fait que la Palestine fut assujettie à l'Egypte jusqu'aux désordres de - 1358 qui mirent fin au règne d'Akhenaton : « Durant sa conquête, Josué ne rencontra pas d'opposition égyptienne18». La fin du règne d'Akhenaton et la clôture de la XVIIIe dynastie sous Toutankhamon et Aye19 augurèrent une période favorable pour la rébellion et la fuite des esclaves. On ne trouve aucune référence pouvant être interprétée comme l'ombre d'un Exode au cours de l'interrègne situé entre la XVIIIe et la XIXe dynastie. Seul une situation dramatique, qui aurait permis un Exode, favorise cette hypothèse.

L'idée fit son chemin dans l'esprit de Sigmund Freud, qui, à la suite de certains historiens20 tenta de démontrer que Moïse fut un prince égyptien, pupille d'Akhenaton, lui-même fondateur de l'idéal monothéiste. Au terme de son règne, quand son schisme fut condamné, Moïse sauva ses enseignements en les transmettant aux esclaves et s'enfuit d'Egypte avec eux. Une autre théorie fait remonter la date de l'Exode à une période ultérieure : la stèle de Merenptah en est la pierre angulaire. Ce roi de la XIXe dynastie a dit de la Palestine « c'est une veuve » et que « la semence d'Israël est détruite ». On considère ce texte comme la première mention d'Israël dans un document égyptien  Merenptah ne périt pas noyé, il ne subit pas une débâcle, mais, de toute évidence, il infligea une défaite à Israël et ravagea la Palestine.

La tradition israélite ne relate pas ces circonstances, mais, puisqu'il s'agit de la première mention d'Israël, on considère Merenptah comme le Pharaon de l'Exode environ - 1220 ), et Ramsès II, son prédécesseur comme celui de l'oppression21.

Cependant, d'autres érudits pensent que la présence du peuple d'Israël en Palestine non seulement ne confirme pas, mais réfute l'idée que Menerptah fut le Pharaon de l'Exode22. Comment aurait-il pu en être témoin et guerroyer en même temps contre Israël en Palestine ?


On mit en exergue un nouvel obstacle concernant la date de l'Exode sous Merenptah. Si ce dernier fut vraiment le pharaon de l'Exode, les Israélites entrèrent en Palestine une génération plus tard, entre - 1190 et - 1180 au moins. Sous cet angle, un siècle seulement demeure alors disponible pour les événements décrits dans les Juges : « Jusqu'ici, situer l'Exode sous le règne de Merenptah ( 1220 av. JC ) fut généralement considéré comme une simple supposition  date trop tardive23».


D'autres scientifiques soutinrent que l'Exode se produisit par vagues successives24. Une combinaison des « spéculations Habiru » et des « théories de Merenptah » situe les événements dans l'ordre suivant : « Quand les Hébreux entrèrent en Canaan, les Israélites se trouvaient encore en Egypte... Tous les Israélites étaient des Hébreux, mais tous les Hébreux n'étaient pas des Israélites. En conséquence, alors que les Israélites des tribus de Jacob vivaient en Egypte, d'autres tribus Hébraïques cognaient aux portes de Canaan25». Certains académiciens conciliants proposèrent même la solution suivante : « Quelques Hébreux restèrent en Egypte après l'Exode de l'ensemble d'entre eux26». Plus tard encore, Ramsès III de la XXe dynastie conduisit une guerre contre les Pereset ou Peleset en Palestine. On les assimila aux Philistins. Dans la mesure où les rapports détaillés de ces batailles ne mentionnent pas les Israélites, nombre d'érudits supposent qu'ils n'étaient pas encore arrivés en Palestine. On croit qu'ils ont quitté l'Egypte sous Merenptah ( bien que sa stèle signale qu'Israël était alors déjà en Canaan ) mais ils ne précédèrent pas en Palestine les envahisseurs philistins, auxquels Ramsès III fit la guerre27. En conséquence, on place l'invasion de la Palestine par les Philistins environ 50 ans après l'Exode et quelques années avant la conquête de Canaan par Israël.


Le fait que les Israélites aient atteint la Palestine sous le règne de Merenptah ou, plus improbable encore, sous celui de Ramsès III après sa campagne en - 1186, ne laisse aucun espace de temps disponible pour les événements situés sous les Juges. Ceux-ci guidèrent le peuple durant les 400 ans précédant Saül et David ( - 1000 ). Une école d'historiens argumenta en faveur de la théorie suivante : « L'arrivée... n'a pu s'effectuer qu'après la dernière guerre des Egyptiens par Rameses ( Ramsès ) III, 1186 av. JC. Ce qui laisse peu de place à l'incertitude28».

Des considérations archéologiques soutinrent ce point de vue. On prétendit que les fouilles de Bethel en Palestine « démontrent l'occupation continue des autochtones jusqu'à la conquête des Israélites à partir de - 1200 ». On en conclut donc « qu'aucune date plus reculée ne pouvait être envisagée29» pour l'invasion de la Palestine par Israël.


Les désaccords s'accentuèrent. On estima la date de l'Exode sous le règne de Merenptah « incroyablement tardive » puis un universitaire défia tous ses confrères en avançant l'hypothèse que les Israélites « ne sortirent pas », mais « entrèrent en » Egypte à l'époque de Merenptah30. Durant ce règne, en effet, des Asiatiques passèrent la frontière et furent enregistrés comme immigrants par les autorités.


L'expulsion des Hyksos, l'invasion des Habiru, la défaite d'Israël sous Menerptah, ce sont les trois événements qui servent de base aux diverses écoles d'historiens pour appuyer leurs théories respectives. Chaque groupe souligne les distorsions que se permettent ses rivaux : 200 ans dans le désert détruit une théorie  la période des Juges en sape une autre, et ainsi de suite. Chacune d'entre elles doit surmonter le même et unique obstacle : « Quel que soit le système chronologique raisonnablement avancé, la date de l'invasion et de la colonisation d'Israël tombe dans la période située entre [ 1500 et 1100 avant notre ère ] alors que le pays se trouvait dirigé par l'Egypte en tant que partie essentielle de son Empire Syrien31».


Mais s'il en est ainsi, comment les Israélites parvinrent-ils à quitter l'Egypte, et, l'ayant quittée, comment réussirent-ils à entrer en Palestine ?

De plus, pourquoi les Livres de Josué et des Juges, qui couvrent 400 ans ont-ils ignoré la domination égyptienne et, en vérité, pourquoi n'ont-ils pas du tout mentionné l'Egypte ?

On parvint à expliquer pourquoi Israël avait quitté l'Egypte sous la domination de puissants pharaons, mais on ne découvrit aucune raison à l'étrange silence des Livres de Josué et des Juges. Les Pharaons étaient très influents, et l'Exode ne fut sans doute que le simple passage quotidien de Bédouins à la frontière égyptienne. Quand la sécheresse poussa les Israélites vers la frontière, ils y furent accueillis mais durent travailler au bénéfice de l'Etat pour payer l'hospitalité dont ils jouirent ainsi que leurs troupeaux. Quand ils quittèrent l'Egypte, un officier leur délivra une autorisation, et il se peut qu'il en ait pris note, mais c'était un événement trop insignifiant pour être inscrit sur un monument : « Dans l'histoire de cette période, l'Exode fut apparemment un fait journalier banal, si mineur en vérité que l'Egypte, la nation la plus concernée après les Juifs eux-mêmes, ne prit jamais la peine d'en parler32». « On doit simplement garder à l'esprit ce que cet événement signifie, ou plutôt, ce qu'il ne signifie pas pour l'Egypte33». Si ce point de vue s'avère exact, les archéologues ne peuvent guère espérer trouver en Egypte un parallèle au Livre de l'Exode, et les historiens n'ont aucune base pour situer la date d'un événement dénué de signification. Si les égyptiens ne se soucièrent pas de noter le départ des Israélites, la recherche de ce qui passa inaperçu aux yeux des contemporains, ne peut que représenter une perte de temps et d'effort.


~ Plaies et présages

Selon la Bible en revanche, le départ d'Egypte ne fut pas un fait banal mais plutôt un événement rarissime accompagné de violents bouleversements de la nature. De graves signes et des mauvais augures précédèrent l'Exode : des nuages de poussière et de fumée obscurcirent le ciel  rouge sang. La poussière écorcha la peau des hommes et des bêtes  de vermines et de reptiles se mirent à pulluler et envahirent aussi bien l'air que les terres  blessées par le sable et les cendres sortirent du désert et s'approchèrent des maisons. Une pluie terrible de grêlons tomba et un feu sauvage courut sur le sol  souleva des essaims de sauterelles  soufflèrent vague après vague, jour et nuit, nuit et jour, l'obscurité provoqua une nuit prolongée et sa noirceur éteignit toute lumière. Alors vint la 10e plaie, la plus mystérieuse : l'Ange du Seigneur « passa au-dessus des maisons des enfants d'Israël (...) frappa les Egyptiens et épargna nos demeures » ( Exode 12:27 ). Les esclaves, sauvés par l'Ange de la Destruction, implorèrent au milieu des larmes et des gémissements l'autorisation de fuir cette terre la nuit même. Aux lueurs grises de l'aube, la multitude se mit en mouvement, laissant ici des champs roussis et des ruines là où quelques heures auparavant se trouvaient des habitations urbaines et rurales. Les érudits proposent deux interprétations du récit des plaies décrites dans la Bible34. D'une part, ils le tiennent pour un conte de fée35, d'autre part, après avoir sorti l'histoire de son contexte et l'avoir analysée, ils découvrirent qu'à l'origine, la légende racontait la mort d'un prince de sang royal, et que le décès d'une seule personne fut ensuite assimilé à tous les premier-nés36. Plus tard, d'une plaie on en fit trois, mais les conteurs toujours insatisfaits, continuèrent à dérouler leur histoire jusqu'à obtenir un récit en 10 épisodes. On peut discerner avec précision la paternité des « Elohistes » et des « Yahwistes » :


« Aucune légende n'a de vérité historique à sa source. Les plaies furent tardivement substituées à des miracles ultérieurs. Cependant, il n'y eut jamais de miracle nulle part37. Et, dès lors que ni les plaies, ni les miracles n'ont de fondement historique, aucune conclusion ne peut être tirée concernant la date de l'Exode38».


Après une analyse purement réaliste, on découvrit la technique intelligente des narrateurs : « Selon les érudits : la grêle ne détruisit que le lin et l'orge, car ils étaient déjà mûrs, le blé et le seigle qui arrivaient à maturation plus tard furent épargnés. Cette astuce fut ajoutée afin que la plaie suivante laisse aux sauterelles quelque chose à dévorer : etwas zu fressen haben39». La maîtrise de ces conteurs inventifs fut parfois prise en défaut, ainsi que le démontre l'histoire des furoncles : « les furoncles ne se répandent pas dans l'air comme les cendres, et cependant... Moïse fut chargé de faire jaillir les cendres de la fournaise et ''d'en arroser le ciel''40».


L'autre interprétation s'efforça de donner aux plaies une explication naturelle  printemps que souffle le sirocco  aussi appelé khamsin, signifiant « cinquante » car ce souffle du désert soulève des nuages de poussière 50 jours par an. Nous avons des images du ciel obscurci quand souffle le khamsin. Le vent du désert peut aussi soulever des nuages de sauterelles  alors le ciel comme un écran, si bien que durant leur passage, le disque solaire est obscurci. Les touristes connaissent bien le ton brunâtre des eaux du fleuve, surtout avant ses crues. On décrivit par ailleurs en détails certaines observations intéressantes faites auprès des cataractes du Nil41.

Des auteurs respectés étudièrent attentivement insectes, mouches et grenouilles de l'Egypte contemporaine. Ils insistèrent sur le fait que l'ordre des plaies décrit dans le Livre de l'Exode est exactement similaire à l'ordre des inconforts annuels provoqués par le climat et les insectes sous le règne des Turcs, et que cela reste largement identique aujourd'hui. L'étude du problème posé par les plaies d'Egypte conclut à leur répétition annuelle. Ce n'est donc pas surprenant qu'elles n'impressionnèrent pas plus les Egyptiens que les arrivées et les départs réguliers de quelques Bédouins avec leur troupeaux.

Au cours de centaines d'années, des milliers d'érudits ont dû s'incliner devant l'histoire des plaies. Pieux, ils ne posèrent pas de questions  que les merveilles racontées dans le récit n'étaient que des événements ordinaires  nièrent l'histoire, l'expliquant comme un mythe d'origine relativement récente.


Le Livre de l'Exode décrit la poursuite des Israélites par l'armée du roi qui regrettait leur fuite. C'est alors qu'ils furent pris en étau entre les montagnes et la mer. La nuit fut effrayante. Un lourd nuage obscurcissait le ciel strié d'éclairs incessants. Un ouragan fit rage toute la nuit et à l'aube la mer fut fissurée, les eaux déchirées par un double courant de force gigantesque. Les esclaves traversèrent  mais les eaux refluèrent et les Egyptiens périrent noyés avec leur roi. On tenta aussi d'expliquer cette histoire par un phénomène naturel. Il semblait difficile d'ajouter foi à son côté miraculeux  la vivante description de la nuit, l'ouragan et les vagues hautes comme des montagnes laissent supposer qu'un événement se produisit dont le souvenir fut plus tard enjolivé de fantastiques complications42. Au fil des siècles, le retour récurrent des juifs à l'idée d'une expérience vécue au bord de la mer, suggéra que l'histoire entière n'aurait pu être inventée. Selon les historiens, la tradition la plus inappréciable du peuple naquit sur les rives du Jam-Suf, généralement traduit par « mer Rouge ».


Un passage ouvert au milieu d'une rivière ou d'une mer est un fréquent motif de folklore. Les poursuivants furent probablement confrontés à une catastrophe, non pas à cause du partage de la mer en deux, mais à la suite d'une énorme vague gonflée par la tempête. Mais il est évident qu'une explication basée sur les flux et reflux des eaux n'est pas valable. Ou bien la Mer du Passage fut le Golfe de Suez ou le Golfe d'Aqaba sur la mer Rouge, ou le Lac Sirbonis ( Serbon43) relié à la Méditerranée, ou quelque autre lac ( le Lac des Crocodiles ) le Lac Salé, dont les eaux permettent aujourd'hui le passage des bateaux de la Méditerranée à la mer Rouge ( aucun mouvement de flux et reflux n'étant perceptible à la surface de ces eaux )  ou bien il s'agit de la Méditerranée ou de la mer Rouge ou, naturellement, des lacs intérieurs.

Une explication plus logique ignorerait donc la marée et se contenterait de la tempête. Dans leur course, les Egyptiens perdirent quelques chars qui s'enfoncèrent dans l'eau quand la mer déferla sur le rivage. C'est alors que les Israélites entonnèrent leur chant de délivrance, ou reçurent l'inspiration qui donna naissance plus tard à une image exagérée de la catastrophe.


Comment pourrait-il en être autrement quand les annales égyptiennes ignorent tout d'un roi et de ses chars engloutis dans la mer et quand les descendants des fugitifs se glorifient d'une histoire de tempête miraculeuse dont l'Egypte n'a laissé aucun témoignage ? Est-ce utile alors de démontrer qu'un fort vent d'est, soufflant du matin au soir, contraignit la mer à se retirer, et qu'un changement dans la direction du vent perturba une armée en marche ? Quelle étrange obstination en effet du peuple juif à s'accrocher à ce récit, l'utilisant comme le début et en même temps le plus dramatique épisode de son histoire nationale.


Après leur fuite, ils arrivèrent dans le désert, une terre désolée. Le Livre de l'Exode raconte qu'une colonne de nuée se tint devant eux le jour et une colonne de feu la nuit. On trouva une explication simple à cette légende : à la tête des caravanes, on élève en général une torche pour indiquer la route aux marcheurs.

Etant donné la chaleur du jour, les caravanes préfèrent se déplacer la nuit, et les signaux de flamme et de fumée sont destinés à empêcher que certains s'égarent et aussi à effrayer les animaux sauvages44. Bien que cette explication soit unanimement reconnue et citée dans de nombreux dictionnaires de la Bible, elle est trop simple : la colonne de nuée et de feu impressionna profondément les Israélites  Dieu. Ne connaissaient-ils pas les coutumes des caravanes voyageant dans le désert ? Furent-ils à ce point impressionnés par de banales habitudes et tellement avides de merveilleux qu'une torche dans la main d'un conducteur devint pour eux un Ange ? Il se pourrait que non seulement la colonne de nuée et de feu ne fut pas une illusion, mais plus grave encore, qu'elle fut inventée par des affabulateurs.


Au siècle dernier, Charles Beke, un Anglais aux idées originales publia un pamphlet intitulé Mount Sinaï, a Volcano45. Sur la page de garde, il plaça deux citations, l'une tirée du Livre de l'Exode, l'autre du poète grec Pindare. Le verset de l'Exode 13:21 déclare : « le jour, dans une colonne de nuée pour leur indiquer la route, la nuit dans une colonne de feu ». Le texte de Pindare ( Odes, Pythie, I, 22-24 ) décrit ainsi l'Etna : « le jour, un courant brûlant de fumée, la nuit, un tourbillon de flamme rougeoyant ». A partir de cette comparaison suivie du récit biblique de la remise des Tables de la Loi, Beke aboutit à la surprenante conclusion suivante :


« Et le troisième jour, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne et un puissant son de trompe  monde trembla... La montagne du Sinaï était toute fumante... la fumée s'en élevait comme d'une fournaise et le mont tout entier tremblait violemment... Et tout le peuple, voyant ces coups de tonnerre, ces lueurs, ce son de trompe, et la montagne fumante, eut peur et se tint à distance46».


Selon Beke, la colonne de feu fut simplement une éruption volcanique formée de cendres et de vapeurs. Il cita des exemples de régions où ces phénomènes produisent des nuages de cendres noires balayés parfois à de grandes distances et accompagnés de grondements provenant des entrailles de la terre.

Tremblements de terre et éruptions surviennent généralement ensemble. Si un séisme secoue le fond de la mer, il crée un raz-de-marée qui peut se retirer de la rive pour revenir ensuite engloutir les terres en ne laissant que destruction sur son parcours. D'après cette théorie, les rives de la Mer du Passage auraient été ravagées par un tremblement de terre. La mention des chariots incapables de bouger ( Exode 14:25 ) est similaire à la description du séisme qui accompagna l'éruption du Vésuve en l'an 79, quand Pompéi et Herculanum furent englouties. Une description en fut préservée dans une lettre de Pline le Jeune à Tacite ( Epîtres, 6:20 ) :


« Nous étions debout, immobiles, au milieu d'une scène épouvantable, extrêmement dangereuse. Nous avions ordonné de sortir les chars mais nous ne pouvions les immobiliser tant ils étaient agités d'avant en arrière bien qu'ils soient sur un terrain surélevé et lestés de lourdes pierres ».


Les érudits bibliques s'opposent avec vigueur et mépris à l'idée que les merveilleux événements de la Mer du Passage et du Mont Sinaï soient interprétés comme des phénomènes de nature sismique et volcanique : « Chacun sait qu'aucune éruption volcanique justifiant de tels phénomènes n'existe dans le désert. En fait, les auteurs sacrés utilisent toutes les expressions employées dans les Saintes Ecritures pour décrire un orage47».

Selon Beke, les hauteurs du Sinaï ne sont pas le Mont Sinaï de la Bible. Il avait déjà publié un travail défendant la notion fallacieuse que le Mizraïm des Ecritures n'était pas l'Egypte, mais un royaume disparu de la péninsule du Sinaï  la pointe du Golfe d'Aqaba pour arriver sur la rive arabe de ce golfe. Il annonça qu'il risquait sa réputation de voyageur et de spécialiste de la Bible, et qu'avec la permission de l'assistance, il placerait le Mont Sinaï dans le Harra Radjla, « qui fut autrefois en activité, mais se trouve éteint depuis des âges ». « Je me considère comme un vieil homme », poursuivit-il, « marchant sur les pas du prophète Elie, qui fit lui aussi son pèlerinage dans les montagnes du désert ». A son retour, il déclara que le Mont Sinaï est en fait Har-Nur, « le Mont du feu », situé à l'est de Ghor, un sommet parmi d'autres, auréolé d'un halo mais qui ne fut apparemment jamais un volcan  « avec respect, une insigne erreur concernant le caractère volcanique du Mont Sinaï48».

Sa confession dénuée d'humour fut publiée dans un volume doré sur tranche, d'aspect très différent du Mont Sinaï, un volcan. Dans un compte rendu de son voyage, il écrit : « Je suis donc contraint de confesser que je fus dans l'erreur quant aux caractéristiques physiques du Mont Sinaï et que les manifestations décrites dans les Ecritures furent aussi peu volcaniques qu'orageuses49». Trente ans après, cette théorie fut adoptée par un universitaire50 et dix ans plus tard d'autres suivirent51; à présent, on énonce souvent l'idée que Yahweh fut le dieu local d'un volcan. Cependant, cette communion d'idée n'empêcha pas certains d'entre eux de nier la réalité historique de la visite des Israélites au Mont Sinaï52.


~ Cataclysme

Si nous dépassons les commentaires du Livre de l'Exode prétendant que le Mont Sinaï fut un volcan dont l'activité impressionna les Israélites, et si nous prêtons attention aux descriptions de l'Exode faites dans les textes saints, nous serons contraints d'avouer que, les mots signifiant ce qu'ils disent, l'envergure de la catastrophe excéda de loin les ennuis provoqués par une simple volcan en éruption. L'activité volcanique se répand vite et loin, et le Mont Sinaï ne fut qu'une fournaise dans une immense plaine couverte de brasiers fumants. Terre, mer et ciel participaient au bouleversement. La mer inondait les terres, la lave jaillissait des failles du sol. La Bible décrit le tumulte des éléments déchaînés :


« La terre s'ébranla et chancela  frémirent et furent secouées... Fumée... et feu... des charbons s'enflammèrent... les lits des mers apparurent et les fondations du monde furent mises à jour53! »


Lors de cette grande catastrophe géologique, le fond des mers s'effondra. Les eaux se ruèrent dans les abîmes. La terre trembla, les volcans lancèrent feux et flammes, des falaises furent arrachées, de la roche fondue coula dans les vallées, la terre ferme se transforma en mer, les entrailles des montagnes grondèrent, et les cieux tonnaient sans cesse : « Ses éclairs illuminèrent le monde : la terre les vit, et trembla... Les montagnes fondirent comme la cire54». Des strates tectoniques s'effondrèrent. Le profil des paysages fut modifié de façon importante : ( il ) déplaça les montagnes... ( il) les renversa dans sa colère, ( il ) ébranla la terre de son assise55». On attribue constamment ces activités sismiques et volcaniques à la période où les Israélites sortirent d'Egypte : « la terre trembla... les montagnes fondirent... de même le Sinaï56». La dernière citation est tirée du Chant de Deborah, l'un des plus anciens textes des Ecritures. Selon l'imagination pieuse, ces déclarations sont des métaphores. Pour certains critiques, elles expriment des effusions extatiques. Peut-on découvrir à quoi l'allégorie pourrait alors s'appliquer ? Le texte suivant offre-t-il une description de flux et de reflux dans les marais salés d'Egypte : « on voyait le lit de la mer, et les fondations du monde »57? Le folklore ne fonctionne pas de façon aussi aveugle. Ces histoires de bouleversements géologiques, répétées avec persistance dans de nombreux passages du Livre de l'Exode, doivent être issus d'épreuves que le folklore modela et remodela. A en croire l'Ancien Testament, l'expérience fut si majestueuse et terrible que même après une longue lignée de générations successives, on ne put l'oublier :


« Dans la nuit, mon chant implore ton souvenir... Est-ce pour les siècles que le Seigneur me rejette ? Dieu a-t-il oublié d'être favorable ? Je me souviens... Tes merveilles passées... Les abîmes aussi s'agitaient... Les éclairs illuminaient le monde : la terre se secouait et tremblait... Tu guidas ton peuple comme un troupeau par la main de Moïse et d'Aaron58».


Une nuit, le poète auteur de ce psaume eut une vision du passé, quand des merveilles se déroulaient dans la mer et dans les étendues sauvages, sous les yeux d'un peuple ayant fui l'esclavage. Les fugitifs furent émus jusqu'à l'exaltation par les turbulences et les grondements de la nature dans le désert :


« Tu as fait trembler la terre, tu l'as fendue  brèches 

Tu en fis voir des dures à ton peuple, tu nous fis boire un vin de stupeur59».


Sous le ciel déchaîné du désert, déchiré d'éclairs incessants, quand coulaient les laves enflammées, que les collines se diluaient, les nuits furent inoubliables. Durant les longues années passées ensuite sur leur terre, les Israélites se souvinrent toujours des convulsions du désert, de l'explosion des montagnes en flammes, de la furie des eaux. Les événements endurés au cours de ces semaines ou mois, alors que la surface de la terre subissait de violents changements dans sa structure tectonique, formèrent la tradition la plus importante de cette nation. Les Ecritures persistent à dire qu'avant qu'ils aient quitté l'Egypte, celle-ci fut assaillie par des plaies, précurseurs d'un grand holocauste causé par les éléments au comble de la frénésie. Lors de leur départ, les Israélites furent témoins d'un gigantesque raz-de-marée  subirent les mouvements spasmodiques de la surface de la terre, et une activité volcanique à grande échelle, avec la lave jaillissant des fissures du sol ouvert sur des abîmes béants60; et les sources disparaissaient ou devenaient amères61.

On peut poser avec logique, la question suivante : ce témoignage est-il entièrement faux ? Et s'il n'est pas une collection d'inventions trompeuses, comment est-ce possible que rien n'ait été mentionné par les Egyptiens ? Si un désastre s'abattit sur leur terre, sommes-nous sur la bonne voie en cherchant à synchroniser les histoires juives et égyptiennes ? Un désert proche de l'Egypte fut convulsé par des tremblements de terre. Ces désordres sismiques de grande magnitude furent-ils confinés à une surface relativement exiguë ? Les annales égyptiennes ne relatent-elles aucun séisme ? Aucune mention de séisme ni de plaie n'est inclue dans les travaux sur l'histoire de l'Egypte.

Néanmoins, nous considérons que quelque chose d'important est en jeu et cela renforce notre obstination. Si nous pouvions aider le témoin à la barre ( les annales de l'Egypte antique ) afin qu'il se souvienne d'une catastrophe, nous pourrions, avec un peu de chance, résoudre un problème obscur dont on discute depuis plus de deux mille ans sans parvenir à une solution.

~ Un Egyptien, témoin oculaire des plaies

Dans ce procès de l'Histoire, le jugement dépendra des déclarations suivantes et sa fiabilité de leur examen serré. Ce fut un gigantesque cataclysme naturel dont les conséquences perdurèrent des années. Il marqua profondément les esprits. Son histoire fut transmise de génération en génération. Il résonna et retentit dans la Bible et de nombreux autres textes. Les documents égyptiens n'y font-ils vraiment aucune référence ?

L'Exode ne fut-il rien d'autre que le récit d'une traversée insignifiante des frontières par un simple groupe de nomades sous le contrôle de collecteurs d'impôts royaux ? S'il en est ainsi, comment devint-il le souvenir le plus passionnant du peuple juif ? D'où leur vinrent ces visions d'un bouleversement qui remua mer et terre ? Les tablettes égyptiennes ne confirment-elles pas les troubles qui agitèrent la terre, les rivières, la mer et le désert ? Que les catastrophes naturelles n'aient pas été mentionnées dans les travaux effectués sur l'histoire de l'Egypte démontre un échec qui nous conduit à étudier les sources anciennes.


On ignore dans quelles circonstances le Papyrus d'Ipuwer fut découvert. Selon son premier propriétaire ( Anastasi ), on le trouva à « Memphis » qui signifie sans doute le voisinage des pyramides de Saqqara. En 1828, le Musée de Leiden aux Pays-Bas acquit ce papyrus et le classa dans le catalogue sous le numéro Leiden 344. Il est écrit des deux côtés. Le sens des fibres du tissu permet de différencier le recto du verso  d'Ipuwer est écrite au recto, alors que le verso contient un hymne à un dieu. Une reproduction des deux textes fut publiée par les autorités du musée ainsi que d'autres documents égyptiens62.

Le texte d'Ipuwer se trouve à présent dans un livre de 17 pages avec en général 14 lignes par page de signes hiératiques, l'écriture courante des scribes, différente des hiéroglyphes classiques. Sur la première page, la dernière partie de 11 lignes est conservée  les pages 9 à 16 sont en très mauvais état puisqu'il n'y a que quelques lignes en haut et au bas des pages, et sur la 17, il ne subsiste que le début des deux premières lignes.


La première interprétation du texte d'Ipuwer, présentée ici63, considère que 8 pages du recto relatent des proverbes, et que les pages suivantes seraient des extraits d'un ouvrage philosophique. L'auteur qui tenta ensuite de traduire le texte ( les 9 premières pages seulement ) les interpréta comme une collection de proverbes et dictons à usage didactique64. Un autre scientifique65 décréta que le papyrus était une collection de devinettes. Au début de ce siècle, on fit quand même l'effort de traduire le texte entier d'Ipuwer66. On lui attribua un caractère prophétique : il prédisait une période de malheur au peuple de l'Egypte. Mais le prophète aurait pu s'inspirer de situations similaires s'étant produites avant l'inauguration de la XIIe dynastie. En 1909, le texte fut traduit à nouveau et publié par Alan Gardiner sous le titre Les Admonitions d'un Sage égyptien selon le Papyrus Hiératique de Leiden67. D'après Gardiner, le texte signale le caractère historique de la situation. La détresse avait envahi l'Egypte ; le système social était désorganisé  la violence régnait partout  attaquaient la population sans défense  étaient dépouillés et dormaient dehors, et les pauvres les dépossédaient  :


« On ne décrit pas ici quelques simples ennuis localisés mais un désastre national, écrasant et démesuré68».


Gardiner, à la suite de Lange, interprète le texte comme si les paroles du Sage nommé Ipuwer s'adressaient directement à un roi, le blâmant pour son inaction qui conduisait à la confusion, l'insécurité et la souffrance du peuple. « Le Tout Puissant » auquel Ipuwer s'adresse est l'appellation donnée habituellement aux grands dieux69. Les noms de l'auteur et de ses lecteurs sont absents de l'introduction du papyrus et la présence du roi à l'écoute du Sage est déduite des concordances du texte avec d'autres formes littéraires utilisées au Moyen Empire. En relation avec cette interprétation, le papyrus contenant les paroles d'Ipuwer, est intitulé, dans l'édition de Gardiner Exhortations d'un Sage égyptien.


~ L'Egypte et le Cataclysme

Le Papyrus Ipuwer n'est pas une collection de proverbes selon les dires de Lauth et de Chabas, ni de devinettes ( Brugsch )  il n'est pas non plus une prophétie ( Lange ), ni un sermon sur les profonds changements de la société ( Gardiner, Sethe ). C'est la version égyptienne d'une grande catastrophe. Le Papyrus est un récit de lamentations, une description de ruines et d'horreur ( papyrus 2 ):


« En vérité, la terre se retourna comme la roue d'un potier.

Les villes sont détruites.

La haute Egypte est asséchée ( gâchée ? )

Tout est en ruine !

La résidence s'est retournée d'un coup.

Des années de vacarme. Le bruit n'en finit pas ».


Que signifie « vacarme » et « années de bruit » ? Le traducteur écrivit : « Il est clair que le phonème hrw ( bruit ) cache un jeu de mots dont le sens nous échappe ». S'agit-il d'un « tremblement de terre » et « d'années de séismes »70? Les tremblements de terre sont souvent accompagnés de bruits sourds, grondements et rugissements souterrains, et le phénomène acoustique définit le bouleversement lui-même. Apparemment, les secousses se répétèrent encore et encore, le pays fut couvert de ruines, la puissance de l'Etat déclina brusquement et la vie devint insupportable. Ipuwer dit ( papyrus 6:1 ) :


« Oh, que la terre cesse de faire du bruit, et qu'il n'y ait plus de tumulte ».


C'est donc bien la terre qui produisait tout ce bruit et ce tumulte. Seul, un puissant séisme avait pu renverser la résidence royale « d'un coup » et en faire une ruine. La catastrophe semble avoir aussi provoqué des ravages en haute mer où des tourbillons coulèrent les bateaux  villes étaient détruites », précise aussi que les navires allaient à la dérive. Le Papyrus d'Ipuwer apporte la preuve d'une catastrophe naturelle accompagnée de tremblements de terre et témoigne de l'apparition des faits survenus à cette époque. Je tiens à comparer certains passages du Livre de l'Exode et du papyrus. Avant la publication de Mondes en Collision et du Désordre des Siècles, aucune comparaison n'avait été effectuée entre la Bible et le Papyrus d'Ipuwer. Le traducteur du papyrus ne pouvait donc en aucun cas avoir été influencé par le désir de faire correspondre sa traduction au texte biblique71.

Papyrus 2:5-6 La terre est couverte de plaies. Il y a du sang partout.

Exode 7:21 Il y avait du sang sur toute la terre d'Egypte.

Ceci fut la première plaie.

Papyrus 2:10 La rivière est en sang.

Exode 7:20 Toutes les eaux des rivières furent changées en sang.

Cette eau était dégoûtante et les gens ne purent la boire.

Papyrus 2:10 Les hommes se refusaient à goûter - les êtres humains, et avaient soif d'eau.

Exode 7:24 Et tous les Egyptiens creusèrent autour des rivières pour trouver de l'eau  de la rivière.

Dans la rivière, les poissons moururent, mais vers, insectes et reptiles se multiplièrent.

Exode 7:21 Et la rivière empestait.

Papyrus 3:10-13 Voilà notre eau ! Voilà notre bonheur ! Qu'allons-nous faire ? Tout est en ruine !


Les mots suivants relatent la destruction des champs (SUITE DANS LE LIVRE)

HRM-BUDESORD
25 €


Table des Matières



5 Préface

11 Introduction


15 Chronologies des historiens officiels

16 Cartes originales

21 Chapitre 1: A la recherche d'un lien entre l'histoire de l'Egypte et celle d'Israël

21 Deux Terres et Leur Passé - 25 Quelle est la date historique de l'Exode ? - 32 Plaies et Présages - 39 Cataclysme - 41 Un Egyptien, témoin oculaire des Plaies - 44 L'Egypte et le Cataclysme - 48 La Dernière Nuit avant l'Exode - 51 Premier Né ou Elu - 53 Révolte et Fuite - 56 L'Invasion de l'Egypte par les Hyksos - 58 Pi-ha-Khiroth - 64 Le Papyrus de l'Ermitage - 66 Deux Questions se posent - 69 La Crête


72 Chapitre 2: Les Hyksos

72 Qui étaient les Hyksos ? - 74 Les Israélites Rencontrent les Hyksos - 77 Le Cataclysme en Arabie - 80 Les Pharaons Amalécites selon les traditions Arabes - 83 Les Hyksos en Egypte - 85 Malakhei-Roim Rois-Bergers - 87 La Palestine sous la domination des Hyksos - 91 Durée de la Période Hyksos - 92 L'Expulsion des Hyksos dans les Annales Egyptiennes et Hébraïques - 96 La Retraite des Hyksos à Iduma - 101 La reine Tahpenes - 102 L'Emplacement d'Auaris - 104 Parallèles entre Hyksos et Amalécites - 108 Comment la Confusion des Hyksos et des Israélites correspond au début de l'anti-sémitisme - 113 L'Equilibre de l'Histoire du Monde


117 Chapitre 3: La reine de Saba

117 Deux Souverains - 119 D'où venait la reine de Saba ? - 122 Où donc se rendit la reine Hatshepsout ? - 126 La Route de Thèbes à Jérusalem - 127 Paruah rencontre le héraut de la reine - 129 Hatshepsout conduit l'expédition en Terre Sainte - 132 La glorieuse région de la Terre de Dieu - 135 Les Désirs de la reine de Saba - 144 Les Navires sont Arrivés à Thèbes - 144 Les Terrasses aux Arbres d'Algummim - 148 Imitation du Temple et de son Service - 150 L'Origine des mots « Pontife » et « Pount » - 153 Make-da et Make-ra - 157 Hatshepsout visita-t-elle la terre de la reine de Saba ?


160 Chapitre 4: Le Temple de Jérusalem

160 Thoutmosis III prépare la destruction du Temple de Jérusalem - 165 Thoutmosis III envahit la Palestine - 167 Kadesh en Juda - 171 Les Vases et le Mobilier du Temple de Salomon - 183 Collections zoologique et botanique de Palestine - 186 Genoubath, roi d'Edom - 188 Princesse Ano - 188 La stupéfiante civilisation - 190 La Terre de Dieu et Rezenu - 194 Sosenk - 196 Résumé


199 Chapitre 5: Ras Shamra

199 Le Calendrier de la Culture minoenne et mycénienne - 202 Les chambres Funéraires - 204 Eléments Grecs dans les textes de Ras Shamra - 207 Eléments Hébreux. Parallèle entre deux cités et deux époques - 213 La Critique de la Bible et les documents de Ras Shamra - 216 Troglodytes ou Cariens ? - 221 Le langage des Cariens - 225 Aménophis II - 231 Le Poème de Keret - 239 La Fin d'Ugarit - 240 Echos Tardifs




242 Chapitre 6: Les Lettres d'el-Amarna

242 Les lettres d'el-Amarna et l'époque où on les écrivit - 249 Jerusalem, Samarie et Jezreel - 252 Les cinq rois - 258 Les lettres des capitaines de Josaphat - 261 Adaia, le Député - 262 Les princes des villes - 263 Amon, le Gouverneur de Samarie - 265 Le Premier Siège de Samarie par le roi de Damas - 269 La capture et la libération du roi de Damas par le roi de Samarie - 271 Navires, chefs de clans, ou légions ? - 273 Le roi de Samarie cherche un allié contre le roi de Damas - 274 Achab ou Jéhoram: deux versions dans les Ecritures


281 Chapitre 7: Les Lettres d'el-Armana ( suite )

281 Famine - 286 La Rebellion de Mesha - 290 La « Grande Indignation » : une Reconstruction de la partie mystérieuse absente de la Stèle de Mesha - 295 Arza, le courtisan - 296 Jérusalem en Péril - 300 La révolte des Sodomites - 301 Le second siège de Samarie - 303 Naaman, plénipotentiaire en Syrie - 307 Les Lettres de la « Grande Femme de Shunem » - 309 Le roi de Damas conspire contre la vie du roi de Samarie - 310 Le roi de Damas assassiné alors qu'il est malade - 312 Hazaël « le Chien » brûle les forteresses d'Israël - 316 Les Dernières Lettres d'Achab



320 Chapitre 8: Les Lettres d'el-Amarna ( Conclusion )

320 Iarimuta - 322 Samarie/Sumur sous l'oligarchie - 323 Sumur la « Ville Royale » - 325 Salmanasar III expulse le roi Nikmed - 331 Salmanasar III est attaqué par une coalition syrienne sous les ordres de Biridri ( Biridria ), le commandant de Megiddo - 326 Salmanasar III envahit la terre d'Amuru et affronte le roi de Damas - 333 Les Phéniciens partent à la recherche d'une nouvelle demeure - 336 Qui fut le redoutable Roi de Hatti de la correspondance d'el-Amarna ? - 340 Idiomes des Lettres d'el-Amarna - 343 L'Epoque de l'Ivoire - 348 Conclusions - 352 A mi-chemin...


358 Remerciements


Illustrations


20 Illustration: Hatchepsout

46 Illustration: Une page du Papyrus d'Ipuwer

138 Illustration: Présentation des cadeaux

142 Illustration: L'armement des bateaux égyptiens

146 Illustration: Les arbres Almuggim

176 Illustration: Photo de la vaisselle sacrée du

Temple de Jérusalem

178 Illustration: Le détail des fournitures et de la

vaisselle


1 Publié par le Jardin des Livres en 2002. Disponible.

2 Le nom Hyksos « souverains de pays étrangers » se trouve dans le texte égyptien du Papyrus de Turin et sur quelques scarabées.

3 On considère la XVIIe dynastie comme étant la première dynastie des Princes soumis qui se révoltèrent contre les Hyksos, les derniers rois de la XVIe dynastie. Mais selon la liste fournie par Julius l'Africain et Eusèbe, la XVIIe dynastie est la dernière des Hyksos.

4 La division en empires est moderne mais les Egyptiens eux-mêmes avaient des concepts similaires de leur passé. Comparer H. Ranke dans Chroniques d'Egypte,VI, 1931, 277-86.

5 T. E. Peet, L'Egypte et l'Ancien Testament, Liverpool, 1922, p. 7.

6 Manéthon, bien que faisant des Hyksos expulsés d'Egypte les constructeurs de Jérusalem, raconte une autre histoire qu'il attribue à une époque ultérieure où il relate que des lépreux, relégués à Auaris à la frontière Est égyptienne, usurpèrent le pouvoir en Egypte avec l'aide des Solymites (le peuple de Jérusalem), furent extrêmement cruels, et que leur chef Osarsph, adopta le nom de Moïse et, après leur expulsion, les conduisit en Palestine. Josèphe ne fait pas de distinction entre les deux récits.

7 Jules l'Africain Chronographie dans Les Pères Ante-Nicéens, Ed. Roberts et Donaldson, NY, 1896, VI,134, fit une confusion entre Ahmose I, le premier roi du Nouvel Empire, et Ahmose II (Amasis selon Hérodote), le dernier roi avant la conquête de l'Egypte par Cambyse le Perse. Mais, dans son canon indiquant la liste des dynasties selon Manéthon, il compléta la liste des rois de la XVIIIe dynastie par l'observation suivante: « Le premier d'entre eux fut Ammos (Ahmose), sous le règne duquel Moïse quitta l'Egypte, ainsi que je l'ai déclaré de l'évidence de ce présent calcul, il résulte que lors de ce règne, Moïse était encore jeune» Manéthon (trad. W.G. Waddell  Mass. 1941, p. 111).

8 Georges Syncelles, le chronographe byzantin qui recopia Eusèbe, ajouta: « Seul Eusèbe situe sous ce règne l'Exode d'Israël à la suite de Moïse, et ce, sans aucune preuve, bien que tous ses prédécesseurs aient défendu un avis différent, ainsi qu'il le constate lui-même ».

9 Augustin, La Cité de Dieu, Livre. 18, Chap. 8.

10 Voir par exemple, A.T. Olmstead, Histoire de la Syrie et de la Palestine New York, 1931, p. 128

11 H.R.Hall, « Israël et les Nations voisines » dans Le Peuple et le Livre, ed. A.S. Peake, Oxford, 1925 p. 3; Sir Budge, Egypt, New york, 1925,p.110; A.H. Gardiner, dans Etudes Champollion,1922, p. 205  d'archéologie égyptienne, X (1924) 88.

12 Hall, dans Le Peuple et le Livre, ed. Peake, p.7.

13 Les étudiants écrivant en anglais n'ont pas de méthodes concordantes pour traduire les lettres gutturales des langues sémitiques. L'histoire Ancienne de Cambridge reconnaît une certaine incohérence entre l'usage de l'orthographe correcte des mots anglais, et parfois l'utilisation de proches équivalences phonétiques

14 Eduard Meyer, Geschishte des Altertums, Vol. 2, 2e ed.; Stuttgart, 1931, p. 214.

15 John Garstang, Les Fondations de l'Histoire de la Bible, New-York, 1931: « L'invasion Israelite... correspond à une période d'apathie sous Amehotep III ».

16 Peet, L'Egypte et l'Ancien Testament, p. 74-75.

17 Hall, dans Le Peuple et le Livre, ed. Peake, p. 7.

18 Sir Flinders Petrie, Palestine et Israël Londres 1934, p. 56.

19 Ou Aï ou Ay.

20 Freud, Moïse et le Monothéisme New York, 1939. Comparer Strabon, La Géographie, XVI, 2, 35.

21 On trouve ce point de vue dans Lepsus Extraits de la Chronologie des Egyptiens dans ses Lettres d'Egypte, Ethiopie et Péninsule du Sinaï Londres 1853, p. 449. Avant que la découverte de la stèle de Merenptah, nombre d'universitaires l'avaient identifié comme le pharaon de l'Exode car Ramsès II l'était comme celui de l'oppression; ce rôle étant attribué à Ramsès II car le Livre de L'Exode mentionne la cité de Ramsès. Les adeptes de la théorie Habiru ne soutiennent pas cet argument « Plusieurs historiens remarquant que ces deux villes Ramsès et Pithom sont antérieurs à Ramsès II, estiment que ces travaux ont pu être ordonnés par un roi de la XVIIIe dynastie ». P. Montet , Le Drame d'Avaris Paris, 1941, p. 144. Sur la statue de Merenptah, dans le hall du Métropolitan de New York, une main moderne écrivit: « Pharaon de l'Exode », et sur celle de Ramsès II, « Pharaon de l'oppression ». Voir H.E. Winlock, Le pharaon de l'Exode, Métropolitan, Bulletin 17 New York, 1922, p. 226-34.

22 « Si Israël quitta l'Egypte sous le règne de Menerptah, et s'il lui fallut 40 ans pour atteindre la Palestine, comment Menreptah les a-t-il vaincu en Palestine dans la troisième année de son règne ? » S.A.B. Mercer, Tutan khamen et l'Egyptologie Milwaukee, 1923, p.48.

23 Hall, dans Le Peuple et le Livre, Peake, p. 7.

24 Dans une inscription de Ramsès II, et dans l'une de son prédécesseur Séti, on mentionne Asher en Palestine, nom de l'une des Douze Tribus. Cette référence et d'autre similaires permettent de supposer que l'Exode s'effectua en vagues successives.

25 S.A.B. Mercer, Sources Extra-bibliques de l'Histoire des Hébreux et des Juifs, New York, 1913. Il identifia les Habiru aux Hébreux, et le pharaon de l'oppression à Ramsès II, cent ans plus tard.

26 Peet, l'Egypte et l'Ancien Testament, p. 124, se référant à la théorie du conducteur et autres théories.

27 W.F. Albright, L'Archéologie en Palestine et la Bible New York, 1932 p. 144, attribuant l'Exode au début du XIIIe siècle. Cependant, Albright plaide pour le séjour des Israélites en Egypte au temps des Hyksos.

28 Petrie, Palestine et Israël, P. 58.

29 Albritt, cité par Petrie, Palestine et Israël, p. 57. Bethel tomba « environ dans la première moitié du XIIIe siècle, selon Albright », Wright, « L'épopée d'une conquête » Archéologue de la Bible, III,1940, p. 36.

30 B.D. Eerdmans, Alttestamentliche Studien Giessen,1908, II, 67.

31 Garstang, Les Fondations de l'Histoire de la Bible, p. 51.

32 S.W. Baron, Une histoire sociale et religieuse des Juifs New York, 1937, I, 16.

33 Hugo Winckler, Kritissche Schriften, Berlin, 1901, I, 27. Voir également Peet, L'Egypte et l'Ancien Testament, p. 21: « Le séjour peut avoir été sur une si petite échelle que les Egyptiens n'ont jamais pensé qu'il valait la peine d'être mentionné ».

34 On trouve des variations dans les psaumes 78 et 105, avec quelques séquences différentes concernant les plaies.

35 Les détails du récit doivent être considérés tout aussi mythiques que les détails de la Création ainsi qu'ils sont rapportés dans la Genèse.

36 Eduard Meyer dit que dans la première version de la légende, la seule plaie fut celle des sauterelles; Die Israeliten und Nachbachstämme Halle, 1906, p. 30. Il dit aussi: « Il n'y a aucune tradition folklorique dans le conte des plaies . Elles sont la création du narrateur » (p. 31).

37 H. Gressmann, Moïse et son Temps, Göttingen, 1913, p. 107.

38 Ibid. p. 108.

39 Ibid. p. 73.

40 Ibid p. 92

41 Vansleeb (1677) observa que les eaux du Nil se coloraient du vert à l'ocre rouge. « Quand le Nil commence à monter vers la fin juin, les marnes rouges drainées des monts d'Abyssinie fonçaient la couleur de l'eau qui luisait comme du sang dans la lumière du soleil ». A.H.Sayce, L'Histoire Ancienne des Hébreux Londres, 1897 p. 168.

42 Gressmann, Moïse et son Temps: « Le tableau est dessiné si clairement que chaque détail apparaît, et l'on pourrait croire à la description réaliste d'un événement historique, excepté les miracles. Une description aussi vivante est aussi la marque d'une saga ».

43 A.H. Gardiner, Etudes Champollion, 1922, p. 205; Journal de l'Archéologie égyptienne, X, 1924, 82.

44 Voir, par exemple, S.R. Driver, Le Livre de l'Exode dans sa Version Révisée Cambridge, England, 191, p. 113: « On confirme de sources variées la coutume d'un brasier formé d'un bois enflammé porté à la tête d'une caravane de pèlerins ».

45 London, 1873.

46 Exode 19:16, 18; et 20:18.

47 Dean Arthur P. Stanley,Découvertes du Sinaï en Arabie et de Midian, New York ,1863-76, p. 561.

48 Charles Beke, Découvertes du Sinai en Arabie et de Midian, Londres, 1878, p. 561.

49 Ibid. p. 436.

50 H. Gunkel, Deutsche Literaturzeitung, 24, 1903, col. 3058.

51 Meyer, Die Israeliten und ihre Nachbarstämme, p. 69; H. Gressmann, Der Ursprung der israelitish-jüdischen Eschatologie Göttingen, 1905, p. 31; aussi Gressmann, Mose und seine Zeit, p. 417. Musil identifia le Mont Sinaï avec le volcan éteint al-Bedr.

52 Meyer, Geschichte des Altertums, Vol.II, p.210: « So kann kein Zweifel bestehen, dass der Sinaï in einem der zahlreichen jetzt erloshenen Vulkane der Harra's zu suchen ist » comparer p. 205 « Il est possible que la saga de l'expérience du Sinaï appartint d'abord à une tribu de la péninsule du Sinaï et fut ensuite reprise par les Israélites comme une action grandiose de Yahwe ». Gressmann (Mose und seine Zeit, p. 418) nia également la visite des Israélites au Mont Sinaï.

53 Psaumes 18:7-8, 15.

54 Psaumes 97: 4 -5.

55 Job 9: 5- 6.

56 Juges 5: 4-5.

57 Psaumes 18:15.

58 Psaumes 77.

59 Psaumes 60: 2-3.

60 Nombres 16:32.

61 Exode 15:23; Psaumes 107:33-35.

62 C. Leemans, Aegyptisghe Monmenten van het Nederlandsche Museum van Oudheden te Leiden Leiden, 1846.

63 Par F. Chabas, réimprimé à la Bibliothèque égyptienne, X, Paris, 1902, 133, particulièrement 139-40.

64 F. J. Lauth, Altaegyptische Lehrsprüche Sitzungberichte der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-philologische und historische Classe 1872.

65 H.K. Brugsch, cité par Lange.

66 H. O. Lange, Prophezeiungen eines aegyptischen Weisen Sitzungberichen Akademie der Wissenschaften, 1903, p. 606-10.

67 Publié à Leipzig.

68 Gardiner, Exhortations, note 1:8.

69 Er steht vor dem Allhersher, was sonnst ein Epitheton der gGoetter ist, hier aber wohl den König bezeichnet. Lange, Sitzungberichte der Preussischen Akademie der Wissenshaften, 1903, p. 602.

70 L'autre mot hébreu pour « bruit » shaon, signifie aussi « tremblement de terre ». Voir S. Krauss « Tremblement de terre », L'Encyclopédie Juive, New York, 1901-6.

71 Les citations de la Bible sont issues de la version anglaise King James  traduction de Gardiner.

6