Les Ponts, le Diable et le Viaduc

HRM-BUPONTS
21 €


LCI : "Les Ponts, le Diable et le Viaduc'' de Jacques Godfrain ''Coup de coeur'' de Patrick Poivre d'Arvor dans son émission ''Place aux livres" sur LCI.

FR3 : "A Millau dans l'Aveyron, se bâtit le plus grand viaduc d'Europe. 2.500m de long, 7 piliers dont l'un plus haut que la Tour Eiffel. Chaque week-end, des milliers de visiteurs viennent voir l'avancement des travaux. Parmi eux, invisible et exigeant: Lucifer lui-même? Car les ponts, tous les ponts, lui appartiennent. Et s'il n'a pas été associé à leur construction, il s'empare de l'âme du premier être qui les franchit. Ainsi, l'Histoire ne compte plus les "Ponts du Diable" et les légendes de transactions secrètes que les bâtisseurs ont dû consentir pour s'assurer de la pérennité de leur pont. Ici, un chat sculpté dans la pierre, ailleurs, un couple enterré au pied de l'une des piles.
Ce viaduc de Millau, qui va l'inaugurer? Le président de la République, bien sûr. Mais son entourage va vite découvrir l'existence de ce pacte avec le Diable. Comment s'y résoudre sans devenir la risée de tout un pays.
C'est la très troublante fiction qu'imagine (imagine?) Jacques Godfrain, le député-maire de Millau. Il connaît bien sa région, ses traditions, les histoires de pont et de Diable et les arcanes de l'Elysée. Mais pourquoi, Diable, truffe-t-il , son roman de toutes ces références à des marques commerciales? Pour le rendre plus réel? Un premier roman plutôt réussi qui ancre le réel dans l'imaginaire collectif.
On attend maintenant avec impatience de savoir qui sera le premier à franchir le viaduc. Le président? A suivre (hé,hé) ?
> De A à Z Les 1ers mots: Un ange venait de passer au dessus de la table de réunion ornée d'une multitude d'ordinateurs portables de toutes marques, de téléphones cellulaires, de Palms, de tasses de café et de quelques blocs de papier, appartenant de toute évidence à des attardés de l'ancienne génération.
Les derniers: Et de là, l'Archange semblait lui faire un clin d'oeil. "
Dominique LANGARD (FR3 Champagne-Lorraine 17 novembre 2003.

LE PROGRES : "(...) Un livre plaisant à lire, plein d'allusions piquantes, de clins d'oeil malicieux, de rapprochements habiles, une histoire divertissante... en diable! " Jacques VAIZY (LE PROGRES SAINT AFFRICAIN du 26 septembre 2003.

LE MIDI LIBRE : "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe, les ponts et le diable.
(...) Un duo de choc émerge évidemment un peu plus dans le livre : le diable et les ponts. Jacques Godfrain s'est visiblement bien documenté, livrant ainsi un mélange de réalité-fiction sous le signe de l'ésotérisme. Le diable aurait enseigné aux hommes la construction du premier pont. Il a proposé son savoir faire en échange d'une âme, celle du premier à le traverser. Partant de cette légende répandue un peu partout à travers le monde, Jacques Godfrain a tracé sa route littéraire. (...) Disons qu'avec "Les ponts, le diable et le viaduc" il conjure le mauvais sort, pour lui d'abord peut-être et accessoirement pour le président de la République. Il met en tout cas la pression, via le livre, à Jacques Chirac. Celui-ci n'a pas intérêt, en janvier 2005, de refuser l'invitation sur le viaduc de Millau. Il passerait pour un trouillard"
A.B. (LE MIDI LIBRE du 11 septembre 2003. Article complet sur ce lien au site du Midi Libre)

LA DEPECHE DU MIDI : "... Pour déjouer la malédiction [de l'inauguration du viaduc], une fringante jeune énarque, Aline de la Brosse -obsédée de chaussures par ailleurs- se voit au sortir d'une réunion à l'Elysée le soin de trouver une solution avec l'architecte du viaduc, rebaptisé Nigel Forsyth. De Las Vegas à Londres, de Paris à Cahors et à Millau, Jacques Godfrain amène alors son lecteur à suivre une intrigue toujours très documentée (...) où le paranormal côtoie un chassé-croisé amoureux bien huilé, empreint d'un érotisme torride entre l'énarque et l'architecte" Philippe Rioux (LA DEPECHE DU MIDI du 7 septembre 2003)


Jacques Godfrain

Les Ponts,

le Diable

et le Viaduc


roman



Le jardin des Livres

Paris


du même auteur :


« L'Afrique, notre avenir » 1998, Ed. Michel Lafon

« Politique sociale et participation » 1999, Ed. du Rocher

« Manifeste pour un gaullisme social » 2002, Ed. du Rocher


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Les Ponts, le Diable et le Viaduc © 2003 Le jardin des Livres ®

extrait article © 2002 « La Semaine Vétérinaire »

guépard © 2002 Alain Pons; ponts © Droits Réservés

pont d'Arvillard © 2002 Vincent Mazard

14 rue de Naples, Paris 75008

Service de Presse : Marie Guillard



ISBN 2-914569-14-9 EAN 9782 914569 149







Toute reproduction, même partielle par quelque procédé que ce soit, est interdite sans autorisation préalable. Une copie par Xérographie, photographie, support magnétique, électronique ou autre constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 et du 3 juillet 1995, sur la protection des droits d'auteur.








Ce livre est né de mon intérêt particulier pour le viaduc de Millau et de ma passion pour les légendes qui entourent certains ponts, en particulier celui de Cahors - le pont Valentré - plus connu sous le nom de « Pont du Diable ».


J'ai ainsi voulu explorer ce qui se passerait si l'histoire de Cahors se répétait au XXIe siècle.


Je me suis inspiré de faits et de personnages réels, mais il est évident que ce livre est une fiction, même si j'ai souhaité rendre hommage au travail extraordinaire - et trop méconnu - des architectes, des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers, des dépanneurs d'ascenseurs et des grutiers.


Comme le veut la formule, « toute ressemblance, etc., avec des personnages vivants ne serait que pure coïncidence » .



J.G.




Je tiens à remercier ici tous les maires des villes possédant un « Pont du Diable » qui m'ont envoyé leur documents historiques :


Le Dr Gilles Buisson, Maire Honoraire de Mortain


Henry Lemoine, Maire de Pont-à-Mousson


Manuel Diaz, Maire d'Aniane


Jean-Claude Richard, Maire de Saint-Guilhem-le-Désert


Michel Roumégoux, ancien Maire de Cahors


La bibliothèque de Millau


Monsieur & Madame Roux


Monsieur Alain Pons, auteur du magnifique livre de photographies « Fauves d'Afrique »* pour son guépard en couverture de ce livre.


Marie-Josée Roig, maire d'Avignon








A mon père, Docteur Vétérinaire, qui m'a appris à observer et à aimer les animaux.







« Tout ce que tu n'as pas dit

t'appartient. Tout ce que tu as dit

appartient à ton ennemi »


Lao Tseu








« L'architecture est de

la musique solidifiée »


Goethe








« Il vaut mieux avoir de

l'imagination que du savoir »


Einstein








« L'architecte se doit d'être un prophète. Un prophète dans le véritable sens du terme... S'il ne peut pas voir au moins dix ans à l'avance, ce n'est pas un architecte »


Lloyd Wright.









~ 1 ~











Un ange venait de passer au-dessus de la table de réunion ornée d'une multitude d'ordinateurs portables de toutes marques, de téléphones cellulaires, de Palms, de tasses de café et de quelques blocs de papier, appartenant de toute évidence à des attardés de l'ancienne génération. Sept conseillers, la plupart du Président de la République, gênés, ne savaient plus sur quel mur, quelle fenêtre ou quel tableau poser leurs yeux afin d'éviter d'aborder le sujet. Enarques, polytechniciens et les inévitables diplômés de « Sciences Po » venaient tous de se retrouver devant ce qu'ils avaient toujours craint à titre individuel, une situation qui ne leur avait jamais été enseignée dans leurs écoles. Une situation qui, dès lors, n'avait aucune solution.

Grâce à la pesanteur de l'atmosphère, l'ange effectua un nouveau passage dans l'autre sens, à basse altitude, mais sans toutefois réussir à briser le mur du silence. Pourtant, quelqu'un se devait de le briser, au risque d'être tous obligés de clore la réunion sans trouver de solution pour ce qui devait être la plus grande inauguration du XXIe siècle, le viaduc de Millau, dont l'une des sept piles était la plus élevée de la planète. Cet ouvrage d'art allait unifier tous les pays européens, ou presque, en reliant Gibraltar à Stockholm, sans un seul feu rouge. La toute première autoroute transcontinentale européenne s'apprêtait à se hausser au niveau de la « 10 » américaine, celle qui tire un trait direct entre l'Est et l'Ouest.

- Mais je ne comprends pas très bien, c'est juste un pont, s'aventura à dire d'une voix rauque, Yves Vandeval l'un des conseillers aux cheveux grisonnants, sans cependant regarder ses autres interlocuteurs

- Euh, oui, c'est juste un pont. Ou plutôt un viaduc. Mais le Président a décrété qu'il était hors de question pour lui de le traverser le premier. C'est une question de principe  pas plus, répondit, quelque peu gêné, Charles-Pierre de la Ribardière, le conseiller le plus proche du chef de l'Etat.

Les six autres regards le passèrent au scanner tel un photocopieur examinant son document cible, puis, avec la précision d'un mouvement de natation synchronisée, ils se tournèrent aussitôt vers le chef du protocole de l'Elysée. Après tout, lui, il avait reçu suffisamment de chefs d'Etat, dont beaucoup d'Africains. Il devait savoir.

- Pardonnez-moi, mais depuis quand le Président est-il superstitieux ? lui demanda timidement une jeune énarque ressemblant comme deux gouttes d'eau à Elisabeth Guigou ( avec vingt ans de moins ) , détachée par le ministère de l'Aménagement du terriÿtoire, en charge de la coordination.

- Mademoiselle, je crois qu'après avoir parcouru des milliers de kilomètres pour serrer les mains de tous les paysans de leur circonscription, après les avoir côtoyés, les avoir écoutés, tous les hommes politiques, ou presque, finissent par devenir superstitieux. Mais, mon expérience m'a appris qu'il s'agit là d'un trait qui s'observe plus chez les politiques de droite que de gauche, et encore plus chez ceux qui ont une circonscription à la campagne qu'à la ville. J'ajoute cependant que nos homologues anglais de Westminster House respectent toutes les superstitions dont la pluÿpart sont même devenues des traditions.

- Vous voulez dire qu'un maire d'arrondissement parisien a moins de chances d'être..., de..., enfin de croire à ces choses-là que le maire de Borg-les-Orgues?

- C'est où Borg-les-Orgues ?

- Dans l'Auvergne profonde, et même en Corrèze répondit Andrée-Marie Colin, responsable de la coordination de l'emploi du temps présidentiel.

- Toutes les télévisions mondiales couvriront l'événement  notre Président se doit d'être le premier à le traverser symboliquement. La France ne va quand même pas laisser un Anglais inaugurer le viaduc de Millau, argumenta Martine Mazzoni, responsable de la cellule communication.

- J'ai une idée : et si on mettait un ruban au milieu du pont ? Tout le monde partirait au même moment et se retrouverait ainsi au même instant devant le ruban que notre Président couperait comme il se doit ? De cette façon, il n'y aurait pas de premier à marcher sur le pont. En fait, ils seront tous premiers...

Charles-Pierre de la Ribardière attendait avec avidité et une certaine fierté la réaction de l'assemblée. Mais elle ne se manifesta pas avec l'enthousiasme qu'il espérait.

- Vous venez de le dire, monsieur, ils seront tous les premiers, remarqua platement le chef du protocole, baissant les yeux comme s'il venait d'entendre une hérésie.

La jeune énarque se révolta :

- Cette histoire est insensée. Entre l'achèvement des travaux et l'inauguration, il s'écoulera un mois, voire plus. Un ouvrier sera certainement le premier à traverser le pont. Ou l'architecte. Ou un ingénieur. Comment le Président peut-il s'imaginer que la société de travaux publics chargée de la construction ne l'aura pas testé en le traversant mille fois, en long, en large et en travers avant son arrivée. C'est pas logique !

Le silence retomba brusquement, agrémenté par le doux chuintement de la ventilation de chaque ordinateur portable. Puis le chef du protocole, Edmond de la Salle, reprit la parole avec un geste las de sa main soigneusement manucurée :

- Mademoiselle, sachez que dans la superstition, par définition il n'y a pas de logique. Mais permettez-moi de vous donner un élément supplémentaire, afin que vous compreniez bien. C'est le premier qui traverse le pont le jour de l'inauguration qui risque de..., qui..., bref, c'est là le point clé.

Il ne s'en rendait pas compte, mais chaque personne de l'assemblée demeura suspendue à ses lèvres, attendant l'explication qui allait enfin les éclairer sur la véritable raison du refus du chef de l'Etat à être le premier à franchir le viaduc de Millau, splendeur de l'architecture contemporaine. Et sous le poids des regards interrogateurs et suppliants, le chef du protocole, se résigna :

- Une vieille tradition veut que le premier qui franchit un pont le jour de son inauguration voie son âme euh..., emportée par..., hhmm, par..., euh..., le Diable.


La tension étrange qui avait régné depuis le début de la réunion se contracta soudain en un silence impressionnant. Aline de la Brosse, la jeune énarque de service, serra violemment ses mâchoires car elle sentit monter du plus profond de son ventre le spasme irrépressible d'un fou rire, celui-là même qu'on essaye de réprimer à tout prix quand la situation ne s'y prête pas, comme lors d'une minute de silence ou bien pendant un enterrement. Mais tout le monde remarqua ces contractions si typiques aux coins de ses yeux et ce fut le signal déclencheur que tout le monde attendait, libérant un fou rire général, de ceux qui font pleurer des larmes de bonheur et qui donnent des crampes à l'estomac à force de se tordre, au sens propre du terme. Une série de clichés traversa leur esprit, un Diable rouge avec des cornes et un trident venant sur le pont chercher le Président de la République française, ou bien un Méphistophélès faustien prêt à lui faire signer un document soigneusement fixé dans un parapheur de cuir rouge, comme ceux utilisés naguère par Leonid Brejnev. Toutes les images véhiculées par la publicité et le cinéma furent évoquées en une fraction de seconde, chacun imaginant en fonction de sa propre culture religieuse le Président face au Diable, au Malin, à Satan ou à Lucifer.


Au bout de plusieurs minutes de cette crise libératrice, l'assemblée réussit finalement à se contrôler et à calmer son hilarité. La jeune énarque fut même obligée de sortir pour se remaquiller, le rimmel de ses yeux ayant totalement coulé. En la regardant se diriger vers la porte, le groupe chercha sur son visage une étincelle susceptible de déclencher un dernier fou rire, mais il découvrit, stupéfait, que les traînées sombres de son mascara avaient donné à son regard - et surtout à son visage - un aspect aussi théâtral que véritablement diabolique. Après le fou rire, ce fut comme une douche froide, ou, plus exactement, comme si, à la simple évocation de son nom, le Diable s'était instantanément matérialisé à l'Elysée pour participer à leur réunion !


Alors il y eut une sorte de malaise.


Aussitôt, chacun se trouva quelque chose à faire, taper des notes sur le clavier de l'ordinateur, griffonner des observations sur les feuilles de papier, vérifier la messagerie de son téléphone portable ou boire une gorgée de café, histoire de dissiper de son esprit cette vision aussi fascinante qu'effrayante. Au bout de cinq minutes, Aline de la Brosse réapparut dans la pièce, ressemblant de nouveau à elle-même, une blonde de trente-cinq ans, diplômée de « l'élite de la nation », exclusivement abonnée aux vêtements d'Anne-Marie Beretta, ce qui laissait penser qu'elle s'habillait par erreur au rayon hommes des Galeries Lafayette. La coupe de ses cheveux blonds lui donnait incontestablement l'air sévère d'une sainte germanique médiévale descendue de son socle après cinq cents ans d'ennui, juste pour respirer un peu. Elle reprit sa place avec un sourire détendu et seules ses cernes trahissaient ce qui venait de se passer quelques instants plus tôt. Elle parcourut l'assemblée de ses yeux azur avant de les plonger dans ceux du chef du protocole :

- Monsieur de la Salle, voulez-vous dire que notre Président, avec la carrière politique qu'on lui connaît depuis trente ans, a peur du Diable ?

Mal à l'aise, le directeur de l'Elysée croisa ses bras sur son torse dans un signe inconscient d'auto-défense.

- Non, mademoiselle, il ne souhaite simplement pas traverser le pont en premier. C'est tout. Mais, conscient des difficultés que cela pose, il a initié cette réunion qui a pour objet de trouver une, ou des solutions.

Tout le monde pensa à la même chose. Pendant qu'ils planchaient sur une histoire de fou, lui, en voyage privé au Japon, devait assister tranquillement en ce moment même à des tournois de sumo. Ou a une désespérante et interminable représentation de théâtre Nô.

Le conseiller aux cheveux poivre et sel leva la main :

- Je sais qu'Olivier de Kersauzon, le navigateur, a jeté par-dessus bord un de ses marins parce que celui-ci avait pris des conserves de pâté de lapin.

Un nouveau silence accueillit la remarque. Une bonne centaine de rongeurs imaginaires se matérialisèrent sur la table de réunion, sautillant dans tous les sens.

- Et pourquoi ? demandèrent-ils d'une seule voix.

- On ne sait pas pourquoi, mais il est interdit de prononcer le mot « lapin » sur un bateau. Il risque de couler.

Tout le monde se regarda d'un air navré. Le Titanic flotta pendant trois secondes devant eux, avec ses cales pleines à craquer de lapins de toutes les couleurs et de toutes les races. Le monde, non content d'être divisé entre riches et pauvres, croyants et athées, comptait maintenant une troisième division, entre gens normaux et ceux qui avaient peur des lapins en mer.

Et cela, à deux pas du salon Murat, construit sur les fondations de l'ancienne chapelle de l'Elysée, détruite pour bien marquer la victoire de la Raison sur la superstition !

Aline de la Brosse relança la discussion avec une proposition plus logique :

- En clair, la solution la plus simple consisterait à convaincre le Président que le Diable n'existe pas.

Mais là encore, pour une raison qu'elle n'arriva pas à cerner, l'idée ne fut pas accueillie avec enthousiasme. Seraient-ils, eux-aussi, tous superstitieux ? Un silence gênant remplit la pièce et lorsqu'il fut interrompu par trois coups énergiques frappés sur la porte, presque tout le monde sursauta. Elle s'ouvrit sur un inconnu d'une trentaine d'années aux cheveux noirs et au visage carré avec une peau diaphane, intégralement habillé par Hugo Boss. Il entra dans la pièce et inclina légèrement la tête comme un hussard prussien :

- Mademoiselle, madame, monsieur, pardonnez mon retard. Le Président m'avait demandé de préparer pour cette réunion un rapport un peu spécial et de vous le présenter afin de vous aider. Où puis-je m'asseoir ?

Le chef du protocole l'observait en se demandant où il avait déjà vu cet homme, sans toutefois réussir à s'en souvenir. De plus, le chef de l'Etat ne lui avait pas parlé non plus de ce rapport supplémentaire, mais ce n'était pas la première fois. Il avait pour habitude de toujours sortir un conseiller d'on ne sait où, un professeur des Langues Orientales par exemple, ou un spécialiste de l'islam ayant vécu trois ans avec des Berbères. Celui-ci appartenait certainement à une université.

- Quel est votre nom, monsieur ? lui demanda-t-il un peu étonné, tout en se disant que le secrétariat du président l'avait forcément inscrit sur la liste de sécurité puisqu'il était là.

- Pardonnez-moi à nouveau, je me suis trop énervé dans les embouteillages. Professeur Luc Feri de l'université de Rennes. Je suis spécialiste des coutumes et superstitions en général, bretonnes en particulier. J'ai soutenu un doctorat d'Etat sur le rôle des superstitions dans la Révolution française. J'enseigne aujourd'hui un peu à la faculté de Rennes et beaucoup à l'université de Londres.

Edmond de la Salle ferma les yeux de dépit. Le président n'avait rien trouvé de mieux qu'un anthropologue. Et d'emblée il prit en grippe le nouvel arrivant car il détestait les anthropologues, des prétentieux encore plus inutiles que ceux recommandés par tel camarade de promotion.

- Puis-je vous rassurer ? Je ne suis pas anthropologue mais simplement historien. Je sais combien ils sont abscons, dit le professeur en le regardant droit dans les yeux et en souriant.

Le chef du protocole de l'Elysée sentit tous les poils qui recouvraient son corps se dresser d'un seul coup à la verticale, comme si cet inconnu avait lu dans ses pensées. Il lui désigna néanmoins un fauteuil.

- Eh bien, professeur Perry vous arrivez bien. Mes collègues et moi-même nous heurtons à un mur parce que nous ne connaissons pas la raison de cette... décision. Vous allez peut-être pouvoir nous éclairer ?

- Monsieur de la Salle, c'est exactement pour cela que je suis là, pour vous apporter mes lumières. Mais je m'appelle Feri, pas Perry.


L'historien ouvrit une serviette en cuir noir glacé, qu'Aline de la Brosse identifia immédiatement comme une manufacture Hermès, et il en sortit une pile de dossiers reliés, protégés par des couvertures transparentes qui laissaient apercevoir la silhouette typique d'un pont médiéval et les fit passer afin que les sept membres de la réunion puissent le consulter avant d'entendre ses explications. Aline de la Brosse continuait à l'observer car il se dégageait de lui une assurance inhabituelle pour un universitaire. De plus, il ne ressemblait pas vraiment à un fonctionnaire de l'Education nationale, ne serait-ce qu'à cause de ses vêtements. Elle décida alors de se pencher sous la table et de faire semblant de fouiller dans son sac pour regarder ses chaussures, la première chose qu'elle détaillait chez un homme. Elle avait une théorie, héritée de sa mère, qui disait qu'un homme qui portait des baskets n'irait jamais nulle part, même s'il était champion olympique du cent mètres. En revanche, des souliers bien soignés révélaient tout d'un homme. En attrapant donc un autre stylo, elle détailla les chaussures du nouveau venu et fut surprise en reconnaissant la trépointe typique de Berluti. En se redressant, Aline de la Brosse se dit que les universités anglaises rémunéraient certainement mieux que les françaises : grâce à un ancien ministre socialiste, le pays entier savait que pour une seule paire de Berluti, on pouvait en acheter soixante-quinze chez Eram.

Alors, toujours poussée par la curiosité, elle le dévisagea ouvertement. Le professeur Feri avait des yeux verts en amande, soulignés par des sourcils très longs dont le trait rejoignait presque chaque tempe  trahissait aucun affolement ou nervosité. Il était beau, mais exprimait quelque chose de froid et de distant, mélange des splendides yeux glacés de Patrica Kaas et du visage de Sean Connery, du temps de ses premiers James Bond. La jeune énarque ne savait trop dans quelle catégorie le placer, hormis celle des cerveaux à six mille tours minute.

- Bien, commença-t-il, une vieille tradition remontant à la nuit des temps dit que c'est le Diable qui a enseigné aux hommes la construction du premier pont. En couverture de ce petit dossier que vous avez entre vos mains, vous pouvez apprécier les courbes gracieuses de l'un des plus anciens ponts européens. Celui-ci se trouve à Lucques, Lucca, en Italie, l'un des innombrables « Pont du Diable » disséminés aussi bien en Europe qu'en Asie mineure. Ce sublime « Diavolo » italien vous montre que cette association du pont et du Diable n'est pas exclusive au Finistère ou à la Creuse. Nous en retrouvons d'innombrables illustrations au Pays de Galles, en Espagne, en Allemagne, en Suisse, au Portugal et même aux Etats-Unis. Attendez-vous d'ailleurs à plus de résistances de la part des Britanniques et des Espagnols qui, eux-aussi, refuseront, d'être les premiers à traverser un pont. A titre de comparaison, s'ils ne possèdent pas de traditions liant le Diable - Oni - au pont, les Japonais sont en revanche persuadés qu'il est plus facile de parler à leurs morts en marchant sur un pont. En clair : dans le monde entier ce dernier symbolise une interaction spirituelle entre l'homme et les divinités. Et si vous ne croyez pas à la survie de votre âme après votre mort, vous ne pouvez pas en conséquence comprendre la réticence de quelqu'un à être le premier à traverser un pont. C'est le point numéro un.

Un ange, dignement drapé dans une toge universitaire noire, passa au-dessus de la table. Aline de la Brosse décida aussitôt de briser le silence. Décidément, cette réunion ne ressemblait à aucune autre.

- C'est curieux, autant j'aurais trouvé ça normal avec Mitterrand, autant j'ai du mal avec notre président. Comme si ce n'était pas lui.

Le chef du protocole la dévisagea avec sévérité, puis fit signe au professeur de continuer. Celui-ci se racla discrètement la gorge et reprit :

- Le point numéro deux concerne l'architecte. Si l'on étudie les légendes de tous les ponts dans tous les pays, c'est à lui que le Diable s'adresse avant tout. Il lui propose son savoir-faire en échange d'une âme, celle du premier à traverser le pont. En réalité, cet échange n'est qu'un prétexte : le Diable n'a que faire de cette âme. Ce qui l'intéresse c'est le pont et il veut que celui-ci résiste au temps et porte sa griffe. D'où les innombrables « Ponts du Diable » qui existent un peu partout dans le monde. L'âme n'est qu'une couverture. Par le biais du pont, le Diable veut symboliser le passage d'une dimension à une autre au-dessus d'un gouffre, au-dessus de quelque chose d'infranchissable, au-dessus du vide, du néant, et demande le dépassement intellectuel absolu pour y arriver. Il interagit donc uniquement avec l'architecte, et personne d'autre. Néanmoins, cette tradition est tellement ancrée dans l'imaginaire qu'elle entraîne effectivement des réactions qui défient la logique. Je vous propose donc la réflexion suivante : de deux choses l'une, soit le Diable existe, alors à la lumière de cette légende persistante depuis des siècles, il est obligatoirement en contact avec l'architecte du viaduc de Millau  pas, mais jusqu'à présent personne n'a réussi à prouver qu'il n'existait pas, et cela n'efface toujours pas cette croyance. Pour traiter ce problème, il serait donc préférable d'accepter l'existence du Diable car cela facilite le traitement de la superstition. L'expérience des missionnaires en Afrique a montré que lorsqu'ils avaient accepté ou feint d'accepter les divinités fétichistes, il entraient à un moment donné ou à un autre en résonance avec les croyances locales et finissaient par trouver les mots exacts pour parler aux indigènes et les convertir.

Luc Feri s'abstint d'ajouter que la quasi-totalité des moines et prêtres qui s'étaient intéressés aux cultes fétichistes africains finirent par perdre plus ou moins la raison lorsque leur foi n'avait pas été assez solide.

L'assemblée écoutait et buvait littéralement ses paroles, prenant conscience que ses explications donnaient au sujet de leur réunion une dimension nouvelle et somme toute moins complexe. Le meilleur moyen pour traiter une maladie ne consiste-t-il pas à tout savoir sur elle ? Les médecins s'étaient rendus compte que les malades atteints d'un cancer et qui savaient tout sur le fonctionnement cellulaire de leur maladie avaient plus de chances d'en sortir que ceux qui la vivaient sans jamais chercher à la comprendre. Comme si les cellules tumorales, ravies que leur porteur s'intéresse à elles, décidaient d'établir une trêve et parfois même la paix...

Seule Martine Mazzoni, peu intéressée par ces sujets, manifesta immédiatement son scepticisme en regardant sa montre :

- Certes monsieur Feri, c'est très intéressant, mais le temps presse. En quoi cela peut-il nous aider à régler le problème de l'inauguration ou bien à permettre au chef de l'Etat de changer d'avis ?

Un sourire empreint d'une terrible ironie se dessina sur le visage du jeune historien, absolument pas désarçonné par l'agression verbale.

- Madame Mazzoni, vous, vous faites partie des personnes qui doivent résoudre le problème. Mon rôle, purement documentaire, consiste simplement à vous apporter les éléments d'aide à la décision. Je vous donne l'exemple du Pont du Diable du village de Saint-Gervais en Haute-Savoie qui franchit le Bonant, un torrent tumultueux. La légende dit que, furieux d'avoir été trompé, le Diable avait juré d'y revenir pour se venger. Les habitants savent que, tous les cinquante ans, très précisément un 23 mars, quelqu'un se suicide en se jetant du pont. Et le corps n'est jamais retrouvé. Enfin, je tiens à ajouter que tous les architectes savent que le premier à inaugurer un pont a une tendance statistique anormale à mourir dans l'année.

Un imposant cortège funéraire traversa l'esprit de chaque participant à la réunion. Le conseiller aux cheveux poivre et sel vint à la rescousse de l'historien et en profita :

- Professeur, les paroles de notre responsable de la communication ont dépassé ses pensées. A force de fréquenter les média, on perd la notion de réalité...

- De quelle réalité parlez-vous, monsieur Vandeval, s'exclama aussitôt Martine Mazzoni. Je n'ai jamais vu le Diable. En revanche, des journalistes, j'en vois tous les jours.

- Il est vrai que l'enfer des média, quand on est dedans, on ne peut pas s'en rendre compte, glissa Edmond de la Salle. Mais continuez professeur, continuez, je vous en prie. Ne faites pas attention à ces signes de nervosité, bien naturels compte-tenu du sujet peu ordinaire à l'ordre du jour.

- Madame, mademoiselle, monsieur, après avoir étudié en détails la légende de plus d'une centaine de ponts dits « du Diable » , tout me porte à croire que le Diable lui-même donnera ses instructions à l'architecte car, comme je vous l'ai dit, il se moque éperdument de ceÿlui qui traverse en premier. Il voudra autre chose, et c'est cela qu'il faudra lui donner afin que tout se passe bien.

Si le professeur Feri avait annoncé que le chef de l'Etat devait signer un contrat avec son sang, ils n'en auraient pas été plus surpris. Le silence, désormais habituel, accueillit son affirmation, interrompu parfois par une lointaine sirène de pompiers ou d'ambulance.

Aline de la Brosse savait que sa solution, la meilleure, allait finir par revenir. Sur un ton qui se voulait neutre, mais étant, au final, assez narquois, elle demanda :

- Bien qu'on nage en plein délire, nous devons donc expliquer au Président que le Diable ne veut pas de lui, mais simplement un présent, c'est bien ça monsieur Feri ?

Un éclat de rire aussi bref que général accompagna la question. L'historien esquissa lui-aussi un sourire de politesse et attendit quelques secondes pour répondre.

- En effet, mademoiselle, c'est bien cela. Le Diable semble avoir une passion incompréhensible pour les ponts.

Charles-Pierre de la Ribardière, le conseiller le plus proche du Président qui n'avait pas ouvert la bouche depuis l'arrivée de Feri voulut le tester.

- Professeur, je pense que tous ces ponts dont vous nous parlez se trouvent bien éloignés dans le temps. Avez-vous un exemple contemporain à nous fournir pour étayer votre hypothèse ?

- Oui, bien sûr, page 15 du dossier que je vous ai remis. Il s'agit du pont que certains d'entre-vous connaissent, le pont de Québec au Canada. Immédiatement après son achèvement, il s'est écroulé, créant l'un des plus grands scandales de l'époque, forçant l'architecte à recommencer. Il s'effondra à nouveau. Reconstruit une troisième fois, le pont a été aussitôt entouré par deux légendes persistantes. La première concerne l'architecte, qui, pour remercier le Diable, lui aurait fait l'offrande d'un boulon en or d'un demi-kilo, noyé parmi les milliers d'autres de la structure  toujours vissé. Même de nos jours, des petits malins grattent la peinture des boulons pour tenter de le retrouver. Une autre rumeur, toute aussi forte, affirme que le pont de Québec a été reconstruit par le Diable lui-même, déguisé en ingénieur. Le Brooklyn Bridge de New York a été, lui aussi, entouré par une série de légendes diaboliques, principalement en raison des nombreuses personnes qui y ont perdu la vie, soit en tombant du pont instable lors de sa première construction, soit en en sautant pour se suicider. On dit aussi que la couleur rouge du pont majestueux de San Francisco est un hommage au Diable.


Pendant qu'il parlait, chaque personne regardait avec attention la photo du gigantesque pont métallique de Québec, assez curieux par sa forme, ressemblant à celui du film « Le Pont de la rivière Kwaï ».

- Cela concerne-t-il tous les ponts, ou seulement quelques uns en particulier ? demanda Yves Vandeval, l'homme au cheveux gris.

- Tous les ponts qui ont une originalité absolue. Le pont Alexandre III, offert par la Russie à la France est un hommage gouvernemental pour les dizaines de milliers de soldats français qui ont perdu leur vie à se battre pour une cause qui n'était pas la leur. On a longtemps dit qu'en traversant le pont Alexandre III, on marcherait sur les corps de ces hommes. Pendant longtemps, on a aussi dit que l'architecte avait vendu son âme à Lucifer en échange de la capacité à construire le plus beau pont du monde. Mais comme il y eut trois architectes, on ne sait pas duquel il s'agit.

- Quels sont les « Ponts du Diable » les plus réputés ? demanda Aline de la Brosse.

- Celui de Cahors possède, si je puis dire, une dimension internationale. Il est d'ailleurs classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Des amateurs viennent du monde entier pour vendre leur âme au Diable sur le pont qui lui appartient. Le pont de Tranche-Montagne, dit « Pont du Diable » à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, a également la réputation d'avoir été construit grâce à un pacte avec le Malin. Ensuite on a, par ordre alphabétique dans le dossier que je vous ai remis, Aniane1, Anzème, Batz, Beaugency, Bedarieux, Vieille-Brioude, Cauterets, Chalençon, Foix, Giroux, Montoulieu, Mortain, Nans-sous-Sainte-Anne, Olargues, Olliergues, Orthez, Pont-à-Mousson, Pont-de-l'Arche, Pont-du-Gard, Rily, Saint-Bonnet, Saint-Gervais, etc.. Même chez nos amis suisses vous en trouverez dans le Schellenen. Ils ne portent pas forcément le nom de « Pont du Diable », en revanche leur construction a, comment dirais-je..., une odeur de soufre.

Le groupe réalisa que le rapport du professeur Feri venait de sauver cette réunion, assez mal partie.

- Savez-vous combien de « Ponts du Diable » existent en France ? s'enquit Robert Vallée, envoyé par la préfecture de l'Aveyron pour la coordination.

- On peut estimer qu'environ trois cents ponts divers et variés portent ce nom un peu partout . La plus ancienne légende connue touche le pont de Rosporden, dans le Finistère. On dit qu'un enfant a été enterré vivant dessous afin qu'il ne s'écroule plus. Selon certains collègues spécialistes de l'histoire gallo-romaine, les architectes romains, comme les byzantins, offraient un enfant vierge en sacrifice à l'un des piliers afin de se concilier les grâces du Dieu des Eaux.

- Cette superstition se retrouve-t-elle dans l'islam ? demanda Martine Mazzoni.

- Oui, sous un aspect différent toutefois. On donne le cas d'un derviche tourneur qui, à la suite d'une transe, a prophétisé au XVIIe siècle que la destruction du pont bosniaque de Mostar signifierait le début du djihad. Ce pont a toujours symbolisé l'entente et surtout le libre passage entre le monde musulman et le monde chrétien. Sa destruction pendant la guerre de Bosnie correspond exactement à la montée en puissance de l'islam et symbolise l'incompréhension que l'on observe aujourd'hui entre les deux religions. Et là aussi, l'architecte turc a dû sacrifier à l'époque deux vies humaines, un jeune couple emmuré dans le pont, pour parvenir à le terminer. En fait, on ne compte plus les sacrifices humains destinés à faciliter la construction des ponts. Ils n'ont réellement cessé qu'au début du XIXe siècle, remplacés par celui de pauvres chats.


Tout à coup, l'ambiance de la pièce devint littéralement glaciale, comme si une armée de spectres inquiétants, de fantômes décharnés et de silhouettes transparentes ainsi qu'un refuge complet de chats massacrés étaient venus se mêler aux lapins et à tous ces Diables pour manifester leur drame, leurs souffrances et leur désespoir. Le groupe, dans son unanimité, réalisa soudain que cette superstition reposait sur des faits réels, du « factuel » comme l'aurait dit Martine Mazzoni, et que la vie en 2004, malgré son côté ultra informatisé et technologique, possédait des zones inconnues, des zones mystérieuses, irrationnelles et toujours inexpliquées, qui plongeaient parfois chaque être humain dans une peur illogique et quelque peu ancestrale.


Un archétype, aurait diagnostiqué Jung.


Sans savoir pourquoi, Aline de la Brosse se leva brusquement et ouvrit l'immense fenêtre qui donnait sur le parc de l'Elysée, comme si cette ouverture allait permettre à tous ces fantômes de quitter les lieux et rendre l'air plus respirable. Une brise fraîche, transportant avec elle les parfums de toutes les essences d'arbustes et d'arbres du parc donnant sur l'avenue Gabriel, pénétra dans la pièce et détendit immédiatement l'atmosphère.

Martine Mazzoni, toujours sceptique, n'adhérait pas à cette série qu'elle mettait sur le compte de vieilles superstitions moyenâgeuses accumulées au cours des temps.

- Professeur, je vois dans votre dossier que le pont du Québec remonte au début du siècle dernier. Je ne peux croire que depuis cent ans on n'en ait pas construit et inauguré d'autres. Si vous me donnez seulement un cas entre 1999 et 2004 où ces... faits se sont manifestés, je serai alors un peu plus convaincue de vos propos, qui, avouez-le, sont totalement surréalistes.

Le groupe enregistra un revirement de l'opinion commune. La balance pencha à nouveau dans le camp des sceptiques et rien ne semblait pouvoir la faire bouger. Tout le poids de la Raison venait de l'immobiliser. Mais Luc Feri, toujours aussi détendu, ne semblait pas s'en rendre compte. Il fixa intensément la chargée de la communication de l'Elysée qui eut du mal à soutenir son regard.

- Madame Mazzoni, je comprends votre réaction. Aussi, je vais vous donner le cas du Pont du XXIe siècle.

- Où ? demanda-t-elle.

- A Londres justement. Un des projets lancés en 1990 par Downing Street pour fêter symboliquement le passage de l'an 2000. Il s'agit d'un pont réservé aux seuls piétons, traversant la Tamise du Nord au Sud, et le premier à être construit à Londres depuis plus de cent ans.

Luc Feri marqua volontairement un instant de silence avant de reprendre :

- La reine Elisabeth a inauguré le pont alors que celui-ci n'était pas terminé.

Un point d'interrogation se dessina sur le front de chaque membre de la réunion. Le chef du protocole, sidéré, écarquilla les yeux. Le protocole, il connaissait bien :

- La reine a inauguré le Pont du XXIe siècle alors qu'il n'était pas achevé ?

- Oui. Les Anglais ont des relations bizarres avec les ponts.

- Et pourquoi ? questionna Martine Mazzoni.

- Oh, d'abord cette vieille croyance que le premier à inaugurer un pont meurt dans l'année. Les Anglais tiennent à leur reine et, pragmatiques, préfèrent ne pas courir de risques. En conséquence, elle a traversé le pont sans le traverser puisqu'il n'était pas relié à l'autre rive.

- C'est de l'humour anglais ? demande Yves Vandeval.

- J'ai du mal à croire à une chose pareille. Je vais demander un dossier complet sur cette affaire à notre ambassade, remarqua Edmond de la Salle. C'est purement extravagant.

L'historien reprit :

- Cela s'est passé au mois de mai 2000. Avouez que Buckingham Palace aurait pu attendre que le pont soit terminé. Ils n'en étaient pas à quelques mois près...

Edmond de la Salle échangea un regard avec Martine Mazzoni, et, n'y décelant aucune opposition, il enchaîna aussitôt :

- Bien, bien. J'avoue que cette affaire est vraiment troublante. Si même la reine d'Angleterre ne veut pas être la première à franchir un pont, alors je comprends que notre Président puisse faire preuve de réserve. Professeur, que nous conseillez-vous exactement ?

- Que vous établissiez un contact avec l'architecte et que vous sachiez exactement ce que le Diable lui a demandé. Lorsque vous le saurez, le Président pourra peut-être traverser le pont en premier, sans aucun souci.

- Qui est l'architecte de Millau ? demanda le chef du protocole.

- Nigel Forsyth, répondit la chargée de mission du Ministère de l'Aménagement du Territoire, un Anglais, très très connu. Il a obtenu d'innombrables prix internationaux, dont les plus célèbres, le prix Auguste Perret et le Pritzker Prize, le Nobel de l'architecture. Du même niveau que Pei. Anobli par la reine Elisabeth en 1999 qui lui a donné le titre de Lord Nigel Forsyth of River Bank. Lors du concours, son projet a été choisi presque à l'unanimité. Forsyth a opté pour sept piliers surmontés de pylônes dont l'un s'élève à plus de 330 mètres, plus haut que la Tour Eiffel ! Ils soutiendront un tablier long de deux kilomètres et demi.

- Si je comprends bien, après avoir été la capitale des bouchons, Millau va devenir la capitale du Diable, lança Yves Vandeval quelque peu moqueur. Je comprends que cet ouvrage pharaonique ait plu à Lucifer, si toutefois celui-ci existe. Diable, Malin, Satan, Lucifer, etc.. C'est quoi la différence ? On s'y perd un peu. Vous pouvez nous expliquer, professeur ?

- Oh, les spécialistes effectuent une distinction très précise entre Satan et Lucifer. Dans le cas qui nous préoccupe, il s'agit de Lucifer. Les autres dénominations, Diable, Malin, etc. , ne sont que des noms génériques, comme Frigidaire, désignant l'un ou l'autre. Lucifer est celui qui a poussé, selon les textes anciens, Eve à découvrir la « connaissance » , le « savoir » , réservés exclusivement à Dieu. Lucifer apparaît pour la première fois dans un texte du prophète Isaïe qui a vécu il y a 2600 ans environ. Lucifer, du latin « porteur de lumière » est intimement lié à la propagation de la connaissance, ce qui explique, entre autre, que le pont soit plus ou moins associé à lui. Satan, du grec « précipité du ciel » , est associé à des choses violentes et particulièrement glauques. Les tortures physiques pratiquées par les moines inquisiteurs, elles, étaient dans leur horreur purement sataniques. En revanche, le pacte faustien typique, censé apporter savoir, richesse, jeunesse et gloire, se signe toujours avec Lucifer, jamais avec Satan. C'est on ne peut plus clair. Huysmans l'a très bien résumé au XIXe siècle.

Pressé de quitter la réunion, Charles-Pierre de la Ribardière décida de lancer la conclusion et posa ses deux mains sur la table, loin devant lui, les doigts écartés, signe bien connu de son impatience.


- Qui veut aller à Millau ou à Londres pour rencontrer l'architecte Forsyth et lui demander quand il a vu le Diable pour la dernière fois ? Et, si ce n'est pas trop abuser de son temps, de bien vouloir nous raconter la discussion qu'il a eue avec lui...

Un éclat de rire groupé souligna la question qui impliquait au passage que ce ne serait pas lui, ni personne d'autre de l'Elysée. Tout le monde se regarda, sans qu'aucune main ne se lève. Edmond de la Salle posa ses yeux bleus remplis d'un détachement tout aristocratique sur Aline de la Brosse, aussitôt suivi par le reste de l'assemblée. Malgré son assurance, la jeune femme rougit légèrement et tenta de se défausser :

- Euh, je suis très flattée, mais je pense que le Professeur Feri est le plus qualifié d'entre-nous pour discuter de ce sujet avec Forsyth. Par ailleurs, monsieur Feri est souÿvent à Londres, puisqu'il y enseigne.

Une fois de plus, la logique de l'Ecole Nationale d'Administration avait sévi de façon imparable. Mais l'historien prit une attitude navrée :

- Je n'appartiens à aucun cabinet, en conséquence je ne peux représenter l'Elysée ou un ministère. Mais je serai ravi de retrouver mademoiselle à Londres et de l'accompagner si elle le souhaite.

L'argument se tenait. A nouveau, le groupe se focalisa sur la jeune énarque.

- Très bien, j'irai à Londres. J'espère simplement que Forsyth ne me jettera pas de son bureau comme Dieu a éjecté Lucifer du Paradis lorsque je vais lui poser la question. Heureusement que le ridicule ne tue pas.


Le chef du protocole remercia chaque personne et promit de fixer la date d'une nouvelle réunion dès qu'Aline de la Brosse lui aurait rendu son rapport. Alors, comme un signe invisible attendu depuis plus d'une heure, tous se levèrent, assemblèrent leurs affaires, et, tout en continuant à bavarder, se dirigèrent vers la sortie, ravis de s'être débarrassés de cette pesante obligation.


Ce n'est pas tous les jours que le Diable fait l'objet d'une réunion à l'Elysée.










« Au Peuple de Southwark, à la Cité de Londres, et à tous ceux, du monde entier, qui le franchiront »


Dédicatoire de la reine Elisabeth II pour le Pont du Millénaire.





« Le pont a été conçu pour fixer l'oeil, spécialement la nuit lorsqu'il est illuminé. Sir Foster a déclaré qu'il formera « une véritable lame de lumière » au-dessus de la Tamise lorsqu'il sera illuminé la nuit. Le pont n'était pas terminé lorsque la reine l'a inauguré »


BBC News, Mai 2000






~ 2 ~











L'occupant de la suite 7816 du Caesar's Palace de Las Vegas remercia le porteur mexicain d'un mouvement de tête et lui glissa un billet de cinq dollars dans les mains. La porte réservée au service se referma sans bruit et Nigel Forsyth retourna devant la baie vitrée de son appartement « penthouse » où fut naguère tourné le film « Rain Man » avec Tom Cruise et Dustin Hofman.

Presque 300 m2 à lui seul, deux chambres à coucher avec miroirs, un piano de concert à l'étage en mezzanine et bien-sûr le célèbre jacuzzi rond pour dix personnes face à la spectaculaire baie vitrée offrant une vue unique, mystique, sur Las Vegas. Les néons du « Strip » , le Las Vegas Boulevard, scintillaient dans la nuit, telle une guirlande électrique géante coupant la ville en deux. L'architecte fixa d'abord les flamands roses du Flamingo Hilton juste en face qui s'animaient régulièrement, glissa sur le dôme du Sands, légèrement sur la gauche, où descendaient naguère Frank Sinatra, Ronald Reagan et Adnan Kashoggi, puis revint sur les néons bleus de l'Imperial Palace qui aurait pu se trouver en plein coeur de Tokyo. A sa gauche, le Mirage, son volcan, ses cascades géantes et ses tigres blancs. Il s'arrêta sur la masse du Hilton-Hilton et se revit, quarante ans auparavant, lorsque étudiant, il avait visité Las Vegas avec un Greyhound Bus. Depuis, la cité s'était métamorphosée en une ville de lumière et de folie où les architectes n'étaient contraints par aucune limite. En bas, dans un ballet incessant, les longues limousines Cadillac noires ou blanches déposaient leurs occupants devant l'entrée du Caesar's et se garaient ensuite sur le parking central, au milieu de la piste olympique. De cette chambre, il avait la sensation de dominer le monde. Las Vegas procurait toujours un sentiment d'ivresse et d'invincibilité et Nigel Forsyth n'échappait pas à la règle. Il avait construit des immeubles, des métros, des héliports, des laboratoires, des usines, des banques, des musées, des parlements, des yachts, des bibliothèques, des théâtres, des aéroports, des gratte-ciel et même de simples maisons dans les plus belles et les plus puissantes capitales de la planète, défiant le temps, la gravitation et l'espace. Sa renommée était internationale, son nom couvert de gloire et de récompenses, cinq livres lui étaient consacrés et la presse le comparait à Le Corbusier. Il avait tout réussi.


Sauf une chose.


Un pont.


Ce qui devait résumer son génie unique, un faisceau lumineux ressemblant à un rayon laser au-dessus des eaux, le Pont du XXIe siècle traversant la Tamise à Londres, avait failli se solder par un fiasco. Pourtant, cela faisait longtemps qu'il savait que la construction d'un pont échappait aux règles classiques de l'architecture. Construire un pont relevait plus de l'exercice spirituel que d'un calcul de volumes, de contraintes ou de masses. Il avait toujours entendu dire par les vieux architectes qu'il importait « d'être prudent avec un pont car celui-ci avait une curieuse tendance à se rebeller contre son créateur » . Lancer des tonnes de structures métalliques, de câbles et de béton au-dessus du vide, à l'horizontale, est bien différent d'un gratte-ciel qu'on érige à la verticale à partir de solides fondations.


Les lois ne sont pas les mêmes.


En fait, aucune loi de l'architecture ne pouvait s'appliquer totalement à un pont.


Mais pour quelles raisons un pont a-t-il tendance à se rebeller contre son concepteur ? Est-ce pour cela qu'on dit qu'un pont est plus l'affaire des ingénieurs que des architectes ?


A Londres, tout avait bien commencé. Il avait emporté le projet au nez et à la barbe de ses concurrents et de ses détracteurs. Deux pylônes et des câbles pour le premier pont piéton au-dessus de la Tamise, intégralement illuminé et transparent, comme échappé d'une bande dessinée de science-fiction. Un Alexandre III de l'an 3000 quelque peu en avance sur son temps. Les calculs avaient été vérifiés dix fois, vingt fois, cent fois, mille fois par son équipe. Et pourtant, quelque chose avait été oublié ou négligé. Ses professeurs avaient raison lorsqu'il disaient qu'un pont se rebellait contre son créateur. Le plus drôle fut qu'au même moment, les Français rencontrèrent un problème identique à Paris au bord de la Seine avec un pont piéton sans aucune prétention. Obligés de le fermer au-bout de quelques jours. Les médias des mangeurs de grenouilles traitèrent le sujet de la même façon qu'un accident banal. Mais lui, Nigel Forsyth, architecte adulé, star internationale, n'eut pas cette chance. D'abord, la reine Elisabeth II inaugura son pont alors qu'il ne l'avait pas fini. Bon, c'est vrai, les travaux avaient pris du retard. Mais cela n'expliquait pas la volonté de Buckingham d'inaugurer un pont inachevé. Et le pire arriva ensuite. Lors de l'ouverture officielle, cent mille personnes se précipitèrent pour tester le Pont du XXIe siècle. Associé ce jour-là à un vent particulièrement violent, il se mit à vibrer, à tanguer, au point que certaines personnes eurent un début de mal de mer. Il s'y rendit lui-même pour vérifier et eut l'impression curieuse d'être à bord d'une Citroën DS, sa voiture culte, chef d'oeuvre de design et d'ingénierie. Dotée de suspensions hydrauliques, la DS donnait le mal de mer aux passagers arrière, son seul véritable défaut.

Comment une telle erreur avait-elle pu être commise ?


Au bout de quarante-huit heures, les bobbies interdirent l'entrée au public. Un camouflet comme il n'en avait jamais reçu. Lui, un Lord. A côté, même les deux millions d'euros que le gouvernement belge refusait de lui régler pour son parlement à cause de quelques malheureuses fissures apparaissaient comme une peccadille. Et, cerise sur le gâteau empoisonné, les structures du pont rouillèrent vingt fois plus vite que d'habitude. Au bout de trois mois, tout dut être remplacé, dévoré par la corrosion !


Incompréhensible.


Certes, certes, il y avait cette légende à propos des ponts. Mais on ne devient pas architecte pour croire à ce genre de choses. A son niveau, et à son âge, on ne s'occupe pas de ce genre de fables. Pourtant il faudrait peut-être bien qu'il le fasse, car son second pont pourrait connaître une mésaventure similaire. Mais s'il avait eu autant de surprises avec un tout petit pont long de 350 mètres, que risquait-il alors de se passer avec le viaduc de Millau, long de 2500 ? Rien qu'en y songeant, il sentit une sueur froide dévaler son dos. Et si les calculs n'étaient pas bons ? Est-ce que les sept piliers seraient suffisants ? Et si le pont se mettait à tanguer ? On connaît des précédents où, malgré tous les calculs des ingénieurs, mathématiciens, physiciens et architectes, un pont géant fraîchement construit se révolta. Le béton sembla avoir été touché par une main invisible et s'anima immédiatement2: le pont commença alors à bouger puis à onduler avant de tanguer comme un bateau ivre pris dans une violente tempête pour se briser lamentablement en deux au bout d'une demie-heure d'agonie...


Le cauchemar.



Nigel Forsyth, l'un des plus grands architectes que le monde connaissait, eut soudain très peur. C'est à ce moment qu'il entendit le « ding dong » de la porte. Le temps qu'il fasse le tour de l'immense canapé en « L »  et le barman chinois en costume blanc à épaulettes rouges était déjà devant la porte à double battants, estampillée de la signature d'Auguste. Son visiteur entra et lui serra la main avec beaucoup de distinction. Avec soulagement, l'architecte constata qu'il n'avait pas les mains moites. Comme Marcel Dassault3, il s'était séparé de deux de ses collaborateurs pour cette raison. Le garçon referma la porte et se précipita derrière son bar. Son mystérieux visiteur qui l'avait invité à Las Vegas regardait lui aussi à travers la gigantesque baie vitrée l'immense panneau électroluminescent du Caesar's annonçant une série unique de dix concerts de Led Zeppelin, reformé grâce aux millions de dollars du casino. Le guitariste mythique, le chanteur et le bassiste original habitaient d'ailleurs au même étage.

- J'aime l'art, dit son visiteur, le dos tourné. Et vous, Sir Forsyth, à part l'architecture, aimez-vous la musique ? La littérature ? La peinture ? Qu'est-ce qui vous inspire, dites-moi, pour dessiner autant de merveilles ?


Le barman venait de disposer sur la table basse deux flûtes de champagne et un seau rempli de glace avec une bouteille de champagne américain au milieu. Forsyth sortit de son portefeuille un billet de dix dollars et le glissa dans la main du serveur.

- Vous pouvez nous laisser maintenant.

Le garçon s'inclina légèrement et disparut sans faire de bruit. De son côté, le visiteur se retourna et s'approcha de la table. L'épaisse moquette avalant tous les bruits, l'architecte eut le sentiment qu'il s'était déplacé sur un tapis volant.

- La musique est mon passe-temps favori, répondit le Britannique qui possédait l'installation haute-fidelité la plus extravagante d'Angleterre avec un lecteur de disques vinyle 33 tours au laser, une folie, un délire technologique qu'il avait commandé pour presque deux millions de dollars à un laboratoire d'optique de Stanford. Ainsi, il pouvait écouter ses vieux disques noirs sans les abîmer sur ses Martin Logan électrodynamiques, chacune de la taille d'un pan de mur, et donner des conférences sur la nécessité de « conjuguer le digital avec l'analogique ».

- Avez-vous entendu le commentaire du compositeur Karlheinz Stockhausen à propos des attentats du 11 septembre ?

Forsyth, qui pensait que le musicien était mort au siècle dernier, fut surpris.

- Non...

- Il a dit : « C'est une oeuvre d'art, une oeuvre d'art de Lucifer. La plus grande composition artistique de tout l'Uniÿvers » .

- Ah.

- Croyez-vous que Lucifer puisse exister, Lord Forsyth ?

( SUITE DANS LE LIVRE )

HRM-BUPONTS
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Tous Droits Réservés

Service de Presse Jardin des Livres :

Marie Guillard 01 44 09 08 78


Couverture : Patrice Servage


*"Fauves d'Afrique", éditions Enprint, 14 rue des Reculettes, Paris 75013. ISBN: 2-9513355-4-7..

1 Aniane se trouve juste à côté de Saint-Guilhem-le Désert, à 35 km au nord-ouest de Montpellier, près des Causses du Larzac. Le chemin départemental 29 passe sur le Pont du Diable, construit entre 1025 et 1031 par les moines d'Aniane et de Gellone pour faciliter la circulation entre les abbayes. Inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

2 Ce fut le cas historique en 1940 du "Tacoma-Narrow Bridge" près de Seattle qui s'est brisé en deux après avoir été parcouru comme par des vagues invisibles, peu de temps après son achèvement. L'enquête a établi que le vent "trop brutal" était responsable du drame!

3 Marcel Dassault avait gardé sur lui, tout au long de sa vie, un trèfle à quatre feuilles qu'il avait trouvé au début de sa carrière. C'était son talisman qui lui a servi d'ailleurs pour le titre de son autobiographie, intitulée "Le Talisman".

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