le retour au standard or antal fekete

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INTERVIEW DU PR ANTAL FEKETE LORS DE SON PASSAGE A PARIS


Les raisons pour lesquelles le standard-or va remplacer l'argent-papier, et pourquoi l'économie mondiale est condamnée à exploser.

"Les économistes actuels sont des charlatans, des bonimenteurs qui, tout en se délectant de leur propre gloire, sont totalement incapables de prévoir un effondrement financier, même quand ils le regardent fixement dans les yeux, comme l'a montré leur misérable performance de 2007. Pire encore, ils sont même totalement incapables d'admettre leurs propres erreurs. Ils sont une malédiction jetée sur le corps politique et des verrues sur le corps académique. Ils conduisent le monde vers un désastre monétaire et économique sans précédent à la minute où je vous parle".

Le professeur Antal Fekete est un théoricien de l'or depuis quarante ans et forme les spécialistes du métal jaune des banques centrales. Dans ce livre, il explique les raisons pour lesquelles le système financier mondial se dirige vers l'explosion, comme un train lancé à toute vitesse et auquel on a enlevé les freins, alors que la presse tente de vous faire croire par tous les moyens que tout va bien.

Pour le Pr Fekete, le système reposant sur la monnaie-papier (euro, dollar) est arrivé à son terme, exactement comme les billets de banque de John Law ont disparu en fumée sous Louis XV. Et il explique aussi pourquoi Nicolas Sarkozy avait vendu l'or de la France de toute urgence alors que le cours était au plus bas.

Avec ce livre, vous allez également découvrir que l'économie est quelque chose de très simple, mais que les pseudo-économistes l'ont volontairement rendue compliquée, afin de cacher les mécanismes de la monumentale escroquerie du dollar.

Un livre exceptionnel en format de grand lingot d'or qui vous donne aussi
les clés pour sauver votre épargne. 230 p.


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Antal Fekete est né à Budapest en 1932. Diplômé en mathématiques de l'Université Lorant Eötvös de Budapest en 1955, il a quitté la Hongrie dans le sillage du soulèvement de 1956 réprimé par les forces d'occupation soviétiques. Émigré au Canada, il a été nommé en 1958 professeur à la Memorial University de Terre-Neuve, poste qu'il occupa jusqu'en 1993. Dans ce cadre, il a également été « professeur invité » à Columbia ( 1961 ), au Trinity College de Dublin ( 1964 ), Acadia University Wolfville Nouvelle-Écosse ( 1970 ) et à Princeton ( 1974 ) où il a rencontré Paul Volcker, futur patron de la Fed. Depuis 2000, il a été professeur au Intermountain Institute for Science and Applied Mathematics, Montana et a donné des cours dans le cadre de sa Gold University, afin d'expliquer au monde entier que le système économique va à sa ruine si on ne réinstalle pas une forme de standard or au plus vite. À partir de 2009, il a commencé à enseigner à Munich à la New Austrian School of Economics. Ses séminaires privés sont suivis par les responsables des plus grandes banques centrales et hedge funds qui utilisent l'or comme investissement.

~ Interview ~


Le Jardin des Livres a profité du passage du Pr. Fekete à la maison d'édition pour réaliser une interview « point fixe  » au vu des derniers développements de septembre 2011. S'il a écrit dans ce livre qu'il s'attend à un effondrement économique d'ici dix ans au grand maximum, cette fois il nous l'annonce précisément pour les deux prochaines années, car « tout est soudain allé très vite, trop vite, surtout depuis cet été ; je pense qu'en 2012 les effets de la crise seront très très sévères  2008 apparaîtront comme des plaisanteries  ».


Le Jardin des Livres : La Grèce s'apprête à faire faillite. Quelles seront les conséquences économiques et pratiques pour nous ?

Pr Antal Fekete : Je trouve inquiétant que le peuple grec se réjouisse de cet événement. Les Grecs pensent que dévaluer librement leur monnaie sans le soutien de l'Europe va leur redonner la liberté, la puissance et un brillant avenir. Mais ils ont tort, terriblement tort. Ils deviendront les premières victimes et vont payer un prix très cher pour leur ignorance. Et les Allemands et les Finnois vont également payer un prix très cher pour avoir permis à l'euro d'exploser. Parce qu'il ne s'agit là que de la première étape de la destruction de l'euro, puisque ce sont la Finlande et l'Allemagne qui ont mis leur veto au plan de sauvetage de la Grèce. La destruction de l'euro, puis celle du marché commun vont appauvrir tous les Européens. Il y aura encore plus de chômage et de faillites, et encore moins d'ordre et de respect des lois, aussi bien en Grèce que dans les autres pays.

JDL : Vous voulez dire une guerre civile ?

AF : Oui, c'est une très forte possibilité.

JDL : Est-ce que vous voulez aussi dire que les peuples Français, Italien, etc. ne pourront pas retirer leur argent des banques ?

AF : Toutes les grandes banques sont aujourd'hui insolvables. Les médias déforment l'information en disant que c'est une « crise de liquidités  ». Ce n'est pas vrai. Il s'agit d'une crise de solvabilité. La situation est maquillée grâce aux efforts faits par les banques pour falsifier leur bilan. Par exemple : elles ont mis aux obligations des gouvernements comme la Grèce, Irlande, Espagne, etc. des valeurs « générées par modèle  », alors qu'en réalité, elles auraient dû y inscrire les vraies valeurs fixées par le marché. Et la valeur donnée par le marché à certaines de ces obligations est tout simplement zéro, car il n'y a tout simplement pas de marché, ni de demande. Personne n'en veut de ces obligations. Donc une vraie comptabilité devrait montrer leur insolvabilité, ce qui est bien différent d'un « manque de liquidités  ». Dans une certaine mesure, la sortie de la Grèce de la zone euro va révéler l'insolvabilité des banques françaises, italiennes, etc. Oui : les gens ne pourront pas retirer leur argent simplement parce que les banques n'auront pas d'argent.

JDL : En vous lisant, les lecteurs vont soit jeter votre livre par la fenêtre, soit se ruer dans leur agence pour retirer leur argent...

AF : Je crains que peu de gens me prendront au sérieux. En fait, les banques auraient dû être fermées en 2008. Au lieu de ça, les politiques les ont sauvées avec du vent et des mensonges. On devrait apprendre aux jeunes à lire un bilan dès la sixième...

JDL : Dans votre livre vous parliez d'une explosion dans les dix prochaines années. Vous étiez optimiste ?

AF : Je l'étais mais je ne le suis plus du tout maintenant. Aujourd'hui nous sommes le 10 septembre, et les événements se sont accélérés à cause de l'incroyable inaptitude des gouvernements et des banques centrales à gérer cette Grande Crise financière. Je pense maintenant que l'effondrement se passera dans les deux prochaines années, sans doute en 2012.

JDL : Comment les lecteurs devraient se préparer à cet événement majeur selon vous ?

AF : Nos lecteurs doivent comprendre que l'or n'est pas un investissement, mais une assurance. Si vous avez une assurance sur votre maison, et que votre maison ne brûle pas, vous ne penserez jamais que vous avez payé vos cotisations pour rien. Vous allez même vous réjouir qu'elle soit restée intacte. De la même façon, même si le pire n'advient pas, votre or a gardé une valeur. Idem pour l'argent métal qui est tout aussi important : pas parce que vous voulez bénéficier de la hausse de son cours, mais parce que si jamais le pire arrive, alors il ne sera pas bon de montrer que vous avez de l'or quand vous achèterez de la nourriture ou des médicaments. Payez vos achats avec des pièces d'argent. Vous pourriez même être tué si vous montrez votre or. L'argent sera important pour les petits achats de première nécessité. Les lecteurs devraient également stocker de la nourriture et des médicaments, car avec une crise de cette nature, il n'y aura plus une pharmacie d'ouverte, ni de stations service.

JDL : Vous êtes donc sûr à 100% que tout le système économique reposant sur l'argent papier est en train de vivre ses derniers moments ?

AF : Oui. De toute manière, aucune expérience de système d'échanges économiques reposant sur l'argent papier ne s'est bien terminée, l'Histoire nous le montre. Le taux d'échec est de 100% pour les billets papier. La seule différence est qu'aucune d'elles n'a duré plus de 18 ou 20 ans alors que cette expérience-ci vient juste de fêter son 40e anniversaire. Mais n'oubliez pas : toutes les autres n'ont pas bénéficié des enseignements de Keynes et de Friedman. Cela ne fait que prolonger l'agonie un peu plus longtemps, mais le résultat au bout est le même.

JDL : Beaucoup de personnes se demandent justement si elles doivent emprunter à la banque puisque tout le système financier va s'effondrer ?

AF : Pourquoi pas, surtout pour acheter une maison à la campagne, loin des grandes villes. Je n'achèterais jamais une maison ou un appartement dans une grande ville, parce que, exactement comme dans les années 1930, on pourra voir un effondrement du marché de l'immobilier, comparable à ce qui s'est passé récemment aux US.

JDL : Vous pensez vraiment que les grandes villes deviendront un cauchemar, une jungle ?

AF : Oui, il faut vraiment y penser et vous assurer que vous disposez d'un autre lieu pour vous replier.

JDL : Donc il y aura une révolution mondiale sachant que l'euro et le dollar sont devenus les principales, voire les seules monnaies de stockage de richesses de pratiquement tous les gouvernements de la planète ? Ce sera la porte ouverte au fascisme...

AF : Oui, sauf qu'il existe un moyen d'empêcher tout cela de se passer. Le dollar, comme l'euro, peuvent être sauvés en ouvrant la Monnaie à l'or et à l'argent  en même temps que le papier monnaie à un taux d'échange variable.

JDL : Oui, mais cela prendra combien de temps aux gouvernements pour réaliser que c'est la seule solution pour sauver ce qui peut être encore sauvé ?

AF : Quand le taux de chômage atteindra les 30% ou 50% de la population en âge de travailler. Lorsque cela arrivera, les gouvernements deviendront impuissants et jetteront leurs économistes keynesiens et friedmaniens par la fenêtre. Ils chercheront des solutions. C'est exactement comme cela que Keynes, à l'époque, avait vendu sa recette.

JDL : Vous annoncez bien des souffrances pour les gens normaux, pour la classe moyenne... Avec une hyperinflation à la Weimar ?

AF : Je ne suis pas de ceux qui croient que le dénouement prendra la forme d'une hyperinflation. Ce sera quelque chose de différent, plus comme une déflation ou bien une dépression, ce qui sera bien plus douloureux.

JDL : Comment la population pourra-t-elle pourvoir à ses besoins ?

AF : Comme en Argentine ou en Bolivie, avec le troc et les pièces d'argent.

JDL : C'est un scénario apocalyptique, comme en temps de guerre...

AF : Oui, mais comme en temps de guerre, la souffrance peut être limitée par une paix précoce. Dans notre cas, bien des choses dépendront du temps que mettront les gouvernements à réaliser que les politiques de Keynes ou de Friedman ne servent à rien. Ils devront remettre l'or et l'argent en circulation aux côtés du papier. Que le peuple choisisse.

JDL : Voyez-vous aussi l'éventualité d'une confiscation de l'or type années 1930 ?

AF : C'est possible, mais peu probable. D'abord les gens n'obéiront pas parce qu'ils comprendront que ce sera une opération à la Roosevelt, confisquer l'or du peuple, le remplacer par du papier, puis remonter la valeur du cours de l'or. Le nom de cette action gouvernementale est simple, c'est un « dépôt de bilan frauduleux  »

JDL : Vous dites souvent que l'or est un extincteur de dette. Que voulez vous dire par là ? C'est inhabituel de comparer l'or à un extincteur...

AF : Nous vivons dans un monde bizarre où nous avons des extincteurs très efficaces, mais, par ordre du gouvernement, nous n'avons pas le droit de les utiliser en cas d'incendie. De plus, ils sont enfermés dans des coffres et surveillés par des gardes lourdement armés. C'est la situation tragique de l'or qui pourrait éteindre les mauvaises dettes dans cette économie et stopper la croissance explosive de la Tour de la Dette. Hélas, cette dette continue à croître, et aujourd'hui il n'y a plus aucun moyen de l'arrêter. Comprenez-moi bien, cette Grande Crise Financière est un gigantesque incendie qui est devenu totalement incontrôlable. Cela risque de très mal se terminer.

Le Retour au standard Or

les raisons pour lesquelles le standard-or va remplacer l'argent-papier, et pourquoi l'économie mondiale est condamnée à exploser.

« Le FMI ne sera jamais capable de faire oublier ce qui a été un ''viol monétaire'' de l'Europe centrale et de ses nations captives. Le FMI a été le chien qui a rabattu ces peuples sous le drapeau américain, passant d'un camp de travail à un autre  »

« La Grande Crise financière actuelle est une crise de destruction des capitaux, une conséquence de la soi-disante « démonétisation  » de l'or décidée voici 40 ans, le 15 août 1971, par le président Richard Nixon, et cela sur les bons conseils de l'Américain Milton Friedman, prix Nobel 1976 d'économie  »

« Les économistes actuels sont des charlatans, des bonimenteurs qui, tout en se délectant de leur propre gloire, sont totalement incapables de prévoir un effondrement financier, même quand ils le regardent fixement dans les yeux, comme l'a montré leur misérable performance de 2007. Pire encore, ils sont même totalement incapables d'admettre leurs propres erreurs. Ils sont une malédiction jetée sur le corps politique et des verrues sur le corps académique. Ils conduisent le monde vers un désastre monétaire et économique sans précédent à la minute où je vous parle  ».

« Si les universités sont les lions apprivoisés des banques, alors le journalisme financier est leur caniche  »

« La seule question est de savoir si le bateau fait de papier-monnaie et ses voyageurs peuvent survivre au naufrage lorsque leur navire se fracassera contre le rocher  »

~ Préface ~

La véritable cause de la grande crise financière est la destruction accidentelle de l'étalon-or il y a un siècle par l'introduction des billets de banque, juste avant la Première Guerre mondiale, et la décision vengeresse d'interdire le marché international des effets de commerce réels. Ce sont ces mesures qui ont donné naissance au régime de la monnaie corrosive et non transformable, aux taux de change flottants, aux taux d'intérêt en mouvement constant, et à la dette en croissance perpétuelle - un accord monétaire jamais vu auparavant à un niveau aussi global .

Je suis un vieil homme. J'étais impatient de profiter des plaisirs tranquilles de la retraite. Cependant, la crise mondiale actuelle m'a forcé à la quitter.

Je pense qu'il est de mon devoir de faire tout ce que je peux pour éviter un désastre, à savoir le rétablissement de la norme dite « 100% or  » et de la laisser aller, comme un agent bouc-émissaire chargé d'une mission condamnée d'avance à l'échec, comme ce fut le cas avec le retour au standard or en 1925 de l'Angleterre.

Ce retour avait échoué parce qu'il n'y a pas eu de chambre de compensation et le système manqua totalement d'élasticité que seule l'auto-liquidation de crédit, incarnée par la libre circulation des billets à ordre réels, pouvait donner au système monétaire. Ce retour a été voué à l'échec dès le départ.

Prendre le standard dit « 100% or  » reviendrait à répéter l'erreur des Britanniques de 1925.

Un autre échec de l'étalon-or renverrait alors le monde une centaine d'années en arrière.

Entre-temps, il y aurait des guerres commerciales qui très probablement conduiraient à une autre guerre mondiale.

Et notre civilisation même serait mise en danger.

Antal Fekete

~ 1 ~
Comment le retour au standard or a été saboté en 1983

« La montagne a accouché d'une souris  » C'est ainsi qu'on pourrait résumer la publication du fameux rapport sur les raisons qui ont déclenché la crise, le Financial Crisis Inquiry Report du 27 janvier 2011, commandé par une précédente équipe du Congrès américain. Un autre résumé pourrait aussi être ce titre du New York Times : « Le Désastre Financier de Washington1» daté du 29 janvier 2011. Le problème avec ce rapport officiel sur les raisons de la crise, est qu'il diagnostique mal la source et surtout qu'il ne donne même pas l'ombre d'une solution. La cause profonde n'est pas la déréglementation, ni les titanesques rémunérations et autres mauvaises gestion des risques, ni même les obligations adossées à des actifs ou encore les hypothèques subventionnées par le gouvernement. En réalité, la cause réelle remonte au 15 août 1971, quand la conspiration de Richard Nixon et de Milton Friedman a frappé la pierre angulaire de l'édifice du pays et du système financier mondial, à savoir le lien entre l'or et le dollar.

En effet, avant 1971, la dette américaine détenue par les gouvernements étrangers et les banques centrales était garantie par des lingots d'or. Le remède est donc : refinancement de la dette avec des obligations adossées à l'or.

Avant d'aller plus loin, je tiens à vous donner mes lettres de créances. En 1983, j'ai été recruté par William E. Dannemeyer, représentant de la Californie, et j'ai commencé à travailler avec lui à Washington en janvier 1984 sur le problème de la réforme monétaire et fiscale des États-Unis. Dannemeyer était un visionnaire. Il avait compris que la route ( que son pays a été obligé de prendre après le défaut américain sur ses obligations en or de 1971 ) finirait par conduire à la catastrophe financière. Dans son bureau, nous avons donc mis au point une proposition qui serait « acceptable  ». Il était clair pour nous qu'une proposition basée sur le retour immédiat au standard-or serait tuée dans l'œuf. Nous avons donc choisi une porte dérobée en proposant une opération en deux temps : d'abord la réforme fiscale, puis la réforme monétaire.

À cette époque, le monde était plus que prêt à embrasser l'obligation adossée à de l'or, surtout après l'expérience de 1971 qui a bouleversé la structure des taux d'intérêt, les marchés des matières premières et les relations entre une devise et une autre. Le prix du brut est passé de 2 $ le baril à 42 $, les taux d'intérêt ont bondi de 4% à 16%, et le peso mexicain comme le rouble soviétique ont disparu entre temps de la scène. Ensuite, les obligations-or avaient largement fait leurs preuves. Elles avaient financé la construction de chemins de fer transcontinentaux, les expéditions transocéaniques ainsi que la métamorphose des États-Unis qui sont passés d'un pays agricole assez pauvre à la plus grande puissance industrielle mondiale et cela juste au cours du dernier quart du XIXe siècle. L'or a été une grande ressource financière. Il aurait pu financer une métamorphose comparable pour le reste du monde au cours du dernier quart du XXe. Mais cela ne devait pas se passer ainsi. Au lieu de cela, l'or a été retiré par la force du système monétaire international et condamné à l'oisiveté. Et le monde a alors commencé sa lente descente aux enfers.

Bill Dannemeyer avait prévu le tsunami de dettes-papier qui allait inonder le pays quand les gens découvriraient que le plus grand créancier au monde était devenu en réalité le plus grand débiteur du monde avec des déficits jumeaux. Le déficit du budget et le déficit commercial sapaient la vitalité même du pays et le menaient au démantèlement de ses légendaires grandes industries.

Notre plan pour refinancer la dette des États-Unis avec des obligations or long terme a été finalisé au moment où l'administration Ronald Reagan quittait la Maison Blanche pour la laisser à l'équipe de George Bush père. En octobre 1989 Dannemeyer a donc conduit une délégation de 10 députés républicains dans le bureau ovale pour le présenter au président Bush. L'événement a été rapporté à la une du New York Times, illustré d'une photo. Dana Rohrabacher, représentant de la Californie ( et qui sert actuellement son 12e mandat au Congrès ) peut confirmer l'exactitude de ces propos.

Le seul point abordé lors de cette réunion historique a été le refinancement de la dette américaine avec des obligations-or. Le président Bush a écouté attentivement l'exposé de Dannemeyer puis se tourna vers son secrétaire au Trésor et lui demanda que son équipe et celle de M. Dannemeyer se réunissent afin de finaliser les points restés en suspens, et de revenir dans son bureau avec la feuille de route commune. Les choses avaient bien commencé. Une réunion avec le personnel du Trésor a même été fixée. Mais juste avant qu'elle ne se déroule, les gens du Trésor l'annulèrent à la dernière seconde, prétextant d'autres affaires plus urgentes. Une nouvelle date fut prise, mais annulée elle aussi à la dernière minute. Et ainsi de suite. Il était clair que les fonctionnaires du Trésor sabotaient la demande du président Bush...

J'ai fait ce que j'ai pu, étant à l'origine d'un début de plan pour remettre le pays, et le monde, d'aplomb sur une rectitude monétaire et budgétaire. Ce plan, étudié et approuvé par dix membres du Congrès, a été présenté à la Maison Blanche. Je ne pouvais rien faire de plus.

J'ai finalement démissionné de mon poste et quitté Washington en mai 1989. J'ai toujours une grande admiration pour M. Dannemeyer, et d'ailleurs ce respect est mutuel car nous savions tous deux que la question de l'or sera remise sur le tapis par la contrainte de l'Histoire dans l'accomplissement des temps.

Le moment de vérité arriva en effet 20 ans plus tard, en 2008. Le problème est toujours le même, seule la situation financière des États-Unis a changée : elle est bien pire. Le remède est également le même : le pays peut sauver sa suprématie monétaire dans le monde s'il accroche sa dette à l'or. Puis en permettant à l'US Mint2 de frapper librement, et de manière illimitée, des pièces d'or et d'argent, tel que cela est prévu par la Constitution américaine.

Il n'est pas nécessaire de fixer de taux de change entre les monnaies-or, argent et papier. La seule chose qui doit être faite consiste à déclarer que le dollar, ou l'euro, n'est plus la seule monnaie à cours légal pour payer une dette. Aux citoyens de choisir librement le type de monnaie qu'ils souhaitent utiliser et comment ils veulent être payés pour leur travail. Laissez Ben Bernanke et ses billets verts de la Fed rivaliser avec les pièces d'or Gold Eagle et les pièces-dollar standard en argent. En 1989, Dannemeyer avait écrit un pamphlet intitulé Gold Bonds for Peace and Prosperity. Il devrait être réédité et publiquement discuté. Il n'a été que trop dit du mal, et pendant trop longtemps, de l'or. Il est grand temps d'avoir un grand débat sur les vraies questions. Il est insensé de maintenir l'or en quarantaine, la seule solution pour régler le problème de la dette. Sans la réintroduction de l'or comme extincteur ultime de la dette, la Tour de la Dette va continuer sa croissance explosive. Et quand elle sera renversée, elle enterrera l'économie mondiale sous ses décombres.

~ 2 ~
Le plus sinistre des anniversaires : les 100 ans de la monnaie papIER>

L'année 2009 s'est terminée sans aucune commémoration de l'un des événements les plus marquants de l'Histoire : le centenaire de la naissance de la monnaie papier qui apparaît désormais comme la principale cause de la Grande Crise financière de ce siècle. Cette crise provient de la loi de 1909 sur le soi-disant Cours légal3. Les billets de la Banque de France comme ceux de la Reichsbank impériale ont été rendus légaux d'abord en France puis, très peu de temps après, en Allemagne. Et le reste du monde a emboîté le pas. De cette manière, dès 1909, tous les barrages ont été retirés pour financer la guerre mondiale à venir par le biais de crédits et de monétisation de la dette, ce qui s'est traduit par l'émission de billets de banque papier.

Mais il y a eu un effet inattendu : tous les efforts diplomatiques pour éviter la guerre et son gigantesque bain de sang avec la destruction totale des biens ont été court-circuités. Les partis pro-guerre dans les deux pays ont remporté une victoire éclatante. Quand à la paix, elle a subi une défaite capitale. Notez que j'ai écrit « la soi-disant loi  » dite du Cours légal, car Cours légal dans ce contexte a été une déformation vicieuse de sa propre signification.

En fait, avant 1909 il n'existait pas de lois monétaires coercitives. Les billets de banque circulaient aussi, mais leur acceptation était purement volontaire. Les gens avaient le droit inaliénable de les échanger contre des espèces sonnantes et trébuchantes, c'est-à-dire des pièces d'or. Si la banque ne respectait pas sa promesse d'échanger le papier contre de l'or, alors elle se retrouvait en défaut technique et devait en subir les conséquences.

Le sens originel de « monnaie légale  » se réfère simplement à une tolérance de poids standard applicable à l'usage des pièces d'or. Les pièces qui répondaient à cette norme voulaient aussi dire que leur poids a été clairement vérifié et surtout que leur valeur a été comptabilisée (  offrant une grande facilité pour compter ). De plus, elles circulaient d'elles-mêmes. Les autres pièces en circulation n'avaient été validées que sur leur poids : chaque pièce devant être pesée était un grand inconvénient. Mais il n'y avait absolument aucune contrainte dans cette discrimination. Le cabinet des Monnaies du pays échangeait absolument toutes les pièces d'or pas trop conformes avec des pièces d'or fraîchement frappées, aux normes tolérées, et cela sans aucun frais pour le porteur. Le gouvernement prenait à sa charge les pertes et les couvrait avec le fonds du revenu général, exactement comme il le fait pour maintenir en bon état le réseau routier de la nation.

Donc non seulement il n'y avait pas de coercition avec les lois touchant les pièces, mais en plus un service public était mis à disposition par le gouvernement sans en faire payer les frais d'utilisation aux usagers. Telle était la vraie signification de l'expression Cours légal avant 1909.

Notez le changement sournois du sens légal des lois de 1909. Une commodité publique a été remplacée par une contrainte publique. Les gouvernements des deux plus grandes puissances guerrières de la planète ont introduit la contrainte : ils ont forcé leurs administrés à accepter et à utiliser la dette comme monnaie. Ce fut une « première  » dans l'histoire. Plus précisément, les gouvernements ont forcé l'armée et tous les fonctionnaires à accepter les promesses en papier comme moyen de paiement final pour leurs services rendus.

Bien sûr, utiliser Cours légal dans ce cadre est un oxymoron. Une promesse de payer qui est en même temps un paiement final n'est pas une promesse. C'est un oukase4. Ce fut la première étape dictatoriale conçue pour faciliter une augmentation sans limites de la masse monétaire et cela indépendamment des réserves d'or.

Cela a surtout permis le financement de la guerre à venir avec des crédits faits au gouvernement, en grande partie sans intérêts et sans date de maturité. Le fardeau a été mis sur les épaules du peuple sans son assentiment. La mesure a été présentée comme un vague changement mineur et il n'y eut aucun débat public sur sa validité. Personne à l'époque n'aurait pu voir les conséquences dramatiques à venir. Personne non plus n'a pensé que le gouvernement était de mauvaise foi. Comme preuve de sa bonne foi, ce dernier a même autorisé les pièces d'or à circuler pendant cinq autres années.

Les banques les ont traitées comme avant, sans poser de questions. Il n'y a pas eu d'augmentation notable de la thésaurisation des pièces d'or par les peuples, signe indéniable qu'ils faisaient implicitement confiance à leur gouvernement respectif.

Lorsque la guerre éclata finalement en 1914, les Canons d'août montrèrent l'effet à retardement de la législation sur la monnaie à Cours légal. D'un seul coup, toutes les pièces d'or disparurent. Les banques ont refusé les demandes de conversions en or. Les politiques, y compris les députés socialistes, ont voté tous les crédits pour la guerre que le gouvernement avait demandé, sans aucun scrupule. Le premier auteur à démasquer le lien caché entre la loi du Cours légal de 1909 et le déclenchement de la guerre, 5 ans plus tard, en 1914, a été l'économiste allemand Heinrich Rittershausen5. Il a également prédit la Grande Dépression, et associé la vague suivante de chômage sans précédent au Cours légal, comme je vais vous le montrer un peu plus loin.

On doit maintenant essayer de deviner les dessous de l'histoire. Est-ce que la boucherie humaine et les destructions se seraient terminées plus tôt si cette loi n'avait pas été votée ? Sans elle, la guerre aurait pris fin dès que les gouvernements se seraient retrouvés avec leurs coffres vides. En effet, on ne peut financer une guerre sans or. La plupart des observateurs contemporains l'avaient prédit. Il n'y avait aucun moyen de financer un conflit de cette ampleur sans impôts.

Les peuples n'avaient pas compris que le Cours légal était une forme d'impôt invisible à payer pour la plus grande guerre jamais vue de l'Histoire. Ils n'ont pas compris que la puissance du crédit permettrait aux gouvernements d'accroître le nombre de morts, comme de l'argent, à l'infini. Les gens n'ont pas vu Moloch, le dieu qui se prépare à dévorer ses propres enfants, derrière la façade du Cours légal.

Mais il y eut aussi une autre conséquence, encore plus sinistre, à ce Cours légal, et qui n'a pas été vue à l'époque. En effet, avant 1909 le commerce mondial était financé par les Real Bills, les effets de commerce tirés sur des établissements financiers londoniens, connus aussi comme Effets Réels6. C'était une lettre de crédit payable à échéance en pièces d'or. Elle représentait l'auto-liquidation de crédit pour financer les nouvelles marchandises destinés aux consommateurs. Comme son montant était limité par la quantité de marchandises neuves en cours de fabrication, elle n'était pas inflationniste. Le crédit était liquidé par la pièce d'or payée par le client final recevant sa marchandise. Vous pouvez voir dans cette lettre de crédit un processus de « maturation en pièces d'or  ».

En tant que média d'échange, une lettre de crédit est la meilleure chose qui existe après la pièce d'or. Sa possession est pratiquement sans risques, sachant que la marchandise à laquelle elle est attachée n'attend qu'une chose, être livrée.

De toute évidence, ces lettres de crédit ( ou effet réel ) étaient incompatibles avec le Cours légal. Cela n'a pas de sens de voir des lettres de crédit se transformer en « billets de banque  » papier. De plus, le billet de banque est inférieur en tous points à une lettre de crédit. Celle-ci est un actif qui rapporte. Cela est dû à l'escompte appliqué à la valeur nominale de la lettre, sachant qu'elle est achetée et vendue avant son échéance. Les lettres réelles sont très liquides : seul l'or est encore plus liquide. Elles sont les meilleurs actifs qu'une banque commerciale peut avoir.

Mais ce qui rend la lettre de crédit indispensable dans l'économie est le fait qu'elle constitue le fonds de roulement des salaires de la société. À elles seules, elles permettent immédiatement de produire et de distribuer des biens que le consommateur paiera plus tard, jusqu'à trois mois plus tard pour être précis. Entre temps, les salaires des ouvriers doivent être versés chaque semaine. Et le paiement des salaires n'est certainement pas financé par l'épargne des capitalistes. Elle est financée par compensation, à travers l'octroi de privilèges pécuniaires spontanés puisque la lettre peut circuler avant son échéance.

Une autre conséquence inattendue du Cours légal a été la destruction de ce fonds de roulement qui servait aux salaires. Le Cours légal est directement responsable du massif taux de chômage de la Grande Dépression de 1929, comme l'a souligné Rittershausen. Aussi longtemps que le fonds de roulement était intact, il ne pouvait y avoir de chômage. Toute personne qui voulait travailler pouvait être embauchée 

Mais en 1909, on ne vit pas ses conséquences tout de suite. La formation militaire et la production de matériel de guerre a absorbé la main-d'œuvre disponible. Pendant la guerre, on ne trouvait plus de travailleurs à cause de la vaste expansion de la production de munitions. Le chômage n'a frappé les pays qu'après la fin des hostilités.

Si les puissances victorieuses avaient abrogé le Cours légal en 1918, cela aurait réhabilité le marché des Lettres réelles et reconstitué le fonds des salaires  Le résultat a été le taux chômage le plus élevé de l'histoire. Les gouvernements ont été obligés de payer pour les chômeurs. Ce système d'indemnisation, un affront aux gens qui veulent travailler, est toujours là aujourd'hui avec nous, mais sa cause profonde, l'absence de circulation de lettres réelles, est à ce jour totalement méconnue.

Les lois qui ont donné naissance au Cours légal sont une alliance impie ( pour ne pas dire une conspiration ) entre les gouvernements et les banques, et elles n'ont jamais été abrogées à ce jour. Les politiques ont appris à aimer les pouvoirs supplémentaires qu'ils ont acquis grâce à de faux prétextes. Les banques ont été heureuses de prendre le pot-de-vin. Elles ont alors transféré la loyauté due à leurs clients individuels aux seuls gouvernements. En échange du privilège de pouvoir créer des dépôts sans l'obligation d'avoir une réserve d'or équivalente ( comme c'était le cas avant 1909 ), les banques étaient alors prêtes à acheter tous les Bons du Trésor du gouvernement qui n'avaient pas trouvé d'acheteurs sur le marché obligataire. C'est le classique « vous me grattez le dos, je gratte le vôtre  ». Cette conspiration se poursuit toujours aujourd'hui avec un « contrat social  » nouveau dans lequel pots-de-vin et chantage ont remplacé la coopération volontaire.

La connivence des universitaires et des médias, en particulier la loyauté des économistes de profession et des journalistes financiers, a été achetée par les banques centrales, trop contentes de « parrainer  » leurs recherches. Ne dit-on pas : « celui qui paie les musiciens choisit la musique  » ? Les auteurs qui ont chanté les louanges de la monnaie-papier ont été largement récompensés. Les auteurs critiques en revanche ont compris qu'ils ne pouvaient même plus proposer leur c.v. La plupart des économistes et journalistes financiers actuels ne sont rien de plus que des « plumes à louer  », vendant leur stylo au gouvernement et à la banque centrale. Leur propagande est même devenue un sujet de recherche scientifique universitaire.

Les mathématiques ont été prostituées comme jamais auparavant dans l'histoire de la reine des Sciences. Les recherches sur l'économie et la théorie monétaire sont parsemées d'équations différentielles prospectives redoutables mais surtout vides de sens, et sont présentées comme le Saint Graal. (SUITE DANS LE LIVRE)

~ Table ~

Antal Fekete.....6

De Gaulle et Nixon.....7

Préface.....9

1) Comment le retour au standard or a été saboté en 1983...11

2 ) Le plus sinistre des anniversaires : les 100 ans de la monnaie papier....17

3 ) Comment les États-Unis ont forcé les autres pays à vendre leur or....29

4 ) La grande manipulation des années 1980 pour écraser l'or....43

5 ) La cause profonde de cette Grande Crise financière....57

6 ) Pourquoi nous allons revenir au standard or ? ....69

7 ) Le 2 décembre 2008 l'or est entré en « backwardation  »......81

8 ) Un triste anniversaire : le standard or de Franklin Roosevelt....93

9 ) Une épine d'or dans la chair.....111

10 Pourquoi Nicolas Sarkozy a vendu l'or de la France......121

11 ) Götterdämmerung Le Crépuscule de la dette......129

12 ) La base-or n'est plus....141

13 ) Répétition générale pour le dernier Contango.....153

14 ) Argent et Opium.....163

15 )Hyperinflation ou hyperdeflation ?.....171

16 ) Stimuler l'économie de la mort.....179

17 ) Faillite de la Bank of United States....191

18 ) Couper le nœud gordien.......201

Interview.221