Biographie de l'Archange Gabriel

HRM-BUGABRIEL
24 €





Pierre Jovanovic

Biographie de l'Archange

Gabriel


NOUVELLE VERSION MISE A JOUR ET ENRICHIE 2006




Le jardin des Livres

Paris

Du même auteur :

Disponible : Enquête sur l'Existence des Anges Gardiens, 600 pages, nouvelle version « présidentielle ». Document-Essai, réédition enrichie de 200 pages de la première version avec F. Mitterrand sur les Anges. Ed. Le Jardin des Livres. Plusieurs chapitres en ligne sur www.jardindeslivres.com

Disponible : Le Prêtre du Temps, Roman. Ed. Le Jardin des Livres avec 15 chapitres en ligne : www.jardindeslivres.com


Disponible : L'Explorateur de l'Au-delà ( avec Anne-Marie Bruyant ) Ed. Le Jardin des Livres. Chapitres en ligne : www.jardindeslivres.com

Disponible : Enoch : Dialogues avec Dieu et les Anges ( avec Anne-Marie Bruyant ) Ed. Le Jardin des Livres. En ligne : www.jardindeslivres.com

Disponible :  Le Livre des Secrets d'Enoch ( version du Pr André Vaillant )Ed. Le Jardin des Livres. En ligne : www.jardindeslivres.com


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www.lejardindeslivres.fr


Biographie de l'Archange Gabriel

© 2006 Pierre Jovanovic





Éditions Le jardin des Livres ®

14 rue de Naples, Paris 75008




Toute reproduction, même partielle par quelque pro­cédé que ce soit, est interdite sans autorisation préalable. Une copie par Xérographie, photographie, support magnétique, électro­nique ou autre constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 et du 3 juillet 1995, sur la protection des droits d'auteur.


Cette Biographie de l'Archange Gabriel est tout particulièrement dédiée à Joszef Thadeus Milik, génie déchiffreur des Manuscrits de la mer Morte et à ma fille Gabrielle, afin qu'elle sache qui est l'Archange dont elle porte le nom.



Gabriel ( Dieu est ma Force )




« Quiconque m'aura confessé devant

les hommes, le Fils de l'homme le confessera aussi devant les Anges de Dieu.

Mais qui m'aura renié devant les hommes,

sera renié devant les Anges de Dieu »


Luc, 12:8-9



« Celui qui n'a pas de femme

n'est pas un homme complet »


Talmud de Babylone


« Quiconque est ennemi de Gabriel doit connaître que c'est lui qui, avec la permission d'Allah, a fait descendre sur ton coeur cette révélation qui déclare véridiques les messages antérieurs et qui sert aux croyants de guide et d'heureuse annonce »


Coran



« L'État, c'est moi »


Louis XIV


« Moi, Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu »

Archange Gabriel




« Noli me timere »

« Ne me crains pas »



~ 1 ~

À LA RECHERCHE DE

L'ARCHANGE GABRIEL


In my time of dying,

Want nobody to moan.

All I want for you to do,

Is take my body home.

Well well well so I can die easy.

Well well well so I can die easy.


Oh Gabriel,

Let me blow your horn,

I never did no wrong,

Did no wrong.

Led Zeppelin, My time of dying in Physical Graffiti, Swansong Records.




L'Archange Gabriel est apparu aussi bien à Marie qu'à Mahomet. Il est présent aussi bien sur les poteries sumériennes que dans les textes hébreux, et pourtant, personne à ce jour ( c'est-à-dire en 2000 ans ), n'a daigné rédiger sa biographie. Mais après la lecture de ce livre, on comprend : Gabriel représente un sujet dangereux pour la moralité de tous ceux qui s'imaginent qu'il n'est qu'un gentil Ange asexué.

Avant cette curiosité intense pour les Anges qui s'est traduite par le livre Enquête sur l'Existence des Anges Gardiens1, j'étais persuadé comme beaucoup d'entre-nous, que l'Ange Gabriel n'était apparu qu'à Marie de Nazareth, et que dans ce contexte il ne lui était pas venu à l'esprit de visiter et d'annoncer à d'autres personnages sur d'autres rivages, d'autres nouvelles toutes aussi importantes. Je pensais que son rôle de messager avait été limité exclusivement au périmètre « classique » du Christ.

Mais voilà, trahison, l'Archange Gabriel a égale­ment visité la Mésopotamie, Israël, la Nouvelle-Zélande et même l'Arabie Saoudite où il a dicté patiemment pendant 22 ans le Coran à Mahomet, sourate après sourate. On peut légitimement s'étonner que le messager mythique de la chrétienté ait pu commettre une telle infidélité. Si vous posez cette question à diverses personnalités ecclésiastiques, à un rabbin, ou tout simplement au curé de votre paroisse, vous découvrez très vite que leurs réponses, après une bonne minute de silence, commencent à tourner dans le vide, tout comme leurs neurones, non programmés pour traiter cette question. Au mieux, on obtient « les voies de Dieu sont impénétrables » ou incompréhensibles, suivant la confession, lorsque l'existence des Anges elle-même n'est pas remise en question. Dans le meilleur des cas, on vous dira que le Gabriel de Mahomet n'est pas le même que celui du Christ...

Et pourquoi ne serait-il pas le même ? Peut-on imaginer le célèbre Archange Gabriel permettre qu'un autre Ange  déchu par définition  commette une telle usurpation d'identité ? Impensable. Et d'abord que savons-nous réellement de lui ? Rien. Pourtant, plus de 2 millions de personnes sur cette terre portent son prénom. Si nous avons plus de commentaires et d'interprétations des textes bibliques que d'étoiles dans le ciel, à ce jour, il n'existe aucun livre détaillant l'oeuvre de cet Ange définitivement stratégique et politiquement incorrect, hormis celui-ci.

Pour tenter de comprendre, j'ai donc rassemblé et disséqué toutes les informations disponibles sur cet Archange si mystérieux et si contradictoire, mais dont chaque mission et chaque parole prononcée laisse une trace indélébile : Gabriel est le dénominateur commun des trois plus grandes religions, prêtes aujourd'hui à s'affronter. Si les bibliothèques mondiales regorgent d'ouvrages traitant des effets de sa visite chez Marie de Nazareth ou sur la psychologie du Prophète, nul auteur n'a voulu suivre l'Ange Gabriel  de la classe des Arch­anges  et plus particulièrement des « sept esprits qui se tiennent nuit et jour devant le Trône de Dieu », dans son cheminement à travers l'Ancien Testa­ment des juifs, le Nouveau Testament des chrétiens ou le Coran des musul­mans.

Pourquoi ?

Parce que toutes les informations mises bout à bout bousculent l'idée que Rome a tenu à nous imposer. Mais lorsque nous sommes obligés de faire un détour parce que des passagers musulmans se sont prosternés vers La Mecque pour prier, et ce juste devant votre porte d'embarquement à Roissy, c'est un écho de Gabriel. Lorsque vous entrez dans une église et qu'une récitation sourde du chapelet arrive à vos oreilles, c'est à nouveau un écho de Gabriel. Les rabbins qui interprètent les rêves sur la base des textes sacrés, c'est encore lui. Dans les plus beaux tableaux du Louvre, de Florence et du Vatican, on retombe sur cet Ange. Impossible d'ouvrir un livre d'art sans trouver au moins une Annonciation. Et les plus grands, de Léonard de Vinci à Gabriel Dante Rossetti, en passant par Fra Angelico et même Eric Hebborn, se sont appliqués à le peindre en plein exercice de sa fonction, comme s'ils avaient voulu saisir, fixer cet instant crucial de l'histoire humaine.

On le constate, l'Archange Gabriel, bien qu'invisible ou inexistant, est incontournable et omniprésent. Il a annoncé la naissance du Christ et il annoncera aussi, selon d'autres textes, la Fin du monde, au son des trompettes. Compte-tenu donc des effets de ses visites terrestres précédentes, j'ai étudié cet Archange que l'Islam déclare être  en plus  le chef de tous les Anges gardiens ! Alors d'où vient-il, qui visite-t-il, quand, comment et pourquoi ? Après plusieurs années de documentation et de recherches, la mise en forme de toutes les informations le concernant m'a permis de dresser un portrait totalement inattendu du plus médiatisé et aussi du plus discret des Anges. Voyage entre Terre et Ciel en compagnie du plus mystérieux des Archanges dont l'auteur Nuruddin Ar'Raniri2 nous dit :

« Entre ses yeux se trouve le Soleil car ses cheveux sont composés de toutes les étoiles que nous obser­vons.

Chaque jour que Dieu fait, Gabriel plonge 365 fois dans la Mer de Lumière afin que chaque goutte d'eau qui dévale de ses ailes puisse créer un nouvel Ange gardien ».

~ 2 ~

STATION

SUMER-BABYLONE


ou le jardin d'enfants de Gabriel



Before I talk

I should read a book

Mesopotamia

That's where I wanna go,

But there's one thing that

I do know,

Mesopotamia

That's where I wanna go

B'52, Mesopotamia in Mesopot­amia Warner Bros Records








Le temps est l'allié le plus précieux des historiens car il détermine l'important de l'inconsistant, y compris chez les dieux. En effet, même si les divinités vivent bien plus longtemps que les hommes, elles ne résistent guère mieux au travail du sablier. Le pouvoir intemporel est tout à fait rela­tif. Amon par exemple, le dieu le plus glorieux de la civilisation égyp­tienne a vécu sous cette dénomination un peu plus de 2500 ans, bien que certains spécialistes disent qu'on l'a retrouvé plus tard sous les traits du dieu grec Zeus, puis du romain Jupiter-Ammon. Passant de l'état de divi­nité obscure d'un village perdu à celui d'une divinité souveraine céleste, Amon3 a vécu ses plus belles années entre 1800 et 700 av. JC pour ensuite sombrer progressivement dans l'oubli.

Cependant, pour l'égyptien fervent vivant sous Sesostris III, tout comme pour le catholique du XXIe siècle, il n'est pas pensable que son dieu puisse être un jour rayé de la carte comme Jupiter ou Thor, quelques-unes des milliers d'autres divinités disparues corps, âmes et temples, dans le fleuve de l'oubli. Mais, contrairement à ces dieux qui apparaissent et disparaissent après avoir occupé le devant de la scène,  Andy Warhol aurait pu dire « 2000 ans de gloire »  les apparitions de l'Ange Gabriel sont relativement régulières et ce depuis presque 5000 ans, puisque son nom est d'origine sumérienne, zone géographique qui a révélé aux archéologues les premières représentations d'Anges, comme par exemple dans la ville d'Ur où une silhouette humaine ailée, gravée dans la pierre, verse de l'eau dans la coupe du roi.



« La racine sumérienne du mot Gabriel est GBR et signifie "gouvernorat"4 ou "gouverneur" » explique Malcolm Godwin, tout en ajoutant : « certains spécialistes disent que cela veut aussi dire Gibor, c'est-à-dire "puissant" ou "héros"5». Peu importe. Les prêtres sumériens parlaient déjà de Gabriel sous le nom de Gabr, ou Gbr, un esprit qui dépendait de la déesse Ninhursag6, source de toute vie, accouchant des planètes et toujours représentée avec une couronne de feuilles sur la tête, et une branche fleurie dans la main en signe de fertilité, sorte de précurseur sumérien de Marie. Les textes cunéiformes sur les tablettes d'argile qui nous sont parvenues la décrivent comme une déesse solitaire qui, pour s'isoler du brouhaha des autres dieux et de la chaleur, décida un beau jour de créer un jardin rafraîchissant dans la plaine d'Edinu ( Eden). Elle demanda au Dieu des Ténèbres ( qui ne se déplace que la nuit donc ) d'ouvrir le sol afin que de l'eau fraîche puisse y couler et fertiliser huit graines de petits humains qu'elle avait plantées là7, histoire de passer le temps. Le Dieu s'exécuta, ouvrit la terre, fit jaillir des sources, et très vite la plaine d'Edinu se transforma en un vaste jardin luxuriant. On se trouve ici bien avant les textes hébreux de la Genèse8. Les témoignages archéologiques de cette époque lointaine appellent Ninhursag la « Dame de la Montagne » ou encore « la Dame de la Vallée », le suffixe hursag désignant toujours un territoire géographique, plus généralement une plaine9, au point que les monarques sumériens se flattaient sur leurs tablettes d'avoir été nourris à son lait. Plus tard, à la suite d'une mésaventure similaire à celle de la pomme du jardin d'Eden, Ninhursag décida de confier la surveillance de son jardin d'Edinu à l'esprit Gabr. L'ancestrale tradition hébraïque, suivant de très près la déesse sumérienne, présentera ( elle aussi ) Gabriel comme le gardien ou le gouverneur, du jardin d'Eden ! De plus, dans un autre texte cunéiforme, on retrouve également un premier messager divin nommé Gaga, qui effectue des aller-retours entre les humains et les dieux, prédécesseur d'Hermès. Gaga10 aussi délivre souvent ses messages dans des jardins. Dans sa célèbre compilation des légendes juives, Louis Ginzberg rapporte même l'histoire suivante qui confirme le côté « jardinier » de Gabriel :


« Lorsque Dieu a convoqué le groupe des Anges sous le contrôle de Michaël et qu'Il a demandé leur opinion sur la création de l'homme, ils ont répondu avec défiance :

"Qu'est-ce que l'homme pour qu'il vous préoccupe tant ? Et le fils de l'homme pour que vous le visitiez ?"

Alors Dieu étendit son petit doigt et tous furent consumés par le feu, à l'exception de leur chef Michaël. Et le même destin emporta le groupe d'Anges sous le commandement de l'Archange Gabriel  de la destruction ».


Informé du destin tragique de ses camarades du paradis, l'Archange Raphaël et ses Anges compagnons se soumettent aussitôt à la volonté de Dieu en Lui promettant de s'occuper de l'Homme :


« Finalement, lorsque les Anges donnèrent leur consentement à la création de l'Homme, Dieu dit à Gabriel :

"Va et rapporte-moi de la poussière des quatre coins de la Terre, et je vais créer l'Homme avec".

Gabriel s'apprêta à exécuter l'ordre du Seigneur, mais la Terre le repoussa pour l'empêcher de ramasser de la poussière. Gabriel s'étonna :

"Pourquoi Terre n'obéis-tu pas à la voix du Seigneur qui t'a sorti des eaux ?"

La Terre répondit :

"Je suis destinée à être maudite, maudite à travers l'Homme, et si Dieu ne veut pas prendre la poussière lui-même, alors personne ne pourra en pren­dre".

Lorsque Dieu entendit cela, il étendit sa main et Il prit de la poussière de toutes les couleurs (...) rouge, noire, blanche, vert-rouge aux quatre coins de la planète et créa l'Homme (...) car quel que soit l'endroit où il mourra, et sera enterré, il retournera ainsi à la Terre11».


La tâche de l'Ange Gabriel, guère fatigante pour l'heure, consiste simplement à avoir un oeil sur les parcs et jardins d'une lointaine déesse sumérienne qui s'amuse à créer des êtres humains avec de l'argile12. Nous connaissons donc son premier travail :


Gardien de parc.


On note que Gabriel n'est pas issu d'une quelconque union entre divinités ou entre une divinité et un homme. Il est « autre chose », un esprit pur, venant du domaine des dieux, sans affiliation, et sans aucune légende destinée à le rendre, à terme, soit « divinisable », soit « humanisable ». Ceci revêt une importance capitale pour la suite des événements car toutes les études de « religions comparées » notent à quel point les dieux possèdent les qualités et les défauts qui permettent aux hommes de s'identifier à eux. Or, dès sa première apparition, bien floue pour l'instant, Gabriel est placé dans une catégorie à part, de laquelle d'ailleurs il ne bougera plus.


Le mot Eden possédant en sumérien une connotation de végétation luxuriante, de jardin abondant, les spécialistes ont tenté de localiser, comme on l'imagine, ce lieu où tout semble commencer pour le genre humain, comme d'ailleurs pour Gabriel. Avec l'appui de géologues, de linguistes et d'archéologues, ces experts ont estimé que ce jardin d'Eden se trouverait donc à l'est de la vallée mésopotamienne, entre les montagnes Ararat et Zagros. Logique : Sumer et la Chaldée, ou Mésopotamie, se situaient sur l'Iraq et l'Iran actuels, coincés entre deux rivières mythiques, l'Euphrate et le Tigre, raison pour laquelle Mésopotamie veut dire « entre les deux rivières13».

La partie sud de cette région fut occupée par les Sumériens et la partie nord par les Akkadiens, rejoints plus tard par les Assyriens. Leur progressive fusion a naturellement créé la Babylonie avec en son centre la géniale ville de Babylone. Ce que les archéologues connaissent aujourd'hui avec certitude des Sumériens est leur maîtrise étonnante, compte-tenu de l'époque, des études astronomiques, études qui prirent leur essor vers 2800 av. JC. En effet, ces prêtres avaient déjà réussi à compter le temps sur une base 60, et à identifier les cinq planètes nommées Ishtar, Nergal, Nelo, Mardock et Ninib14! En clair, si vous lisez aujourd'hui votre horoscope à la dernière page du Figaro Madame, c'est directement grâce à leurs prêtres qui furent les premiers à établir une liaison entre le destin des hommes et les étoiles qui les gouvernent  de faire des sacrifices à leurs dieux et déesses ( Ishtar entre autre ), et leurs « vierges sacrées » de s'unir aux fidèles dans les temples, garantissant ainsi au clergé une assiduité sans égal15. A l'époque, sexe et religion faisaient très bon ménage et c'est justement cette particularité qui donnera cette réputa­tion sulfureuse à Babylone et à ses jardins suspendus.


Autre information précise, parvenue grâce aux archéo­logues français et allemands, est celle des cultes que les Sumériens vouaient à leurs esprits tutélaires, autrement dit à leurs Anges gardiens, ou encore esprits protecteurs particuliers, et aux esprits supé­rieurs des planètes. Gustav Davidson de l'Académie des Sciences de New York précisait même que « le nom d'origine chaldéenne Gabriel  Dieu est ma force  semble être inconnu des juifs avant la captivité16». Si on ajoute que ces mêmes Chaldéens vénéraient Michaël ( saint Michel ) presque comme un Dieu, on comprend alors mieux d'où viennent certaines traditions hébraïques. Les noms des esprits Michaël, Gabriel et Raphaël figurent d'ailleurs sur des coupes incantatoires trouvées lors des fouilles de Baby­lone et qui sont aujourd'hui exposées au British Museum de Londres.

En consultant le dictionnaire d'araméen ancien ( la langue des Babyloniens ) du Hebrew Union College Jewish Institute of Religion de Cincinatti, la signification de la racine GBR nous donne toujours les composantes « devenir fort », « devenir puissant », « exceller », ou encore « être fort », confirmant ainsi directement le « Dieu est ma force ». Et ce n'est que bien plus tard que les noms des esprits sumériens Gabri-el, Micha-el et Rapha-el intégreront les prières juives grâce aux rabbins exilés à Babylone. En effet, les tribus juives primitives de Canaan vénéraient le Dieu EL. En ajoutant el à Gabr, il y eut une sorte d'appropriation, ce qui nous a donné Gabriel.


Curieuse­ment, nous possédons une autre trace locale de Gabriel, celle d'une toute petite église existant déjà en l'an 359 après JC, perdue aux fin fonds de la Mésopotamie : le monastère de Mar Gabriel, aujourd'hui géré par l'Église orthodoxe syrienne. Et déjà à cette époque, la fête de Gabriel était célébrée le 18 décembre. Si l'origine sumérienne de Gabriel nous est certaine, en revanche nous n'avons guère plus de précisions. A vrai dire, les seules informations dont nous disposons pour le moment se résument à son nom et à sa fonc­tion, assez similaire à celle d'un figurant dans une pièce de théâtre, fût-elle le jardin d'Eden. D'autres en revanche, semblent nettement plus informés : un exégète musulman par exemple, se basant sur un Evangile apocryphe, l'Evangile de Barnabé, nous dit qu'après le péché d'Eve17, Adam avait juré de s'émasculer ( ! ). Mais Gabriel, en charge du jardin d'Eden, est immédiatement intervenu pour l'en dissuader, et, à la place, lui coupa seulement le prépuce en disant : « chaque descendant d'Adam doit accomplir le serment d'Adam et se circoncire18». Donc, cela voudrait dire que tous ceux qui n'ont plus de prépuce doivent cette torture à Gabriel ! ( on retrouvera dans d'autres religions cette relation entre Gabriel et les organes génitaux ). On apprend aussi qu'une fois éjectés du Paradis, Adam et Eve furent séparés et passè­rent plus de 200 ans à se chercher. Adam tomba sur une montagne du Serendip19 et Eve du côté de la ville de Djjeddah, en Arabie Saoudite, à quelques mètres de la mer Rouge. Elle a vraiment manqué de chance, car elle aurait pu atterrir aux Seychelles20, à un jet de pierre de là. Finalement au bout de 200 ans, Dieu eut pitié d'eux et Il leur permit de se réunir à la Mecque.


Selon d'autres textes hébraïques encore plus anciens, Gabriel servit de témoin à Eve lors de son mariage avec Adam. D'après les musulmans en revanche, ce dernier demanda alors à Dieu la permission de construire un sanctuaire, identique à celui qu'il avait vu au Paradis, afin qu'Eve et lui pussent Le prier et Lui rendre hommage. Une fois cette première église  Kabba  achevée, Gabriel descendit du Ciel pour expliquer à Adam combien de tours il devait effec­tuer autour de ce sanctuaire afin de rendre un hommage parfait au Seigneur, car, lui dit-il « au Paradis, les Anges tournent autour de son Trône dans un cercle infini et éternel ».

Dans l'Histoire et Vie d'Adam et Eve, révélée par Dieu à son serviteur Moïse et enseignée par l'Archange Michaël21, un texte de facture chrétienne cette fois, on apprend aussi qu'à la mort d'Adam, Dieu demanda à Gabriel, à Michel et à Uriel d'embaumer son corps et de le rouler dans trois draps de lin et de soie. Des années passèrent. Puis vint le Déluge, la Grande Inondation qui emporta tout sur son passage, y compris la Kaaba qui sera reconstruite par le prophète juif Abraham, aidé de son fils Ismaël. Une autre légende précise qu'au moment où Ismaël cherchait une pierre pour marquer l'angle de la nouvelle cons­truction, il reçut lui aussi une visite de l'Archange. Gabriel lui désigna un immense bloc de roche venant du Paradis ( une météorite ) qu'il posa au coin de la Kabba. Cette pierre, connue aujourd'hui sous le nom de « Pierre Noire » ( Hajr al Aswad ), était « aussi pure et blanche que le lait, mais devint totalement noire au contact de toutes les mains des pécheurs ». Et l'histoire continue : les textes hébreux de la Bible expliquent que le peuple arabe est né de l'union de monsieur Abraham et de mademoiselle Agar, la servante égyptienne de sa femme, comme quoi Emile Zola n'a rien inventé. Les bonnes habitudes remontent loin. En effet, Sarah, la femme légitime d'Abraham ne pouvant avoir d'enfant, ce dernier se rabattit sur Agar qu'il rendit enceinte du premier coup. Mais très peu de temps après, Sarah tomba elle aussi enceinte. De crises de jalousie en scènes de ménage  c'était son enfant qui devait hériter des privilèges, et pas celui de la bonne  Abraham fit alors quelque chose de très lâche, il répu­dia la servante Agar qui fut contrainte à s'enfuir dans le désert avec son fils Ismaël, texte raconté par la Bible dans la Genèse 21 :





« Et l'Éternel visita Sara comme il avait dit, et fit à Sara comme il en avait parlé.

Et Sara conçut, et enfanta à Abraham un fils dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé.


Et Abraham appela le nom de son fils qui lui était né, que Sara lui avait enfanté, Isaac. (...)

Et l'enfant grandit, et fut sevré le jour où Isaac fut sevré.

Et Sara vit rire le fils d'Agar, l'Égyptienne qu'elle avait enfanté à Abraham 

Et elle dit à Abraham : Chasse cette servante et son fils; car le fils de cette servante n'héritera pas avec mon fils, avec Isaac.

Et cela fut très mauvais aux yeux d'Abraham, à cause de son fils.

Et Dieu dit à Abraham : Que cela ne soit pas mauvais à tes yeux à cause de l'enfant, et à cause de ta servante. Dans tout ce que Sara t'a dit, écoute sa voix ; car en Isaac te sera appelée [ une ] semence.

Et je ferai aussi devenir une nation le fils de la servante, car il est ta semence.

Et Abraham se leva de bon matin, et il prit du pain et une outre d'eau, et les donna à Agar, les mettant sur son épaule, et [ il lui donna ] l'enfant, et la renvoya.

Et elle s'en alla et erra dans le désert de Beër-Shéba.

Et l'eau de l'outre étant épuisée, elle jeta l'enfant sous un des arbrisseaux, et s'en alla et s'assit vis-à-vis, à une portée d'arc  ne voie pas mourir l'enfant. Et elle s'assit vis-à-vis, et elle éleva sa voix et pleura.

Et Dieu entendit la voix de l'enfant, et l'Ange de Dieu appela des cieux Agar, et lui dit : Qu'as-tu, Agar? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l'enfant, là où il est.

Lève-toi, relève l'enfant et prends-le de ta main  devenir une grande nation.

Et Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d'eau; et elle alla et remplit d'eau l'outre, et fit boire l'enfant.

Et Dieu fut avec l'enfant, et il grandit, et habita dans le désert et devint tireur d'arc.

Et il habita dans le désert de Paran; et sa mère lui prit une femme du pays d'Égypte22».


Les textes hébreux précisent donc que l'Ange vu par la servante égyptienne Agar était Gabriel qui l'observa silencieusement avant de taper du pied sous lequel jaillit aussitôt une source d'eau.


Selon les textes arabes cités par l'historien Safdar Hussein « l'eau se mit à jaillir du sol pour la première fois sous les talons de l'enfant Ismaël dont le père Abraham avait émigré avec sa mère Agar dans ce pays inculte. Cette dernière avait continué à courir çà et là avec ardeur, derrière le mirage des sables mouvants, à la recherche de l'eau pour étancher sa soif. De là ce puits devint sacré et par la suite il acquit une sainteté supplémentaire en partageant le caractère sacré de la Kabba et de ses rites23». Cette source d'eau potable s'appelle aujourd'hui Zemzem et représente le puits divin par excellence, coulant à deux pas de La Mecque. Ismaël s'installa à La Mecque où il donna naissance à une nombreuse progéniture qui va devenir le peuple arabe. Constatation : qu'il s'agisse de textes musulmans, hébreux ou chrétiens, Gabriel est toujours présenté comme le gardien du jardin mythique d'Eden. Pourtant, hormis quel­ques textes épars, on ne trouve aucune sortie glorieuse aux sons des trompettes avec son profil découpé sur un fond de strato-cumulus pour affirmer haut et fort son existence au monde.


Pour cela, il faut attendre Babylone la Grande.


Mais avant d'y arriver, l'Archange, en mission secrète et sous couvert de l'anonymat, nous force à effectuer une halte discrète dans la ville mythique de Sodome, où, d'après une solide tradition hébraïque, il visita Loth et ses filles.




~ 3 ~


SEX, SALT & SODOME


ou


la première apparition non-officielle de Gabriel




Le Paradis n'est qu'une rumeur

Qu'elle va aussitôt dissiper,

Tout en me promenant

Dans les plus beaux coins de l'enfer.

Je rêve encore de ses lèvres

Que jamais je n'aurais dû embrasser

Bien qu'elle sache parfaitement

Que je n'aurais pu y résister.

Si elle me dit "Entre",

J'entrerai pour elle

Si elle me dit "Donne",

Je donnerai tout pour elle

Nine Inch Nails, Sanctified in Pretty Hate Machine TVT Records24







Dans le désert, il y a des mirages, tous les Berbères et autres peuplades habituées à vivre dans ces endroits désolés par la Nature le savent. On peut qualifier cette apparition de « non-officielle » car elle n'est mentionnée dans aucun texte biblique de l'Ancien Testament. Mais le livre traditionnel hébreu du TalmudBava-Metzia 86 B ), tout comme le Zohar qui commente les passages mythiques de la Genèse, nous précisent que les deux Anges anonymes venus visiter monsieur Loth sont en réalité Michaël ( qui est comme Dieu25) et Gabriel ( Dieu est ma force ).

L'histoire de Sodome, hautement symbolique, est considérée par beaucoup comme la condamnation absolue des homosexuels par Dieu26. Elle se place dans un contexte définitivement sexuel, et s'inscrit dans une sorte de conti­nuité naturelle à l'Archange Gabriel. Deux bergers se disputent des zones de pâturages, dispute qui pousse le premier, monsieur Loth, à déménager sa petite famille  femme et deux filles  ainsi que ses bêtes aux portes d'une petite ville au doux nom de Sodome. Un soir, alors qu'il est assis devant sa maison, Loth voit arriver au loin deux jeunes voya­geurs. Sentant la possibilité de leur présenter ses filles en âge de se marier, il saute de son tabouret et se précipite au devant d'eux pour leur offrir l'hospitalité. Le texte classique de la Bible nous dit que ces deux voyageurs sont en réalité des « Anges du Seigneur » ce que Loth ignore ( Genèse 19 ) :


« Et les deux anges vinrent à Sodome sur le soir  assis à la porte de Sodome. Il les vit, se leva pour aller à leur rencontre, et se prosterna le visage en terre  ''Voici mes seigneurs, détournez-vous, je vous prie, vers la maison de votre servi­teur, et passez-y la nuit, et lavez vos pieds  chemin''. Et les anges dirent : ''Non, mais nous passe­rons la nuit sur la place''.

Loth les pressa beaucoup, et ils allèrent chez lui et entrèrent dans sa maison  et il leur fit un festin, et cuisit des pains sans levain, et ils mangèrent.

Ils n'étaient pas encore couchés que tous les hommes de la ville Sodome, du plus jeune aux plus vieux, entourèrent la maison. Ils appelèrent Loth et lui dirent : ''Où sont les deux hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? Fais-les sortir, afin que nous les connaissions'' ».


En langage décodé, nous avons donc ici une bande d'éméchés qui ont aperçu eux aussi les deux voyageurs, et, fascinés par leur beauté ( ne dit-on pas « beau comme un Ange » ), décident d'aller faire leur connaissance dans l'espoir d'une orgie à la manière des « back-rooms » des pathétiques boîtes de nuit actuelles du Marais27. Une situation assez amusante si on imagine une bande d'homos allumés courant après les deux principaux Archanges qui se tien­nent devant Dieu dans l'espoir de leur faire goûter une spécialité locale. La ville de Sodome, ne l'oublions pas, est une réplique avant l'heure du gigantesque quartier homosexuel de Castro Street à San Francisco ou de West Hollywood. Mais contrairement à l'Ancien Testament qui ne donne pas l'identité des deux Anges, le Zohar nous précise qu'il s'agit effectivement de Gabriel et de Michaël, venus incognito, ce dernier étant un expert en explosifs pour destructions apocalyptiques :


« Loth sortit, ferma la porte après lui, et dit : ''Je vous prie mes frères, ne leur faites pas ce mal. Voici, j'ai deux filles qui n'ont point connu d'homme  vers vous, et faites-leur comme il vous plaira. Seule­ment à ces hommes ne leur faites rien, car c'est pour cela qu'ils sont venus à l'ombre de mon toit'' ».


On peut être surpris devant une telle réaction, un père qui n'hésite pas à donner ses deux filles vierges à une bande de supporters du Paris-Saint-Germain ivres morts, et cela pour protéger ses deux invités qu'il ne connaissait même pas deux heures auparavant.


Totalement illogique.


A moins que lui aussi ne soit tombé sous le charme angélique des deux inconnus :


« Mais les habitants de Sodome dirent : '' Retire-toi ! Tu est venu pour séjourner ici et voilà que tu veux faire la loi ! Maintenant nous te ferons pire qu'à eux''. Ils bousculèrent Loth, et s'approchèrent de la maison pour briser la porte.

Mais les deux hommes étendirent leurs mains, firent entrer Loth dans la maison, et fermèrent la porte. Et ils rendirent aveugles ceux qui se trouvaient à l'entrée de la maison, du petit jusqu'au plus grand [ de sorte ] qu'ils se lassèrent à chercher l'entrée28».

Suivant les versions bibliques, les Anges rendent les sodomites soit aveugles, soit presby­tes. Sachant qu'ils seraient tués peu de temps après, on ne comprend pas très bien l'utilité d'abîmer leurs yeux, mais bon...


« Et les deux anges dirent à Loth : ''Qui as-tu encore ici avec toi ? Gendres, fils, filles, et tout ce que tu as dans la ville, tu dois les faire sortir de ce lieu parce que nous allons le détruire. Leur cri est devenu grand devant l'Éternel qui nous a envoyés pour le détruire.

Loth sortit, parla à ses gendres qui avaient pris ses filles, et dit : ''Levez-vous, sortez de ce lieu, car l'Éternel va détruire la ville''. Et il sembla aux yeux de ses gendres qu'il se moquait.

Comme l'aube du jour se levait, les anges pressèrent Loth lui disant : ''Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, de peur que tu ne périsses dans l'iniquité de la ville''.

Mais il tardait  et de ses deux filles, l'Éternel ayant pitié de lui  et ils le firent sortir, et le laissèrent hors de la ville. Et il arriva quand ils les eurent fait sortir dehors, qu'il dit : ''Sauve-toi, pour ta vie ! Ne regarde pas derrière toi et ne t'arrête pas dans toute la plaine  montagne, de peur que tu ne péris­ses''.

Loth répondit : ''Non, Seigneur, je te prie ! Voici, ton serviteur a trouvé grâce à tes yeux, et la bonté dont tu as usé à mon égard en conservant mon âme en vie a été grande  la montagne, de peur que le mal ne m'atteigne et que je ne meure. Voici, je te prie, cette ville-là est proche pour y fuir, et elle est petite  vivra''.

Et le Seigneur lui dit : ''Vois, j'ai accueilli ta demande en cette chose aussi, de ne pas détruire la ville dont tu as parlé. Hâte-toi d'y aller car je ne peux rien faire jusqu'à ce que tu y sois entré''.

C'est pour­quoi on a appelé le nom de la ville Tsoar. Le soleil se levait sur la terre quand Loth entra dans Tsoar.

Et l'Éternel fit pleuvoir des cieux sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de la part de l'Éternel  détruisit ces villes, et toute la plaine, et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre. La femme de Loth regarda en arrière, et elle devint une statue de sel. Et Abraham se leva de bon matin [ et vint ] au lieu où il s'était tenu devant l'Éternel. Il regarda du côté de Sodome et de Gomorrhe, et du côté de tout le pays de la plaine, et il vit la fumée de la terre qui montait comme la fumée d'une fournaise. Et il arriva, lorsque Dieu détruisit les villes de la plaine, que Dieu se souvint d'Abraham et renvoya Loth hors de la destruction, quand il détruisit les villes dans lesquelles Loth habi­tait.

Et Loth monta de Tsoar, habita dans la montagne avec ses deux filles  mais parce qu'il eut peur d'y habiter, il s'installa avec ses deux filles dans une caverne29».


Fin du premier acte. Les villes de Sodome et Gomorrhe ont été détruites par Michaël et la femme de Loth transformée en statue de sel. Pourquoi en sel, nul ne le sait. Faut-il y voir une leçon de morale ? Ne jamais regarder derrière soi ? Peut-être. Toujours est-il que l'existence même de cette histoire biblique a été remise en cause parce que personne n'avait jamais entendu parler de ces deux villes à la réputation si... sulfureuse ( sans parler de madame Loth en statue de sel de Guérande ). Par conséquent, ce ne pouvait être qu'une de ces nombreuses légendes inventées de toutes pièces par des barbus allumés et que d'autres barbus défoncés à l'encens se transmettaient de génération en génération. Et on aurait très bien pu en rester là. Mais un archéologue de génie a jeté un sérieux doute sur les doutes concernant Sodome et Gomorrhe, car ces villes il les a retrouvées, ensevelies au sud-est de la Mer Rouge ( en l'actuelle Jordanie ) au bout de la péninsule de Lisan : leurs noms modernes ne sont plus Sodome et Gomorrhe, mais Bab edh Dhra et Numeira.


C'est en tentant de trouver des offrandes funéraires dans le cimetière de Bab edh Drha que les fouilles dirigées par le professeur Lapp ont révélé entre 1965 et 1968 les traces d'une formidable explosion qui semble avoir rasé la ville. Les toits étrangement brûlés et les débris, énormes, fichés dans les toitures semblaient être comme un écho des paroles du Dieu de la Bible de Darby : « et l'Éternel fit pleuvoir des cieux sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de la part de l'Éternel  et toute la plaine, et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre », suivi d'un autre écho, de la très nulle Bible éditée par Bayard cette fois : « du ciel Yhwh fait tomber une pluie de soufre et de feu sur Sodome et sur Gomorrhe. Il renverse les villes et la plaine, tous leurs habitants, la flore ».

Les archéologues, étonnés, finirent par résoudre l'énigme de cette pluie de soufre en travaillant avec des géologues qui ont confirmé que cette région de la Mer Rouge possède une forte concentration de bitume dans son sous-sol. Le dictionnaire Robert nous dit que le bitume est un « mélange naturel ou artificiel d'hydrocarbures ( et de résines, d'asphaltènes ) qui se présente à l'état solide ou liquide ( pâteux ), de couleur noire, opaque  huiles brutes ( pétrole ), cires minérales ( ozocérite, hattchetite ), asphaltes, asphaltites  les bitumes artificiels sont obtenus dans la distillation et l'oxydation du pétrole  ( spalt ) s'emploie en héliogravure et en photocollographie ».

Aussi, on comprend mieux les propos du géologue Frederic Clapp selon lequel cette pluie de soufre et de feu provenait d'un tremblement de terre : le mouvement de la terre a fait jaillir ce bitume, déjà sous haute pres­sion, des profondeurs et une simple étincelle dans l'air, ou bien un feu au sol l'a transformé en une gigantesque masse flambante tombant du ciel. Il suffit simplement de trouver du bitume le long d'une faille ( comme par exemple celle de San Andreas de Los Angeles ), ce qui est précisément le cas pour Sodome et Gomorrhe comme l'ont prouvé depuis les relevés topographiques et surtout les photos satellites.


Selon une autre interprétation juive ( Midrach Genèse Rabba 51:2 ) on apprend que Gabriel aurait mis le feu à la pluie de bitume issu du tremblement de terre déclen­ché par Michaël. Pour l'auteur russe Immanuel Velikovsky, ce bitume provenait de la rencontre catastrophique entre la Terre et une comète qui a mis fin à bien d'autres civilisations anciennes30. D'accord. Sodome a bien été détruite par le feu et Gabriel s'y trou­vait comme dans un épisode de Mission Impossible. Mais pourquoi la femme de Loth a-t-elle été transformée en statue de sel ? On se le demande encore... La seule explication logique se trouve dans la suite de l'histoire, qui, c'est le moins qu'on puisse dire, n'en manque pas ( de sel ) :


« Et l'aînée dit à la plus jeune : ''Notre père est vieux, et il n'y a pas d'homme sur la terre pour nous féconder. Viens, faisons boire du vin à notre père, et couchons avec lui, afin que nous conservions une semence de notre père''.

Cette nuit-là, elles firent boire du vin à leur père  l'aînée vint et coucha avec son père  ne s'aperçut ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva31».


Et dire que nos parents nous interdisaient de boire de l'alcool. Sur Loth, la dose a dû être conséquente pour qu'il accepte finalement de répon­dre aux avances de ses filles. Il est vrai que c'était la nuit et qu'il y avait beaucoup de sable autour d'eux. « Sea, Sex & Sun » aurait chanté Gainsbourg, qui, dans son duo  intitulé « Lemon Incest »  avec sa fille Char­lotte, semblait posséder bien des points communs avec l'incestueux Loth.

Ces lignes bibliques « sacrées » nous précisent même que Loth ne s'aperçut de rien ! Apprécions la tournure de la phrase qui tente, comme elle peut, de nous faire croire qu'un homme arrive à faire l'amour sans s'en rendre compte. Mais nous sommes dans la Bible et il importe d'être politiquement correct pour ne pas heurter les abonnés de la Vie Catholique :


« Et il arriva, le lendemain, que l'aînée dit à la plus jeune : ''Voici, j'ai couché la nuit passée avec mon père  nuit  de notre père''. Et elles firent boire du vin à leur père cette nuit-là aussi  et coucha avec lui  coucha ni quand elle se leva. Et les deux filles de Loth conçurent de leur père32».


Sont-ce des prémices, des indices microscopiques de la nature très sexuelle de Gabriel ou bien une confirmation de ce que nous avons déjà vu à propos du prépuce ? Deux Anges interviennent pour sauver une famille mais la mère disparaît au passage ( était-elle trop vieille pour que ces deux Anges ne daignent pas la sauver ? ), laissant le père avec ses deux grandes filles. Le texte biblique nous dit qu'elles ont profité du sommeil de leur père pour s'accoupler à lui, alors que chacun sait que cela relève de l'impos­sible. Le tableau d'Albrecht Altdorfer au Musée de Vienne en Autriche, en témoigne : on voit un homme d'une cinquantaine d'années, nu, avec un sourire carnassier sur les lèvres, se frotter contre les fesses de sa fille, tout aussi nue et à l'air enchanté. Le spectateur, lui, a un sentiment de malaise et de dégoût, mais aussi de fascination. Un autre peintre, Jan Metsys, met en scène les deux filles de Loth, les seins à l'air et le verre de vin à la main, draguant, touchant et caressant leur père dans l'attente d'éveiller son désir. Mais chez Metsys en revanche, le père a l'air assez dépité, comme s'il ne pouvait résister à la détermination scabreuse de sa progéniture. Allons, c'est forcément pour la bonne cause, nous dit dans sa morale l'Ancien Testament.


Ce que le chapitre 19 de la Genèse ne nous dit pas en revanche, est que Loth33 s'est bien adapté à son sort et a vécu de longues années avec ses deux filles dont il eut de nombreux enfants... En tout état de cause, la présence incognito de Gabriel auprès de Loth ne possède qu'une seule raison d'être, celle d'entraîner et de légitimer une procréation déjà inhabituelle, violant non pas une, mais deux lois, celle de la Nature et celle des Hommes. Comme une sorte d'avant-goût salé de ce qui nous attend.

~ 4 ~


SORTIR D'UN RÊVE

ou


la première apparition officielle de Gabriel





Daniel is travelling tonight on a plane.

I can see the red tail lights heading for Spain

Oh and I can see Daniel waving goodbye.

God it looks like Daniel, must be the clouds in my eyes

Lord I miss Daniel, oh I miss him so much.


Elton John, Daniel, Polydor Records







Sur le fleuve du Temps à la recherche de l'Archange Gabriel, nous avons déjà parcouru, rapidement certes, environ 3.000 ans. Nous allons donc nous arrêter au VIe siècle avant JC, en 606 précisément, à la cour du célèbre roi Nabuchodonosor, époque où Babylone34 fière de sa porte et de ses murailles colorées sublimes, domine le monde. En effet, le roi vient de prendre35 Jérusalem en détruisant le saint des saints, le Temple et en capturant plus de 30.000 prisonniers. Attachés les uns aux autres, ceux-ci effectueront une marche forcée de plus de deux mois à travers les montagnes et le désert jusqu'à la porte d'Ishtar de Babylone. Afin de consommer sa victoire, le souverain, magnanime, décide d'intégrer à sa cour quelques « jeunes gens » juifs de bonne famille afin de servir leur nouveau roi. Les enfants sont donc choisis parmi les captifs de familles nobles et le « hasard » a voulu que l'officier en charge de cette opéra­tion choisisse quatre adolescents de 12 à 14 ans parmi lesquels se trouvait un certain Daniel ( un lettré a noté qu'ils devaient quand même « être mignons avec un corps bien fait »... ). On ne sait avec certitude s'ils ont été émasculés, une pratique assez fréquente à l'époque. Mais comme le texte biblique précise que ces enfants se retrouvèrent sous l'autorité du « chef des eunuques », le doute ne peut pas subsister très longtemps, même si tous les exégètes observent un silence radio total à ce sujet. Logique : il est politiquement incorrect.


Le roi approuve le choix, rebaptise les jeunes garçons ( le nouveau nom de Daniel sera Beltschatsar « le favori du Dieu Bel » ) et les confie à ses prêtres afin de les former à la culture babylonienne pendant trois ans. Cela se résume par l'apprentissage de la langue et de son écriture, les devoirs à rendre aux Dieux, la rédaction des contrats civils et surtout l'étude de ces astres que les Chaldéens suivaient en permanence. Le temps passe pour les captifs et les nouvelles habitudes s'incrus­tent très vite au point que la majorité des juifs exilés à Babylone en oublient de respecter les lois strictes de leur religion. Mais le jeune Daniel, devenu adulte, maintient tant bien que mal, et contre toute attente, les coutumes de ses ancêtres sans que cela ne lui porte réellement ombrage, même à la cour. De toute évidence et contrairement à ce que laissent entendre les textes hébreux, les Babyloniens avaient l'esprit ouvert. D'ailleurs Nabuchodonosor ne s'est livré à aucun massacre de prisonniers et sa volonté d'intégrer des jeunes descendants de familles aristocratiques juives témoigne largement en sa faveur. Ce en quoi il se trouve à des millénaires du profil de dictateur sanguinaire et inculte que bien des historiens crétins lui ont collé.

Daniel vit donc sa captivité dans des conditions idéales, voire luxueuses et il ne se plaint pas. A travers son livre, on sent du reste qu'il accepte de payer de sa personne le prix « pour les péchés d'Israël »... Et il a raison, car d'autres ont payé des prix bien plus élevés. De plus, et aussi curieux que cela puisse paraître, cet exil en terre babylonienne avait été prévu et annoncé par des prophètes juifs quel­ques siècles plus tôt : d'abord par Moïse36, ensuite le roi Salomon37, et surtout par le fou furieux génial d'Isaïe le prophète ( son nom veut dire « Yahvé est délivrance » ) qui a textuellement prédit, vers 700 av. JC, au roi de Judée Ezéchias :


« ''Vois, des jours viendront où l'on emportera à Babylone tout ce qui est dans ta maison et ce que tes pères ont amassé jusqu'à ce jour  prendra de tes fils, qui seront sortis de toi, que tu auras engendrés, pour en faire des eunuques dans le palais du roi de Babylone''38»


Ce à quoi le roi de Judée avait répondu : « elle est bonne la parole du Seigneur que tu as dite ». Hélas, le successeur de ce monarque, Manassé, n'avait manifestement pas eu le même sens de l'humour spirituel. Agacé par les paroles prophétiques déplaisantes d'Isaïe, et aussi par un futur incertain, il avait lancé son armée à ses trousses. Coincé, Isaïe n'avait trouvé le salut que devant un arbre sur lequel il grimpa à toute vitesse, tel un chat, pour échapper à ses poursuivants. Et pour cette tentative de fuite, le nouveau roi de Judée le fit scier en deux, vivant ! Yahvé possède manifestement un sens de l'humour assez développé si l'on en juge par les fins qu'il réserve à ses messagers les plus doués ( d'où l'expression, lorsqu'on apprend une nouvelle étonnante, « ça ma scié » ) SUITE DANS LE LIVRE


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pierre jovanovic



TABLE


17 A la recherche de l'Archange Gabriel

21 Station Sumer Babylone

33 Sex, Salt & Sodome

43 Sortir d'un Rêve

83 Le Travesti Babylonien

93 Enoch, le Livre qui rend Fou

115 Les Trompettes de l'Utérus

127 Concerto pour Trompes de Faloppe en Ré Mineur(e)

187 Le Téléphone Arabe de la Révélation

223 Je Transmets, donc Je suis

237 Apparitions Instantanées

253 Le Profil Psychologique de l'Ange Gabriel

269 La Surprise de l'Archange ( postface )

283 Avoir comme prénom ou nom Gabriel

287 Fragments d'un Archange

297 Les 7 Leçons à propos de Gabriel

299 Bibliographie, Discographie, Films Vidéos






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1 Nouvelle version 600 pages, éditions Le Jardin des Livres, 2005.

2 Dans le Livre du Jardin des Rois, Nuruddin Ar'Raniri fut l'un des premiers encyclopédistes musulmans. Le Jardin des Rois a été écrit en 1636 et recensait toutes les connaissances islamiques et scientifiques de l'époque.

3 « Sans doute du très ancien mot berbère "aman" signifiant "eau"», selon le Petit Dictionnaire des dieux égyptiens d'Alain Blottière aux éditions Zulma.

4 D'après le Robert : « charge, dignité de gouverneur ».

5 In Angels, an endagered species, Malcolm Godwin, page 43.

6 Ou Nin-hur-Sag.

7 Le linguiste Alfred Hamori souligne l'extraordinaire justesse de cette légende sumérienne qui crée des humains en utilisant des graines « génétiques » provenant d'un Dieu : « le fait que l'homme ait été créé à partir d'argile est une idée commune, sumérienne et biblique. Pourquoi d'argile ? Il est évident que c'est de l'argile mouillé et que nous sommes faits de terre et que allons y retourner. Mais en sumérien le terme pour désigner l'argile signifie aussi « croissance ». Sachant que l'on retrouve des similitudes considérables entre la langue hongroise et sumérienne, le vieux mythe des origines hongrois prend tout son sens : le Dieu Magor prend la décision de quitter l'océan céleste pour apporter de l'argile et une graine pour créer l'homme. Pour effectuer cette tâche, il se transforme en un canard sauvage en or... En sumérien ''imi'' veut dire argile, boue et ''mu'' veut dire faire croître, apparaître, allumer, éclore. Il est fort possible que ce soit rattaché à d'anciennes langues uraliques, ''mugor'' voulant dire corps, graine, semence. On retrouve ce terme, ''mugor'' dans des variations des langues altaïques et dravidiennes. En hongrois ''mag'' veut dire graine, semence, soi. Cependant, c'est le sumérien qui permet de faire toutes les associations, sachant que les petites particules de sable/terre qui composent l'argile sont ''imi'' en sumérien alors qu'en hongrois elles peuvent être appelés ''szem'' qui veut dire les yeux ou petites particules ».

8 Les linguistes ont établi par exemple qu'au pays de Canaan, les habitants parlaient le moabite, l'ugaritique et l'hébreu, celui-ci étant le seul survivant.

9 Notons aussi cette concordance entre Nin « orsag » ( plaine de la Dame ) et Magyar « orsag », ( plaine des Magyars ). Voir les deux notes précédentes.

10 Tous les Gabriel et Gabrielle ont pour surnom familial Gaby ou Gaga.

11 In La Création d'Adam, La Légende des Juifs, Volume 1.

12 Annemarie Schimmel nous rapporte dans son livre Terres d'Islam : « Quand Adam fut créé, un Ange refusa de se prosterner avec les autres anges devant Adam. C'était Iblis (Satan) qui se croyait supérieur à Adam puisqu'il était créé à partir de feu tandis qu'Adam l'était à partir d'argile. Satan fut maudit et agit dès lors comme l'ennemi de l'humanité, et non comme ennemi de Dieu, car il est aussi, comme tout ce qui existe dans l'univers, une créature de Dieu ».

13 Du grec mesos : entre, milieu.

14 Vénus, Mars, Mercure, Jupiter et Saturne.

15 Jean Bottéro, grand spécialiste de Sumer développe amplement cette particularité dans son Mésopotamie: l'Ecriture, la Raison et les dieux, Gallimard.

16 Voir son Dictionnaire des Anges avec plus de 4000 noms, ouvrage de presque 700 pages, imprimé depuis 40 ans. Ed. Le jardin des Livres, 2005.

17 Pour toutes les nouvelles générations qui ne savent pas ce qu'est le jardin d'Eden, rappelons que Eve y vivait avec Adam. Incitée par un serpent, elle a croqué dans la pomme, fruit de l'Arbre de la Connaissance ce qui a entraîné sa mortalité et celle de ses enfants, c'est-à-dire nous. Curieusement, le livre du généticien Bryne Sykes Les Sept Filles d'Eve publié en 2001 prouve que nous remontons tous, via nos cartes d'identité ADN, à seulement sept mères différentes.

18 Abd-al-Raziq, Abu-Bakr : Al-khitan, ra'y ad-din wal-'ilm fi khitan al-awlad wal-banat, Dar Al-i'tissam, Le Caire 1989.

19 Le Sri Lanka actuel.

20 Les Seychelles sont considérées aujourd'hui comme une réplique du Jardin d'Eden originel.

21 Page 1793, in La Bible, écrits intertestamentaires, La Pléiade.

22 Toutes les citations proviennent de la Bible traduite par Darby.

23 In Histoire des premiers temps de l'Islam par Safdar Hussein, commenté par Abbas Ahmad al-Bostani, Édition La Cité du Savoir, Abbas Ahmad al-Bostani C.P. 712, Succ. (B), Montréal, Qc, H3B 3K3 Canada.

24 Paroles originales en anglais. La traduction ayant permis de garder une partie des rimes, nous la livrons en français.

25 Michaël est mentionné cinq fois dans la Bible, trois fois dans l'Ancien Testament, et deux fois dans le Nouveau. Jude le classe dans les Archanges.

26 Depuis, le Dr Simon Le Vay du Salk Institute de San Diego a trouvé la zone du cerveau ( près de la moelle épinière dans une zone appelée INAH 3 ) qui détermine, dès notre naissance, notre orientation ( ou préférence ) sexuelle. Chez les hommes, cette zone est de la taille d'un grain de café, chez les femmes exactement la moitié. Le Dr Levay a découvert que cette zone chez les hommes homosexuels était exactement du même volume que celui des femmes. Cette découverte a été faite en 1991 et confirmée depuis par d'autres universités. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, elle a fait plus de malheureux que d'heureux. Sources: Los Angeles Times, Le Quotidien du Médecin, Wall Street Journal, Washington Post.

27 Quartier historique de Paris, devenu celui de toutes les boîtes de nuit pour homosexuels.

28 Toujours le même chapitre de la Bible.

29 Idem, op.c.

30 Son livre Mondes en Collision a été publié par le Jardin des Livres en 2003. Sa lecture est fascinante car elle offre une grille d'interprétation nouvelle aux livres de l'Ancien Testament. A lire absolument, ne serait-ce que pour se faire sa propre opinion.

31 Idem, op.c.

32 Idem, op.c.

33 Pour les cinéphiles : un film de 1934 de Watson Webber Loth in Sodom, un film plein d'action...

34 Babylone veut dire « la porte des dieux ».

35 Chute du royaume d'Israël en 722, chute du royaume de Juda en 589.

36 Deutéronome 31, 16-17.

37 1-Roi 8, 46-51.

38 2-Rois, 20,17.

23

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