howard bloom le genie de la bete
HRM-BUGENIE
24,9 €

Préface à la version française de Howard Bloom (fev. 2012)

La version française du Génie de la Bête, une refonte radicale du capitalisme arrive dans la 10e année de ma relation avec les éditions Le Jardin des Livres et son directeur littéraire, Pierre Jovanovic.

Le Génie de la Bête franchit le fossé entre croyance et science. C'est un livre sur les miracles. Sur les miracles séculiers. Sur les miracles matériels. Sur les miracles qui se dégagent de l'évolution, pas de dieux. Miracles que la science doit être amenée à comprendre si elle veut être à la hauteur de sa mission, une compréhension laïque de chaque phénomène dans cet univers.

Mais est-ce que les miracles et le capitalisme peuvent figurer ensemble dans un même livre? Oui. Absolument oui. Si vous et moi étions nés en 1850, notre espérance de vie ne serait que de 38 lamentables années et une demie. Si nous sommes nés dans la sphère d'influence de la civilisation occidentale en l'an 2000, notre espérance de vie passe alors à 78 ans. Deux vies pour le prix d'une. Une quarantaine d'années supplémentaires! Les empereurs chinois avaient pour habitude de dépenser des fortunes chez des "experts" qui prétendaient disposer de techniques pour prolonger la durée de vie. En fait certaines de leurs techniques raccourcissaient leur vie car elles impliquaient l'usage de poisons. Mais le système occidental a réalisé le miracle que les empereurs chinois avaient cherché. Et il ne l'a pas fait pour un seul être humain, privilégié parmi les privilégiés, mais pour plus d'un milliard d'habitants. Et SEUL le système capitaliste a réussi à le faire.

Mais il y a plus. Chaque système de croyance qui fait appel à notre idéalisme prétend qu'il va relever le pauvre et l'opprimé. Mais seul le système occidental a tenu cette promesse. Comment? En 1850, si vous aviez été l'un des pauvres ouvriers les moins bien payés de Londres, vous auriez alors été un docker d'origine irlandaise travaillant sur les quais pour 4.800 dollars par an; 4800 dollars pour nourrir votre femme et vos 5 ou 9 enfants. Mais si vous étiez le plus pauvre des travailleurs de Londres en 2009, vous auriez été un assistant personnel et vous auriez gagné près de 39.000 dollars par an. En d'autres termes, vous, le travailleur le moins bien payé en 2009, vous auriez gagné plus qu'un immeuble entier rempli de dockers de 1850. Le système occidental a sorti tant de gens de la pauvreté que nous avons un nouveau nom pour désigner cette masse des pauvres d'autrefois: on l'appelle la "classe moyenne".

Aucun autre système n'a jamais pu réussir de tels achèvements extraordinaires par sorcellerie. La civilisation chinoise ne l'a pas fait. La civilisation islamique ne l'a pas fait. Quant au système marxiste, il a lamentablement échoué. Seul le système occidental a réalisé ces miracles séculaires, ces miracles matériels. Des miracles qui ont élevé l'esprit humain et qui ont considérablement élevé le QI moyen. Ce sont des miracles d'un tout nouveau genre. Miracles que vous examinerez à travers les optiques brillantes de la science et de l'histoire dans le Génie de la Bête.

Qu'est-ce que le capitalisme a de commun avec tout cela? Il est le métabolisme du système occidental. Un métabolisme qui fonctionne à merveille quand il est en équilibre avec les autres éléments clés du système : le gouvernement et le mouvement de protestation.

Pourquoi notre économie s'est-elle effondrée en 2008? Pourquoi courrons-nous le danger d'avoir d'autres effondrements aujourd'hui? Pourquoi une nouvelle période de prospérité est-elle inévitable? Et que devons nous faire pour que notre système dépasse son grand rival chinois? Les réponses se trouvent dans nos capacités à fabriquer des miracles. Les réponses sont dans les secrets du système occidental. Les réponses sont dans ce livre.

Howard Bloom

Un livre qui pulvérise toutes les idées reçues sur le capitalisme par un auteur adoré des Français.

J'imagine les yeux d'Howard Bloom riant tandis qu'il saisit une massue pour démolir une autre icône géante: cette fois, c'est la vache sacrée de la théorie macroéconomique capitaliste. Mais après un bon dépoussiérage, et sa reconstruction colorée de l'histoire de la civilisation occidentale passée au crible de sa dernière méga-idée... il s'avère que le capitalisme est une bonne chose malgré tout. Nous nous sommes tous trompés sur les raisons! Bloom demeure l'une de mes principales sources de nouveaux mèmes. Ne manquez pas celui-là. Richard Brodie auteur de Virus of the Mind: The New Science of Meme.

Howard Bloom a créé un chef-d'oeuvre! Ce livre est le moment dont chacun a besoin. Barbara Annis

Le nouveau livre d'Howard Bloom tape une bonne fois pour toutes dans le mille. Il est difficile de croire qu'un livre puisse tout clarifier et expliquer, mais celui-ci le fait. Richard Foreman, lauréat du prix Macarthur Genius.

Les livres d'Howard Bloom sont un cadeau pour la civilisation. Le Génie de la Bête est la meilleure histoire des affaires jamais lue, et j'en ai lu beaucoup. Il résonne sur ma propre onde de fréquence. Alex Lightman, auteur de Brave New Unwired World: the Digital Big Bang and the Infinite Internet, directeur technique de FuturMax Group et directeur technique de l'Organisation Intergouvernementale des Énergies Renouvelables aux Nations-Unies.

Fascinant, brillant, remarquable, relaxant, optimiste et merveilleusement écrit. L'histoire d'un glorieux tour de force du monde. Je me suis surpris moi-même à citer des faits tirés du Génie de la Bête à mes amis, étalant de la sorte un niveau d'érudition bien supérieur à celui auquel je les avais accoutumés. Un livre formidable. Michael Zilkha, Zilkha Biomass Energy.

Bloom possède un esprit de synthèse qui relie les éléments entre eux de sorte que nous on puisse y voir clair. Paul Herr, auteur de Primal Manager et inventeur du Horsepower Survey.

L'avenir du capitalisme et l'avenir du monde changeront s'ils prêtent attention à Howard Bloom. Bob Krone, doyen de l'Université de Kepler Space.

Bloom fait du rock une culture comme il explose les mythes du passé, les culs-de-sac du présent et les impasses de l'avenir. Si au cours de toute crise, l'endroit le plus sûr est toujours la vérité pure, alors Bloom n'hésite pas à nous dire ce qui ne va pas, ce qui fonctionne et comment nous pouvons sortir du pétrin dans lequel nous nous trouvons. À lire attentivement ! Don Edward Beck, docteur et directeur des Centres Globaux pour l'Émergence Humaine et co-auteur de Spiral Dynamics: Mastering Values, Leadership and Changes.

Lisez avec délectation ce livre formidable dans lequel Bloom réécrit l'histoire de l'Occident et nous montre ce qu'est réellement le capitalisme -ce qu'il attend de nous dans ce qu'il a de meilleur et comment il récompense nos natures les plus profondes. Bloom est un penseur du même acabit que Herbert Spencer ou Henri Bergson -il essaie de voir le cadre complet de l'origine de l'univers, de l'origine de la vie jusqu'aux origines de l'humanité et la continuité créative du cosmos dans notre comportement social et personnel. Au passage, ses idées retournent l'esprit: le portrait qu'il dresse du réel génie de Platon en tant que spécialiste en marketing est brillant. Les bactéries qui empoisonnent leur environnement et font, dès lors, progresser l'évolution... Quelle métaphore ! La plus grande compétence de Christophe Colomb était le marketing et non la navigation, le rôle des rituels du thé, l'histoire du savon ; que de merveilleuses idées. Par le passé, j'ai écrit sur Max Weber et ''l'esprit du capitalisme'' et cela m'a rendu plus conscient encore de l'intelligence des arguments de Bloom quant à ce qui compose la Bête et comment on peut l'exploiter: le capitalisme n'émerge pas seulement de l'éthique protestante, mais de la nature de l'animal humain et de son héritage cosmique. Espérons que ce côté de la Bête saura triompher de ses côtés bornés et limiter ces autres côtés d'elle-même pour la sécurité du peuple. Mais il a raison concernant ce que l'Occident a de meilleur à offrir: Capitalisme = Service. Un livre brillant et surprenant. Robon Fox, fondateur du département d'anthropologie de l'Université de Rutgers, ancien directeur de recherche pour la Fondation Guggenheim.

Le Génie de la Bête est extraordinaire ! Steven Johnson Leyba

Il y a un message retentissant dans Le Génie du Capitalisme. L'être humain est au centre de l'histoire et avant. À l'avant et au centre du passé, du présent et du futur. Cet être humain est notre client. Ce livre explique l'importance de comprendre les émotions de nos clients. Il explique l'importance prépondérante de procurer ces résultats d'une façon éthique. Ce message est fondamental à une époque où il existe une fracture dans le domaine des investissements financiers à mesure que nous continuons d'avancer vers une réforme des retraites. Les anciens schémas ne correspondent plus à la situation actuelle. Il demeure trop de problèmes insolubles. Les professions de l'investissement ont besoin d'un nouveau langage. La finance traditionnelle et l'économie décrivaient le client en termes d'utilité rationnelle. Ce langage n'est plus suffisamment satisfaisant. Nous avons besoin de mots nouveaux qui nous aident à comprendre les besoins émotionnels de nos clients. C'est pour cela que nous avons mis Le Génie de la Bête au programme de nos analystes en gestion de pension». François Gadenne, président du conseil d'administration et directeur exécutif de Retirement Income Industry Association et co-auteur de RIIA's Advisory Process: How to Benefit from The View across the Silos.

Simultanément ce livre vous allumera le cerveau, réveillera vos émotions et vous motivera à mesure qu'il sonde en profondeur l'âme de l'homme, la société et le capitalisme en tant que moteur de la civilisation humaine. L'auteur nous fait cadeau d'un manifeste de contreculture qui ressuscite le bienfait du capitalisme tandis qu'il se connecte également aux racines de l'humanité, en tant que microcosme de l'âme de la société. « Le futur de la race humaine est caché dans nos fantasmes. » Pour moi, ce livre fut de la science fiction à l'envers, l'explication lucide de combien le mal est bien et combien le bien est mal ; et surtout, le constat que chaque progrès de la civilisation a d'abord été un progrès de la connectivité. L'auteur rejoint William Greider et John Bogle dans la catégorie des hommes à la morale sage qui oeuvrent à ramener le capitalisme à sa raison sociale: bien faire en faisant du bien - satisfaisant les besoins émotionnels naturels des individus pour reconstruire la société, encore et encore. Le Génie de la Bête vous saisira par la gorge et secouera vos perceptions fondamentales de la vie. Robert D. Steele, créateur de Marine Corps Intelligence Center, PDG de www.oss.net, auteur de On Intelligence: Spies and Secrecy in an Open World.

Charmante et perspicace balade sur des montagnes russes dans le futur du capitalisme, chargé de l'engouement d'Howard Bloom pour l'aventure kaléidoscopique aux frontières de l'histoire, la biologie, la physique, le marketing, l'économie et la gestion. Nova Spicack, PDG et fondateur de Twine.com.

Dans Le Génie de la Bête, Howard Bloom accomplit ce qu'il avait prévu de faire: formuler un appel farouchement laïc à tout ce qui justifie une mission spirituelle. En suivant à la trace l'élan capitaliste consistant à toujours innover, remontant dans le temps jusqu'à ses humbles origines de bactéries et de fourmis, Bloom transmet une leçon puissante et un impératif évolutionnaire afin que nous nous réinventions -et revigorions ce système- pour le salut de notre futur collectif. Andrew Cohen, fondateur de EnlighmentNext

Ce livre est au-delà du génial. Il est génial. Nouveaux concepts géniaux, nouvelles visions géniales, nouvelles idées géniales pour regonfler nos espèces... Le Génie de la Bête est arrivé à une époque critique de ma vie. J'étais dépressif et cynique à propos du capitalisme. À travers le nouveau prisme procuré par ce livre, je suis passé d'une manière de voir les choses reposant sur les actualités à une perspective où je peux à la fois voir clairement le capitalisme à partir d'un microscope et du télescope spatial Hubble. Découvrir un capitaliste en Marx suffit à retourner complètement mon univers. Voir Isaïe comme une sorte d'Antony Robins signifie que le nouveau prisme fonctionne. Je n'aurai jamais cru vouloir relire le livre d'Isaïe un jour. ''Sans rien de positif, rien ne se passe'' est un concept tellement puissant et important, et Bloom l'explique magnifiquement. Bloom écrit: ''Si vous servez les autres avec tout votre coeur, avec toute votre âme et avec tout votre intellect, vous pouvez rencontrer de l'hostilité, peut-être serez-vous haï, moqué, harcelé et chassé, mais vous réussirez''. Le fait que Bloom puisse déclarer cela, et le prouve encore et encore à l'aide d'histoires fascinantes et de la science, me laisse un sentiment de motivation, de confiance et de paix. Ce livre est en train de causer une révolution dans mon cerveau et mon âme. Troy Conrad, comédien.

Pure poésie, divinement engendré, c'est une lutte de visions, vin et hostie pour devenir la chair et le sang du monde réel. Je suis convaincu que Howard Bloom est la réincarnation de Platon. Cette bête est absolument captivante. Un envoyé de Dieu. Mark Lamonica, auteur de Rio L.A.: Tales from the Los Angeles River.

Je suis chrétien et Bloom est athée. Mais il épingle brillamment la nature divine qui nous conduit vers la création et le reste. Le Génie de la Bête est une épiphanie séculière. Brace E. Barber, président de Decipherst, et auteur de No excuse Leadership.

Howard Bloom personnifie le génie de l'Amérique des entrepreneurs ; le suivre nous conduira vers un nouveau monde de création de richesses. Rich Kirby, président de l'Université de Kepler Space.

"Bloom est en penseur comme Henri Bergson ... Un livre incroyable et brillant" Robin Fox, Rutgers University

"Brilliant et puissant" Edgar Mitchell, astronaute de la mission lunaire Apollo 14.

"Une création littéraire visionnaire " Avul Pakir Jainulabdeen, président de la République de l'Inde (de 2002 à 2007)

"Un livre extraordinaire ... Je n'ai pas pu le poser" James Burke BBC.

"Un livre impressionnant et stimulant" James Fallows, New America Foundation.

"Ce livre va vous prendre à la gorge et secouer toutes vos idées reçues sur la vie" Robert D. Steel, officier de la CIA

Un livre encore plus puissant que son Principe de Lucifer qui a fait la gloire de Howard Bloom en France.

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Le Génie du Capitalisme

( le génie de la Bête )

« Une révision radicale du capitalisme  »


L'Église s'opposait à la lecture de la Bible. Dieu n'était disponible qu'à travers l'antique hiérarchie des prêtres, des évêques et du pape. Lire la Bible, lire tout court, reconnectait votre cerveau de façon spectaculaire. Cela donnait une marge à un nouvel ensemble neural tout entier... Si vous aviez grandi en lisant, votre compréhension des mots sur une page donnait un avantage concurrentiel aux cellules qui connectaient votre cortex frontal gauche, votre cerveau du langage et de la parole à votre cerveau droit, celui de la reconnaissance des formes.

Préface à la version française
de M. Howard Bloom

La version française du Génie de la Bête, une refonte radicale du capitalisme arrive dans la 10e année de ma relation avec les éditions Le Jardin des Livres et son directeur littéraire, Pierre Jovanovic.

Le Génie de la Bête franchit le fossé entre croyance et science. C'est un livre sur les miracles. Sur les miracles séculiers. Sur les miracles matériels. Sur les miracles qui se dégagent de l'évolution, pas de dieux. Miracles que la science doit être amenée à comprendre si elle veut être à la hauteur de sa mission, une compréhension laïque de chaque phénomène dans cet univers.

Mais est-ce que les miracles et le capitalisme peuvent figurer ensemble dans un même livre ? Oui. Absolument oui. Si vous et moi étions nés en 1850, notre espérance de vie ne serait que de 38 lamentables années et une demie. Si nous sommes nés dans la sphère d'influence de la civilisation occidentale en l'an 2000, notre espérance de vie passe alors à 78 ans. Deux vies pour le prix d'une. Une quarantaine d'années supplémentaires ! Les empereurs chinois avaient pour habitude de dépenser des fortunes chez des « experts  » qui prétendaient disposer de techniques pour prolonger la durée de vie. En fait certaines de leurs techniques raccourcissaient leur vie car elles impliquaient l'usage de poisons. Mais le système occidental a réalisé le miracle que les empereurs chinois avaient cherché. Et il ne l'a pas fait pour un seul être humain, privilégié parmi les privilégiés, mais pour plus d'un milliard d'habitants. Et SEUL le système capitaliste a réussi à le faire.

Mais il y a plus. Chaque système de croyance qui fait appel à notre idéalisme prétend qu'il va relever le pauvre et l'opprimé. Mais seul le système occidental a tenu cette promesse. Comment ? En 1850, si vous aviez été l'un des pauvres ouvriers les moins bien payés de Londres, vous auriez alors été un docker d'origine irlandaise travaillant sur les quais pour 4.800 dollars par an  Aucun autre système n'a jamais pu réussir de tels achèvements extraordinaires par sorcellerie. La civilisation chinoise ne l'a pas fait. La civilisation islamique ne l'a pas fait. Quant au système marxiste, il a lamentablement échoué. Seul le système occidental a réalisé ces miracles séculaires, ces miracles matériels. Des miracles qui ont élevé l'esprit humain et qui ont considérablement élevé le QI moyen. Ce sont des miracles d'un tout nouveau genre. Miracles que vous examinerez à travers les optiques brillantes de la science et de l'histoire dans le Génie de la Bête.

Qu'est-ce que le capitalisme a de commun avec tout cela ? Il est le métabolisme du système occidental. Un métabolisme qui fonctionne à merveille quand il est en équilibre avec les autres éléments clés du système : le gouvernement et le mouvement de protestation.

Pourquoi notre économie s'est-elle effondrée en 2008 ? Pourquoi courrons-nous le danger d'avoir d'autres effondrements aujourd'hui ? Pourquoi une nouvelle période de prospérité est-elle inévitable? Et que devons nous faire pour que notre système dépasse son grand rival chinois ? Les réponses se trouvent dans nos capacités à fabriquer des miracles. Les réponses sont dans les secrets du système occidental. Les réponses sont dans ce livre.

Howard Bloom, Février 2012.

I

Prologue

~ 1 ~
L'âme a-t-elle sa place dans cette Machine ?

Pourquoi le capitalisme a-t-il besoin d'une révision radicale ?

La première décennie du XXIe siècle aura infligé au monde occidental une fracture du crâne après l'autre. Les attaques du 11 septembre et l'écroulement du World Trade Center de New York, le bourbier en Irak, le Grand Crash de 2008, l'implosion d'entreprises majeures telles que General Motors, Chrysler, Merril Lynch et City Bank, et l'expansion de la Chine au rang de superpuissance  Notre civilisation est attaquée mais la plupart d'entre-nous ne veut pas la défendre. Pourquoi ? Il y a un vide dans notre sens de la signification. On nous a dit que le système occidental est un système dans lequel les riches créent des besoins artificiels pour sucer l'argent, le sang et l'esprit du reste d'entre-nous1.

On nous a dit que les requins de l'industrie travaillent sans relâche à transformer les humains sensibles que nous sommes en consommateurs – acheteurs idiots qui regardent passivement la télévision tandis que la mauvaise nourriture aux saveurs artificielles, conservateurs chimiques et sucres bon marché nous rend obèses. Et c'est en partie vrai. V Mais le problème ne se situe pas dans les turbines du mode de vie occidental – il ne réside pas dans l'industrialisation, le capitalisme, le pluralisme, la liberté d'expression ou la démocratie. Le problème vient du prisme par lequel nous voyons les choses.

Les flux émotionnels ont alimenté notre passé et conduiront également notre futur. Mais nous n'avions jamais eu le spectre perceptuel qui les expose au grand jour. Le capitalisme fonctionne. Il fonctionne pour des raisons qui n'apparaissent pas dans les analyses de Marx ou dans les statistiques des économistes. Ça marche maladroitement, tant bien que mal, parfois brillamment, parfois sauvagement. Le Génie de la Bête : une Révision Radicale du Capitalisme tente de nous montrer pourquoi.

Le Génie de la Bête tente de révéler le sens plus profond de ce qui se cache sous ce qu'on nous présente comme du matérialisme grossier. Il sonde comment nos réalisations obsessionnelles et échanges de biens et services élèvent mystérieusement la nature de notre espèce, nous donnent de nouveaux pouvoirs et nous dotent de l'équivalent de nouveaux bras, jambes, yeux et cerveaux.

Le Génie de la Bête sonde un secret non révélé du système occidental – nous ne sommes pas de simples chiffres dans un jeu de nombres. Nous sommes des personnes avec des sentiments et nous sommes cousus d'échanges émotionnels.

Qu'est-ce que La Bête ? C'est la civilisation occidentale. Un monstre avec un métabolisme particulier – le capitalisme. Le capitalisme est un mot qui est devenu un juron pour beaucoup d'entre-nous. Mais sous la surface, le capitalisme et le système occidental cachent des habilités étonnantes. Le Génie de la Bête regarde la dure réalité en face. Beaucoup d'entreprises d'aujourd'hui sont, du point de vue créatif et moral, endormies. Mais vous et moi pouvons les réveiller de la façon la plus ironique qui soit – par une amélioration étrange mais vitale de la richesse de nos vies. Chaque culture a besoin d'un mythe de création, une vision de comment les choses se sont produites. Ce mythe de création définit les valeurs d'une culture et ses aspirations. Le Génie de la Bête tente d'apporter un mythe de création radicalement nouveau – un mythe de création factuel, une histoire de la création basée sur l'histoire et la science. Le Génie de la Bête tente de nous donner une façon complètement nouvelle de comprendre notre société.

Le Génie de la Bête est un survol rapide du jet-stream des histoires racontant la légende de l'ascension d'une créature étrange – la civilisation occidentale – et de son appareil digestif capitaliste. Le Génie de la Bête explore l'autre face saisissante de récits familiers – la façon dont les outils de pierre ont recréé nos gènes, la manière dont le fard à joues paléolithique et les colliers ont amélioré notre habilité à penser, la façon dont nous avons inventé la cité, le roi qui inventa l'argent, les merveilles secrètes du commerce phénicien et la manière étrange dont William Shakespeare, Barnum, Rockefeller et la révolution du savon et du coton ont fait évoluer l'humanité. Pris dans leur ensemble, ces épisodes révèlent une histoire jamais racontée de nos origines, une nouvelle clé face aux dilemmes de la vie, la vie de tous les jours dans un monde de changements instantanés.

Le Génie de la Bête est également conçu pour vous procurer du plaisir, mais s'il accomplit sa mission, il vous apportera également quelque chose de plus – une façon radicalement nouvelle de voir.


~ 2 ~

Élever le pauvre et l'opprimé :
quel système le fait le mieux ?

Seules les religions et les idéologies promettent d'élever le pauvre et l'opprimé. Mais seul le système occidental tient cette promesse. Voici quatre exemples.


Barbara Annis, responsable d'une firme de coaching pour PDG et consultants d'entreprises, dont le siège se trouve au Canada, était venue chez moi un soir dans ma maison de briques brunes de Parc Slope de Brooklyn pour un meeting. Un ami qui avait ouvert des entreprises en Azerbaïdjan, en Hongrie, en Égypte, en Jordanie, au Pakistan et en Haïti se trouvait là aussi. L'entrepreneur international s'était penché en avant sur la chaise longue à ma droite et avait posé une question pour le moins très directe à Annis : « Qu'est-ce que les PDG que vous ''coachez'' souhaitent le plus dans la vie ?  » La réponse ne fut ni un doublon dans une valeur boursière, ni même un bond dans un gain trimestriel. « Ce qu'ils veulent vraiment  », dit Annis, « c'est faire quelque chose qui apporte un plus à la société. Ils veulent s'assurer qu'ils ont contribué à quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes. Quelque chose qui ait une véritable signification.  »

Quelques soirs plus tard, je marchais dans le quartier en direction de la principale rue commerçante à la 7e Avenue ; j'ai pris une rue à droite, j'ai marché encore quelques blocs, puis j'ai braillé dans la librairie communautaire pour demander à sa propriétaire, Katherine, combien il serait impérieusement nécessaire d'écrire un livre qui changerait radicalement notre perception des valeurs occidentales, qui renverserait notre vision du capitalisme, et qui nous montrerait les impératifs moraux cachés à l'intérieur de notre société 

« Voici quelques semaines, l'une de mes amies recevait des invités d'Allemagne  » me dit-elle, « et avant de repartir, les Allemands lui ont confié qu'ils l'enviaient. Elle ne comprenait pas pourquoi  ». L'Allemagne possède un système de sécurité sociale inimaginable, ils ont presque deux mois de vacances par an, et les Allemands vivent sous un gouvernement qui ne fait pas la guerre en Irak, qui ne jette pas de bombes à fragmentation au-dessus des villages afghans, qui n'encourage pas les gaz à effet de serre et qui ne corrompt pas un pays comme le Nigeria au nom du pétrole. La patronne de la librairie me lança : « les invités de mon amie lui ont dit qu'elle avait de la chance. ''Vous, les Américains'', lui ont-ils dit, ''vous avez le meilleur mode de vie au monde''. Mon amie m'a appelée, étonnée, pour demander comment cela était possible, et si il y avait vraiment quelque chose de bien dans notre société ? Peu importe où je suis, peu importe qui je rencontre, je vois que ce genre de questions embête tout le monde.  »

***

S'ils ont le choix entre des biens terrestres et des nourritures émotionnelles, les humains boucleront leur ceinture et iront vers la viande émotionnelle. Sur plus de 10.000 « fabriques à attentat suicide  » à travers le monde, sur plus de 10.000 écoles wahabites, on apprend aux enfants à faire la guerre sainte. On leur dit que l'Occident n'a rien d'autre à apporter au monde qu'immoralité et décadence. Les enseignants dans ces madrassas transmettent brillamment la passion. Ils nourrissent la faim de sens avec la mauvaise nourriture des émotions – la violence et la fureur vertueuse. Mais se pourrait-il que l'enseignant de la madrassa ait raison ? N'avons-nous vraiment rien dans notre système occidental qui vaille la peine qu'on se batte pour lui ? N'avons-nous rien qui vaille l'idéalisme et les croyances ?

Dans les années qui suivirent le 11 septembre, un courant incessant d'amis intelligents et socialement responsables m'ont dit que la civilisation américaine était en train de s'éteindre et méritait de mourir. Notre culture, disaient-ils, est la culture la plus violente de l'histoire de l'humanité. Elle a violé la planète et torturé ses prisonniers de guerre. Si elle ne s'effondre pas sous son propre poids, elle devrait être exécutée pour ses crimes. Ces gens sont des personnes d'influence. L'un d'eux, par exemple, organise des séminaires internationaux pour un institut très prestigieux. Un autre appartient au monde de l'édition ( Dieu merci, il n'est pas lié à l'édition de ce livre ).

Mais voici un élément de base du mode de vie occidental, aussi difficile que cela puisse être à concevoir : le capitalisme offre plus de choses en lesquelles croire que n'importe quel autre système jamais connu auparavant. Presque chacun d'eux, du Christianisme au Bouddhisme, de l'Islam au Marxisme promet d'élever le pauvre et l'oppressé. Mais seul le capitalisme tient les promesses de ces religions et idéologies. Le capitalisme élève le niveau des pauvres et les aide à vivre leurs rêves. La preuve réside dans les méga-avantages que nous tendons à prendre pour acquis :

Au milieu des années 1700, les vêtements en coton étaient un luxe que seuls les très riches pouvaient s'offrir. Les masses travaillaient chaque jour dans des tissus faits de poils durs d'animaux qui abritaient des insectes et qui les grattaient et torturaient leur peau. Changer de vêtements presque chaque jour ou les nettoyer régulièrement était chose impossible. Prendre un bain avait peu de sens si votre chemise portait encore la pestilence du mois précédent. Mais en 1769, le capitalisme introduisit le métier à tisser mécanique et changea la nature même des chemises sur nos dos. Arrivé au XXe siècle, le capitalisme avait fait du T-shirt en coton – le tissus des rois – la norme, y compris pour l'Africain sub-saharien le plus pauvre.

Au XIXe siècle, le capitalisme nous a donné un autre produit universel : le savon. Les statistiques montrent que, de manière très significative, les occidentaux ont vieilli en meilleure santé et ont ajouté quelques décennies de plus à leur espérance de vie depuis les années 1840, quand les révolutions du savon et du coton ont commencé à produire leurs effets.

Au début des années 1800, envoyer une lettre urgente à un parent vivant sur une côte distante prenait des semaines, voire des mois. C'est alors que des entreprises capitalistes ont construit le système du télégraphe ce qui permit aux messages d'être envoyés à travers les continents et les mers en quelques heures seulement. Dans les années 1990, un ensemble d'entreprises multinationales a réalisé un autre bond en avant. Elles ont construit un système de téléphones mobiles et en ont fait une seconde nature pour téléphoner de Taipei à Tampa, et de Bangalore à Boston, en même temps que vous marchez dans la rue.

Au milieu des années 1840, un voyage de New York jusqu'en Californie prenait plus de 6 mois, que ce soit par le rail ou par bateau. Vos chances de mourir en route étaient de 1 sur 5. Puis, en 1869, arriva un chef-d'œuvre capitaliste, le chemin de fer transcontinental qui réduisit le voyage à une semaine1. Au XXe siècle, le capitalisme est même allé plus loin. Il donna au citoyen moyen les ailes d'un avion et il réduisit le temps passé en voyage entre New York et Los Angeles d'environ 100 heures à seulement 5.

Le système occidental a accompli en 300 ans ce qui en aurait demandé 300 millions à l'évolution – ce qui nous a apporté l'équivalent de nouveaux bras, de nouvelles jambes, de nouvelles oreilles, de nouveaux yeux et cerveaux. Aucune autre civilisation dans l'histoire de cette planète – égyptienne, romaine, musulmane, chinoise d'avant 1970, ou russe-marxiste du XXe siècle – n'a jamais été sur le point d'élever le niveau de vie des opprimés de cette manière. Aucune n'a jamais autant fait pour élever, doter et créer une toute nouvelle catégorie de masses, une toute nouvelle niche, de confort et de prospérité – une classe moyenne productive et massive.

La classe moyenne est un moteur économique que même Karl Marx louait dans son Manifeste Communiste pour avoir créé des « merveilles dépassant de loin les pyramides égyptiennes, les aqueducs romains et les cathédrales gothiques  ». Oui, le même Karl Marx qui détestait la classe moyenne. Le même Karl Marx qui changea le mot « classe moyenne  » en l'épithète  bourgeoisie2.

Mais la classe moyenne est une chose à laquelle nous ne prêtons habituellement pas attention. Une mer d'humains que le système occidental a élevée du rang d'opprimés durant des générations, une mer d'humains qui a laissé la pauvreté derrière elle de manière permanente.

Comment le système occidental et son comparse – capitalisme – ont-il réussi des actions de cette magnitude ? Comment le système occidental a-t-il pu fonctionner à merveille sans connaître sa propre nature ?

Et si le capitalisme est un tel miracle qui fonctionne, pourquoi a-il besoin d'un réajustement radical ?


~ 3 ~ L'impératif messianique

Votre travail, votre vie de tous les jours et l'économie

valent beaucoup plus que ce qu'ils paraissent.


L'Occident apporte beaucoup plus que ce qu'on lui reconnaît, mais ce n'est rien en comparaison de ce qu'il peut finalement réaliser. Oui, le système capitaliste a accompli sa part de miracles et sa part d'atrocités. Mais chacune des douzaines d'entreprises avec lesquelles j'ai travaillé n'utilisaient que 10% de leur cerveau. Et de même, durant la journée de travail, la plupart d'entre-nous ne fonctionne qu'avec moins d'un demi-cerveau. Certains d'entre-nous s'activent à mettre nos cellules cérébrales endormies en action. Et nous en avons besoin si nous souhaitons continuer à produire de nouveaux emplois tandis que les anciens disparaissent. Ces anciens emplois sont délocalisés en Inde, en Chine, au Mexique, au Costa Rica, en Pologne, en Russie, en Hongrie, aux Philippines et en Afrique du Sud.

Le système occidental se répand et relève le niveau de nations entières – Corée, Taïwan, Thaïlande, Singapour, l'Inde et la toute grande Chine. Cette expansion du mode de vie occidental est un témoignage de son pouvoir à changer les existences. Mais pour être compétitifs, nous devons amener nos cerveaux endormis à l'état d'éveil total. Ce qui nous amène à l'ironie suivante : pour exciter le potentiel industriel et analytique de nos cerveaux, il est nécessaire que nous trouvions et engagions nos sentiments. Sentir nos propres désirs, irritations et fantaisies peut nous aider à comprendre les émotions inexprimées de nos compagnons êtres humains.

Aussi étrange que cela puisse sembler, comprendre nos émotions – nos passions et nos dépressions – peut nous aider à donner aux autres ce dont ils ont besoin avant même qu'ils ne le soupçonnent. Cela peut nous aider à créer des pouvoirs humains complètement nouveaux – nouvelles technologies, nouveaux services et nouvelles industries.

L'émotion est une des clés pour créer de nouveaux emplois, pour élever les salaires, stimuler le produit intérieur brut, étendre l'escalator d'une mobilité ascensionnelle, pour nous donner de la satisfaction et nous apporter une nouvelle définition de l'existence. Mais il y a plus que cela encore. Il y a un code implicite par lequel, nous, dans le monde occidental, sommes appelés à nous élever l'un l'autre et à le faire globalement. C'est un appel absolument laïc à être messianique. C'est un appel économique, un appel à sauver ses voisins.

Nous avons absolument besoin d'une révision, d'une nouvelle perception, et une réinvention du système qui a donné à la civilisation occidentale sa force à long terme et ses récentes faiblesses. Nous devons réveiller le capitalisme à sa mission. Il existe un espace où nous prenons tout notre sens. Mais ce n'est pas seulement dans la charité ou nos activités volontaires. C'est dans notre travail quotidien. Les affaires, le commerce et l'échange sont au cœur de la civilisation occidentale. Ils sont aussi au centre de nos vies de tous les jours. Nous passons plus de temps au travail qu'à n'importe quelle autre activité. Lorsque nous rencontrons des inconnus, nous leur disons qui nous sommes en leur énonçant notre commerce, notre façon de gagner notre vie.

Le capitalisme est ce que nous faisons tous les jours, mais le capitalisme n'est pas du tout ce que nous pensons.

L'objectif de ce livre est de nous emporter, vous et moi, pour une plongée profonde et de haut vol – une mission exploratoire à l'intérieur d'un secret qui se trouve juste sous nos nez – à l'intérieur d'un ensemble d'impératifs moraux et d'exigences héroïques qui sont implicites au mode de vie occidental. Une mission exploratoire à l'intérieur des secrets d'une magie cachée, à l'intérieur des secrets de nos cadeaux invisibles et à l'intérieur des secrets de nos capacités utopiques.

Au passage, nous creuserons un ensemble de mystères. Pourquoi sommes-nous les sauveurs qui devons nous éveiller à nos pouvoirs ? Pourquoi le consumérisme – ce misérable péché – n'est-il pas ce qu'il semble être ? Pourquoi la frivolité est-elle une stratégie de recherche déguisée ? Pourquoi l'aptitude à la vente, les liquidités, le profit et le marketing cachent-ils un noyau étrangement messianique ? L'inclinaison à venir du Génie de la Bête à travers l'histoire de la civilisation occidentale est une façon de la re-raconter en faisant allusion aux riches minerais des pentes et des plaines du terrain de notre histoire.

Le Génie de la Bête aspire à mettre à nu la substance émotionnelle dans laquelle nous avons collé par erreur des étiquettes à l'aide d'un vocabulaire déshumanisé, le langage des idiots, de ceux qui ne veulent rien changer, le langage des pierres, des nombres – le langage du matérialisme, des commodités, de la consommation, des produits dérivés, de la maximisation utile, ses profits trimestriels, produits, marchés et l'offre et la demande.

Ce sont les gens qui demandent. Nous le faisons parce que nous désirons, nous aspirons, nous avons faim, nous sommes avides, nous sommes appâtés. Ou bien nous sommes endormis, nous sommes blessés, nous sommes insatisfaits, nous sommes dans le besoin. Vouloir est une chose émotionnelle. La valeur est émotionnelle. Le prix l'est également. Et il en est de même pour le profit. La pièce de monnaie est de l'attention accumulée. L'argent est un besoin émotionnel. Ce n'est pas le plastique ou le silicone dans lequel nous fabriquons qui compte. C'est la passion ! C'est l'augmentation émotionnelle, c'est la solidité émotionnelle, c'est la satisfaction émotionnelle, c'est l'envol des émotions.

Accrochez-vous à vos sièges ! Nous sommes sur le point de renverser l'histoire du système occidental de A à Z. Nous sommes sur le point de glisser de l'ère pré-humaine à nos jours par un procédé que les idées fermées ont caché à notre vue. Nous sommes sur le point d'utiliser une trousse à outils de nouveaux concepts :

– le moteur de recherche évolutionnaire

– les oiseaux et les abeilles du boom et du crash

– le cycle de l'insécurité

– une vision accumulée

– donner du pouvoir à petites doses

– l'empathie syntonisée

– les enfers et les paradis créés par notre neurobiologie, sept fois par jour

– les fringales dans les plis de votre cerveau

– la soif de nouveauté

– les outils d'identité

– le capitalisme créatif versus le capitalisme criminel

– une gestion externe.

Apprêtez-vous à réaliser un voyage étrange, un voyage très étrange, en fait. Vous êtes sur le point de traverser la lunette du capital. Vous êtes sur le point de voir presque tout ce que vous prenez pour acquis de l'un des points de vue les plus étranges jamais vus. Vous êtes sur le point de re-percevoir le cœur de l'Histoire, des affaires, de la créativité et de l'économie par le prisme des émotions que nous ne comprenons habituellement pas, les sentiments cachés qui nous portent, vous et moi.

II Le mystère des économies
maniaco-dépressives

~ 4 ~
Le grand crash de 2008

Pourquoi les économies s'effondrent-elles ?

Le 6 décembre 1974, l'indice industriel du Dow Jones ( l'instrument de mesure de l'état de santé de l'économie américaine ) était un bébé malade. Il s'étendait à un minuscule 577 points. Peut-il être pire ? Il a juste suffi d'un énorme débordement pour que les investisseurs passent à l'agonie, et terrifiés qu'il puisse tomber encore plus bas. Environ 33 ans plus tard, le 9 octobre 2007, le Dow Jones était un géant fanfaronnant : il avait atteint un niveau que peu ( de ceux qui ont connu les problèmes financiers des années 1970 ) auraient pu imaginer. Il narguait le ciel à 14.164 points.

Si vous aviez investi 1.000 dollars en 1974, vous en auriez retiré 24.547,66 dollars en 2007, un solide retour sur vos économies. C'est l'équivalent d'un bébé malade grandissant jusqu'à atteindre la taille d'un immeuble de 14 étages. De plus, beaucoup de courtiers et d'experts financiers affirmaient que l'Amérique ne connaîtrait plus jamais de crash majeur. La nouvelle économie de l'iPhone et de Google allait monter en flèche, glisser et s'envoler. Les traders de la prestigieuse maison d'investissement Morgan Stanley disaient même que le Dow atteindrait bientôt les 20.000 points. Et que l'économie moderne, avec ses instruments fiscaux et monétaires sophistiqués, allait stopper n'importe quel plongeon majeur avant même qu'il ne commence. Ceux qui voyaient un boom perpétuel avaient tort. Vraiment tort.

Pourtant, le 9 octobre 2007, le Dow Jones a subi une dégelée de 220 points en 8 heures. Et ce n'était que le début. Depuis, le Dow Jones a continué son écœurante dégringolade, s'effondrant par centaines de points à la fois. Au cours des deux mois qui se sont écoulés entre le 15 septembre et le 25 novembre 2008, les entreprises du monde entier ont perdu un total de 16 milliards de dollars en valeur boursière1. Cette somme représentait l'ensemble des produits intérieurs bruts de la Chine, du Japon et de l'Angleterre réunis.

L'ensemble de la production des humains les plus productifs travaillant une année complète. Dès lors, il ne fut pas étonnant que les têtes inquiètes de vingt gouvernements se soient réunies à Washington en novembre 2008 pour arrêter la chute2. Pas étonnant que le gouvernement des Etats-Unis ait tenté d'arrêter le plongeon économique avec plus de 7,7 trillions de dollars de renflouements et de plans de sauvetage avant la fin 2008. Mais le grand crash de 2008 ne s'est pas arrêté pour autant. Résultat ? En tout juste un mois, octobre 2008, 533.000 Américains ont perdu leur emploi3. Et deux fabricants de voitures sur les trois que possède l'Amérique, General Motors et Chrysler, deux piliers de la croissance américaine du XXe siècle, étaient en train de saigner à mort et d'exposer fièrement leurs blessures, tandis qu'elles mendiaient au Congrès une transfusion de 36 milliards de dollars.

Qu'est-ce qui a bien pu causer ce glissement massif ?

Chaque crash économique porte un déguisement. En surface, il a l'air unique – comme quelque chose qui ne s'est jamais produit avant. En surface, il paraît avoir été provoqué par de grosses erreurs. Par des méchants. Par des présidents et leurs politiques économiques absurdes. Par des spéculateurs parasitaires. Par des escrocs et des tricheurs. Et par l'avidité. Mais les méchants et l'avidité provoquent-ils vraiment les paniques boursières, les effondrements, les récessions et les dépressions ? Ou sommes-nous en train de devenir obsédés par le péché et les magouilles lorsque les crash surviennent, parce que nous sommes ainsi faits et que nous réagissons aux catastrophes par les reproches ?

Les tricheurs avides, les escrocs et les charlatans sont-ils de notre côté aussi bien dans les mauvais moments que dans les bons ? Y-a-t-il quelque chose d'inscrit dans notre biologie qui nous focalise sur eux quand les choses tournent mal ? Plus important encore, quelque chose dans notre biologie provoque-t-il des booms et des crash ? Et si les booms et les crash se construisaient dans la fibre même de nos êtres, pourquoi survivraient-ils ? Pourquoi continueraient-ils à faire des remous dans chaque économie que nous connaissons ?

Dans un monde Darwinien, seuls les plus adaptés survivent. Il n'y a que ce qui fonctionne qui demeure. Pour tenir des centaines ou des millions d'années, une stratégie doit contribuer à un succès. Se pourrait-il que le boom et le crash contribuent au succès des êtres humains ? Si cela est vrai, que diable accomplissent-ils ? Question tout aussi importante : que pouvons-nous faire, vous et moi pour transformer les booms et les crash en opportunités ? Pas seulement des opportunités pour nous-mêmes. Des opportunités pour l'humanité entière.

L'histoire superficielle de la grande crise des crédits de 2008 est une histoire de cadres surpayés qui exploitent le système. C'est une histoire de bandits modernes détournant votre argent et le mien. C'est une histoire d'idéalisme initiant une chaîne d'événements qui conduisent à la ruine. Et c'est une histoire de bons qui deviennent fortuitement mauvais. Ou bien c'est ce qui semble se produire.

Mais cela est juste un masque, juste un déguisement.

La vraie cause d'un crash s'explique mieux par l'histoire des bactéries et des souris – qui sont nos parents dans l'arbre de la vie. Les bactéries et les souris partagent avec vous et moi, un grand nombre de gènes et de mécanismes internes. Ce sont des parents qui, comme nous, traversent des périodes d'expansion et de récession. Et elles le font sans argent.

Pourquoi ? Parce que les racines cachées d'une économie s'enfoncent bien plus profondément qu'il n'y paraît. Comme tous les crash économiques, la grande faillite des crédits de 2008 cachait ses réelles causes dans un océan de diversions. Les gens de droite pensent que cela a été causé par un ensemble de mauvaises personnes – personnes essayant de faire le bien. Et les gens de gauche sont certains que l'effondrement a été causé par la mentalité du « fric c'est chic  » de voleurs en costumes bien taillés d'hommes d'affaires. Des voleurs en haut de l'échelle travaillant pour un salaire de 20 millions de dollars et de 200 millions de dollars de parachute doré4.

Mais souvenez-vous que ceci n'est que le déguisement. Sous la surface se déroulait quelque chose de bien plus primitif.

Voici comment les commentateurs de droite ont vu les origines du plus grand désastre économique depuis 1929. C'était, disaient-ils, la faute de la gauche. Leur histoire commence en 1994, quand le Congrès donna le pouvoir de réguler les emprunts à la Banque de la Réserve Fédérale. Les activistes politiques idéalistes d'organisations communautaires telles que l'ACORN et NACA ont exercé des pressions acharnées sur le président Bill Clinton. Les organisateurs communautaires disaient que la Banque de la Réserve Fédérale protégeait une mauvaise habitude, le refus d'accorder des prêts hypothécaires aux gens des centre-ville et des quartiers pauvres. Ainsi, Clinton dit à son cabinet de supprimer cette discrimination contre les minorités. Il en résulta l'invention du prêt NINJA, le prêt No Income, No Job, no Assets5.

En substance, Clinton était sur le point de prononcer dans sa devise de campagne présidentielle pour 2002 : « C'est l'économie, idiot !6».

L'objectif de Clinton était messianique. Cela consistait à transformer en propriétaires des gens qui n'auraient jamais pu posséder leur propre maison. De faire des travailleurs pauvres, des déchus de leurs droits et des gens contraints de vivre dans des taudis, des propriétaires de leur bien immobilier. L'objectif de Clinton était d'élever les oppressés au niveau des classes moyennes, et ainsi, les faire participer à la stabilité d'une Amérique inventive et vigoureuse. Son objectif était d'amener les désavantagés dans le cercle de ceux qui ont transformé leurs capitaux propres à partir de chaque salaire mensuel qu'ils percevaient.

Mais l'approche NINJA signifiait prêter de l'argent à des gens qui n'avaient rien mis de côté, des gens qui gagnaient de bas salaires, et certains même qui ne gagnaient pas de salaire du tout.

Le rêve de Clinton était glorieux. C'était la dernière mise à niveau du New Deal de Franklin Delano Roosevelt et du progamme Great Society de Lyndon Johnson. C'était si convainquant que le président républicain George Bush poursuivit la politique de Clinton. Il l'a même étendue7. Mais le projet NINJA était également subtilement diabolique. Pourquoi ? Il ignorait la mission du capitalisme – être messianique. Sauver le voisin. Mais comment cela peut-il être vrai ?

Le plan de Clinton était extrêmement messianique. Il avait pour but d'élever le pauvre à une stature qu'il n'aavait jamais connue avant. Non ??? Si, mais au frais de quelqu'un d'autre. Les prêts NINJA forçaient les Pierre à payer pour les Paul. Ils ont forcé les employés des organismes de prêts, les courtiers en prêts hypothécaires et les prêteurs à fermer les yeux sur les dossiers des demandes de prêts hypothécaires remplis de faux revenus et de fausses déclarations de biens. Les prêts NINJA ont passé outre le procédé traditionnel d'examen consciencieux, l'agonisante bureaucratie de la vérification de la capacité de l'emprunteur à rembourser. Les prêts NINJA ont pris l'argent que vous aviez déposé à votre banque et que vous aviez mis de côté pour votre plan de retraite, et l'ont donné aux gens qui ne pouvaient pas vous le rendre. Le vol n'est pas messianique et il s'agissait du vol des investisseurs, petits et grands, vous et moi.

Les prêts NINJA ont également été un revers pour les familles qui en ont bénéficié. De nouvelles formes de prêts hypothécaires, conçus pour répondre au contrat Clinton tentèrent le pauvre avec des remboursements initiaux très bas. Mais il s'agissait de prêts hypothécaires avec un point faible : ils étaient à taux ajustables. Après vous avoir dorlotés pendant 36 mois, avec des taux d'intérêt plaisamment confortables, ils subissaient des transformations de type Dr Jeckill & Mister Hyde, vous lacérant avec les griffes vicieuses de taux d'intérêt beaucoup plus élevés. Par exemple, en 2005, une famille à l'est d'Oakland, de l'autre côté de la baie de San Francisco, payait une traite mensuelle de 1.500 dollars pour le remboursement de son emprunt hypothécaire. Elle a bénéficié de ce taux d'intérêt confortable durant les trois premières années. Puis vint la ré-initialisation du prêt hypothécaire et leurs taux d'intérêt grossirent comme des tumeurs. La mensualité de 1.500 dollars s'éleva à 6.000 dollars par mois8. Le choc fut insoutenable pour leur portefeuille. Les familles comme celle-ci ont été forcées de courir chez les promoteurs immobiliers dans l'espoir de vendre, avant que leur maison ne soit récupérée par la banque. Elles ont été forcées de vendre leur maison pour une fraction de ce qu'elles avaient payé pour elle. Si elles parvenaient toutefois à vendre. Mais les saisies immobilières par les banques ont été le destin d'un dérangeant pourcentage de bénéficiaires de prêts NINJA. En décembre 2008, 1 propriétaire sur 10 en Amérique était en saisie immobilière ou en retard de paiement. En Californie et en Floride, des quartiers entiers prirent l'apparence de villes fantômes pendant la nuit – avec des maisons vides et des panneaux à vendre sur presque chaque pelouse.

Pourquoi ce taux d'intérêt extraordinaire ? Était-ce la cupidité des banquiers ou les ogres de Wall Street ? Oui, mais c'était également votre avidité et la mienne. Lorsque nous avons placé nos économies sur les marchés financiers et des fonds communs de placement, nous voulions les taux d'intérêts les plus hauts que nous puissions trouver. Les prêts NINJA se sont fait sentir avec leurs taux élevés après leurs 3 premières années parce que l'argent qu'ils versaient au compte-goutte était le mien et le vôtre, et parce que nous voulions un joli bénéfice sur ce que nous avions placé. Si l'usure était impliquée, vous et moi faisions partie des usuriers.

Les prêts NINJA, ces prêts à hauts risques, ces prêts menteurs, basés sur des déclarations de revenus et des biens falsifiés – et les prêts subprimes ont aidé à alimenter le boom de l'immobilier. De 2001 à 2005, les prix des maisons se sont élevés à un taux qui aurait théoriquement doublé leur valeur tous les 7 ans. Les 73,8 millions de familles américaines qui possédaient leur maison paraissaient de plus en plus riches sur le papier chaque année9. Chacun voulait s'engouffrer dans l'ascenseur express qui vous conduit à la richesse instantanée. Les histoires pour devenir riche rapidement sur Internet, les informations commerciales qui passent tard la nuit, les récits de bonimenteurs, de chauffeurs de taxi, de coiffeuses ou de mères isolées souscrivant à un prêt NINJA pour acheter une maison dans leur quartier, et même dans une ville lointaine, convaincus que les immeubles doubleraient bientôt leur prix. La soif de faire de l'argent de cette manière s'étaient répandue à une vitesse sidérante. Cela s'est même répandu en Angleterre où il semblait que presque chaque membre de la classe ouvrière était en train d'acheter un flat, de le louer et de spéculer sur la table de la salle à manger, ou au pub, sur quel quartier monterait le plus vite en valeur. Nous avions une bulle. Et les bulles ont une fâcheuse habitude. Elles éclatent.


~ 5 ~

Qui a renversé les Titans ?

Coup après coup après coup. La légende des banques qui se cassent la figure.

En 2006, il y avait beaucoup de problèmes dans le domaine de l'immobilier. Selon le candidat au Congrès de Floride, Paul Rancatore, le marché des prêts NINJA était « inexistant  » en 1995. En 2008, « ils représentaient plus de 25% de tous les prêts hypothécaires  »1. À la fin 2006, les saisies immobilières avaient atteint un niveau record. Les gens ont été expulsés de chez eux à cause de leur inaptitude à payer les charges mensuelles qui faisaient du saut à la perche et les banques prenaient les mini-maisons et les maisons de premier prix et les revendaient aux enchères à des prix ridiculement bas.

C'est là que les géants ont commencé à tomber. Ces géants étaient nos institutions financières clés. Les vertèbres de la colonne vertébrale de notre économie, la poutre de notre infrastructure économique qui nous autorise, vous et moi, à « faire chauffer  » notre carte de crédit ou notre chéquier et à tout acheter, des courses de la semaine chez l'épicier jusqu'à une nouvelle voiture.

La première à partir fut une société spécialisée dans les prêts NINJA, la New Century Financial. Au début des années 2000, New Century Financial était expérimentale sur la nouvelle frontière audacieuse des prêts hypothécaires à hauts-risques – prêts NINJA – connus aussi sous le nom de subprimes parce qu'ils étaient bien au-dessous de la valeur du plus bas niveau de crédit normalement accepté dans le monde des investissements. Et le 2 avril 2007, New Century se déclara en chapitre 11 – c'est à dire en faillite – et licencia plus de la moitié de son personnel.2 La chute était consternante. Aucun d'entre nous n'avait jamais vu couler une institution financière de cette importance auparavant. Mais les faillites financières de cette sorte allaient seulement devenir de plus en plus fréquentes.

En juillet 2007, Bear Stearns, la 5e plus grande banque de Wall Street, publia une annonce qui fit les gros titres et frappa les imaginations avec une massue. Deux de ses fonds de placement à risque avaient implosé. Si vous ou vos fonds communs de placement avaient de l'argent investi dans ces entreprises Bear Stern, votre argent durement gagné venait de faire acte de disparition. Huit mois plus tard, le 17 mars 2008, Bear Stearn coula complètement. JP Morgan, la firme de services financiers de 2,3 trilliards3, sauva la mise en rachetant le naufragé Bear Stearns pour une bouchée de pain – 240 millions de dollars pour une société qui avait valu 18 milliards. Cela revient à acheter un petit ordinateur portable de 300 dollars pour seulement 4 dollars. Mais le pire était encore à venir.

Quand l'Amérique sursauta, la France et l'Angleterre montrèrent des signes de paralysie cérébrale. Le 9 août 2007, la banque d'investissement française, BNP Paribas informa ses investisseurs que deux de ses fonds de placement étaient devenus des feux follets grâce à une « complète évaporation des liquidités  ». Le coût du crédit fit un bond et de lourdes charges d'anxiété touchèrent les places financières à travers le monde. Un calme processus de secours d'urgence – de renflouement par le gouvernement– commença. La Banque Centrale Européenne injecta un énorme 203,7 milliards d'euros dans le secteur bancaire. Cela représente assez d'argent pour acheter trois maisons à chaque homme, femme et enfant de la ville de Manchester en Angleterre.

Autrefois, un seul milliard était presque inconcevable. En 1861, juste avant la guerre civile, le budget fédéral entier des États-Unis était de 67 millions de dollars. À ce taux, un misérable milliard aurait soutenu le gouvernement des États-Unis durant au moins 15 ans. Mais en 2008, les milliards s'empilaient comme des pièces d'un centime. Le 20 février 2007, les leaders du G7 – les chefs d'États des sept nations les plus industrialisées du monde – en sortirent avec une projection de pertes des prêts hypothécaires et des supports d'investissements qui avaient été levés pour financer les prêts NINJA. Le montant était choquant – 400 milliards de dollars ! Assez pour financer le programme spatial américain pendant plus de 23 ans.

Mais cette projection était bien trop basse. En août 2007, une banque allemande qui avait plongé tête baissée dans les prêts NINJA – Sachsen Landesbank – montrait des signes de faillite et fut sauvée par la fusion avec l'une de ses plus grosses rivales la Landesbank Baden-Württemberg4.

En septembre 2007, la banque britannique Northen Rock implosait à son tour. Elle s'adressa secrètement à la banque d'Angleterre pour un renflouement d'urgence. Lorsque la BBC relaya l'information au sujet des ennuis de la Northern Rock, les déposants inquiets se ruèrent à la banque pour retirer leur argent. Ces déposants paniqués ont retiré un milliard de livres sterling de la Northern Rock avant que le gouvernement ne sauve la mise en les assurant que si la Northern Rock devait ne plus être en mesure de leur rendre leurs fonds, le gouvernement le ferait.

En octobre 2007, une très grande banque dans une nation de banquiers – la Suisse – annonçait 3,4 milliards de pertes. La banque qui tremblait était l'UBS. Et UBS n'était pas une petite banque locale. C'était un acteur mondial avec des succursales dans 50 pays5. Le président démissionna. Ensuite, Citygroup, une des deux plus grosses banques de la planète6, qui comptait 12.000 agences dans 107 pays et 358.000 salariés, prit l'eau à son tour. Elle annonça que 3,1 milliards de dollars s'étaient échappés de ses coffres – une perte sèche de 3,1 milliards. Mais cela n'était qu'un prélude. La semaine suivante, Citygroup déclara la perte de 5,9 autres milliards. Six mois plus tard, la banque annonça que ses pertes s'élevaient à 40 milliards – assez pour offrir une voiture de sport à chaque adulte de Chicago. Mais ceci n'était qu'un avant-goût de ce qui devait encore venir7.

En octobre 2007, les problèmes touchèrent également Merrill Lynch. Merrill Lynch était un titan. Il avait des actifs de plus d'un demi-trilliard de dollars – 681,05 milliards pour être précis8. Et Merrill Lynch était littéralement l'emblème de Wall Street. Son symbole était un taureau qui paradait sur la place la plus emblématique de toutes – un taureau de bronze géant de 3,175 tonnes en plein milieu du district de Wall Street9. Pourquoi le veau d'or de Merrill Lynch en plein cœur de Wall Street était-il un taureau ? L'animal musclé était plus qu'un simple symbole arbitraire du pouvoir. Il disait que Merrill Lynch était puissant à Wall Street. Et il le disait d'une façon inoubliable. Ainsi, lorsque le président démissionna à cause des 7,1 milliards de dollars de prêts toxiques, l'Amérique moyenne, les petits investisseurs soupçonnèrent qu'ils allaient au devant de sérieux ennuis.

En fait, le problème était si grave que le 6 décembre 2007, le président George W. Bush annonça qu'il avait un plan pour renflouer plus d'un million de propriétaires dont les emprunts hypothécaires étaient en train de les conduire à la saisie. C'était la bonne chose à faire, mais pas venant de la bonne personne. La crédibilité de Bush a été réduite à zéro par 8 années de bavures, y compris la guerre en Irak qui s'est avérée être une source d'ennuis mesquine, coûteuse et moralement dérangeante. Pire encore, nos gourous de l'économie nous avaient transmis le faux sentiment qu'un crash catastrophique comme la Grande Dépression de 1929-1939 ne se produirait plus jamais.

Pourquoi ? Les économistes ont cassé le code du cycle des affaires. Ils avaient découvert les secrets qui empêchaient les pertes de piquer du nez. Leurs instruments ? Abaisser et augmenter les taux d'intérêt et savoir comment et quand devenir les sauveurs financiers – les prêteurs de dernier recours. Les économistes comme Ben Bernanke, le président de la Réserve Fédérale, qui a passé une bonne partie de sa vie professionnelle à étudier la Grande Dépression, ont pensé qu'ils savaient comment et quand renflouer les banques avec un hélicoptère10.

Comment et quand jeter des renflouements d'argent aux endroits sensibles et calmer le jeu ? Quand et comment être les protecteurs des infantilisés avec de gros filets de protection, de grosses liasses de billets ? Mais en 2008, jeter l'argent par hélicoptère sur les zones sensibles n'a rien résolu du tout. Pas plus qu'augmenter ou abaisser les taux d'intérêt. La FED qui se définit elle-même ( précisément ) en tant que banque centrale des États-Unis11, commença ses bidouillages des taux d'intérêts en urgence le 18 septembre 2007 en réduisant le taux auquel elle prêtait de l'argent aux banques de 1/2% à 4,75%. Qu'est-ce que cela signifie ? Le changement de taux était censé libérer plus d'argent en donnant aux prêteurs de dollars au détail – les banques – des réserves de liquidités à bas prix que ces banques pouvaient nous louer à vous et moi. Argent qu'ils pouvaient nous vendre sous la forme de prêts immobiliers, prêts automobiles, refinancements de prêts hypothécaires, prêts pour les vacances, prêts étudiants et prêts de remboursements de cartes de crédit. Théoriquement, les changements de taux d'intérêt libèrent également l'argent que les banques et les maisons de courtage peuvent prêter aux entreprises pour couvrir le salaire de leurs personnels et leurs inventaires.

La baisse du taux d'intérêt a-t-elle fonctionné ? Moins de 6 semaines après ce précautionneux ajustement d'intérêt, les géants de la banque et de l'investissement – Citygroup et Merril Lynch – commencèrent à chanceler. Quatre mois plus tard, le 22 janvier 2008, la FED effectua une diminution du taux tellement hors norme, qu'elle était censée nous faire retrouver la santé économique. Au lieu d'un petit quart de pourcentage ou d'un demi pour cent bien dodu, la FED réduisit ses taux d'un aberrant trois quarts pour cent – la plus grosse réduction d'intérêts en 24 ans. Cette nouvelle guerre éclair du taux d'intérêt opérée sur le mode « choc et effroi  » a-t-elle marqué une différence ? Non. Pendant une minute, les choses ont paru pleines d'espoir. Quelques-unes des bourses de la planète ont chaviré. Brièvement. D'autres ont glissé plus profondément encore dans les abysses. Puis, une petite neuvaine de jours plus tard, une entreprise peu connue nommée MBIA annonçait qu'elle avait perdu 2,3 milliards de dollars en seulement 3 mois12. Ce qui représente assez d'argent pour acheter toutes les épiceries du Kansas.

Des pertes de cette taille mettraient instantanément la plupart des entreprises en faillite. Mais MBIA avait une importance particulière. Elle faisait partie du mécanisme caché censé empêcher les entreprises d'investissement qui manipulaient les fonds de pensions de se casser la figure. C'était le plus gros assureur d'obligations du monde13. MBIA faisait partie d'un filet de sauvetage invisible et les lignes de sécurité de ce filet de sauvetage risquaient de rompre. MBIA mit ses ennuis sur le dos de... devinez qui ? les prêts NINJA, les fameux prêts hypothécaires subprimes – le vol du prêteur.

La notion selon laquelle les économistes modernes peuvent résoudre tous les problèmes par des règles monétaires et fiscales14 – injections urgentes d'argent15 et ajustements de taux d'intérêt – encaissa un nouveau revers le 20 avril 2008, quand la Banque d'Angleterre suivit la Réserve Fédérale et abaissa ses taux d'intérêt d'un quart à 5%. L'effet fut celui d'un pistolet à bouchon dans un barrage d'artillerie.

Pour les journalistes qui couvraient les événements sur place, il apparut que presque tout le monde en Angleterre avait investi dans l'immobilier. Coiffeurs, bouchers, boulangers et fabricants de chandelles avaient acheté des appartements, les avaient loués, et rêvaient de les revendre avec une plus-value.

Mais il y avait un problème à Immo-ville, même en Angleterre. Malgré l'héroïque baisse du taux d'intérêt sur les prêts immobiliers de la Banque d'Angleterre, le prix des maisons dont chacun avait parié qu'il aurait doublé ou triplé, chuta pour la première fois en 12 ans. La chute ne fut que d'un petit pour cent. Mais elle arriva comme un choc, un système d'alarme dont personne n'avait jamais pensé qu'il sonnerait un jour. Et dans les 12 jours qui suivirent la magique baisse du taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre, 850 entreprises se cassèrent la figure en Grande Bretagne – elles furent mises sous administration – le rude équivalent de notre mise en faillite16.

Le petit jeu des taux d'intérêts avaient échoué, mais les ennuis ne se sont pas limités aux États-Unis et à l'Angleterre. Le 22 mai 2008, la banque suisse UBS, la banque dont l'ancien PDG avait démissionné après une perte de presque 4 milliards de dollars, à peine 6 mois plus tôt, confessa qu'elle avait perdu dix fois ce montant – une somme atteignant bien les 37 milliards de dollars. L'argent avait disparu durant l'hémorragie de l'implosion des prêts subprimes américains. UBS avait essayé de s'offrir un plan de sauvetage de 15,5 milliards de dollars par voie « légale  » mais les initiés avisés et les investisseurs avaient peur d'investir. Et l'argent se tarit.

Les miracles modernes de l'économie théorique ne marchaient pas. Ni même une autre approche bien plus ancienne – le jeu du bouc émissaire. Le FBI tenta de booster ceux dont la confiance vacillait, en pointant du doigt, en couvrant de honte les bandits, les marchands d'avidité, les méchants qui avaient causé la débâcle. Le 19 juin 2008, le FBI arrêta 406 personnes, y compris des promoteurs immobiliers et des courtiers. L'impact ? Aucun. Six jours plus tard, l'une des plus grosses et prestigieuses banques d'Angleterre, la banque Barclay's, commença à se désagréger. Les failles dans ses fondations grandissaient à une telle vitesse qu'elle a dû demander l'aide du Qatar, une petite nation pétrolière du Golfe Persique, un petit territoire sablonneux où les déserts d'Arabie rencontrent l'océan Indien (SUITE DANS LE LIVRE)


Table des MatièRES>


Critiques presse...5

Préface à la version française...11

Prologue

1 L'âme a-t-elle sa place dans cette Machine...13

2 Elever le pauvre et l'oppressé – quel système le fait le mieux...16

3 L'impératif messianique...20

Le mystère des économies maniaco-dépressives

4 Le grand crash de 2008...24

5 Qui a renversé les Titans...30

6 Le chant des booms et des crashs...38

7 Le World wide web de 1931...45

8 L'intérêt de radiographier un boom...52

Les oiseaux et les abeilles du boom et du crash

9 Le balancier de la redéfinition...56

10 Le cycle des affaires se trouve-t-il dans votre ADN...63

11 Le secret de votre poisson intérieur...71

12 Bionomie : trouve-t-on le crash et le boom dans vos empruntes digitales...74

13 La légende de l'abeille sans emploi...80

14 Danser le smurf avec six pattes...83

Comment les passions alimentent

le moteur de recherche évolutionnaire

15 Vous et moi et le cycle de l'insécurité...92

16 Pourquoi la jalousie vous rend-elle fou ? L'effet Othello...99

17 Chercher le futur sur Google – le fabuleux russe avait tout faux...102

18 Ce que génère un crash...113

19 La bataille des grands hommes...121

20 L'éclat des requins de la finance et le blues de JP Morgan...123

21 Le poète et l'escalier de complexité...132

La vérité dans les structures du pouvoir

22 La vérité à tout prix, y compris au prix de votre vie...148

23 Comment acquérir le pouvoir de "La Force"...163

Les plus grands succès de l'histoire et pourquoi il devait en être ainsi

24 Platon et le jeu des noms...174

25 L'archaïque évolution du capitalisme – qu'y a-t-il dans un flocon...187

26 Le tape-à-l'œil n'a rien de frivole...194

27 Pourquoi l'homme de Néanderthal n'a pas survécu...204

28 Échanger les gouttes de sang – les racines animales du commerce...209

L'infrastructure du fantasme

29 Le boulet de canon vers la Lune...216

30 Inventer la ville : Même les murs racontent des histoires d'âmes...221

31 Essayez un soupçon de folie...228

32 Les sauts quantiques du rêve...231

33 Les failles dans le concept du consumérisme...236

34 Les fruits spirituels des choses matérielles...241

35 La comptabilité et la naissance de l'écriture...248

36 Signification et marketing – Moïse et le slogan...249

37 Le pouvoir positif du désir de nouveauté...254

38 La Juste indignation – L'industrie de protestation du système occidental...256

39 L'industrie du changement d'humeur – La chanson de David...259

Déconstruire une pile de symboles

40 Comment les symboles accroissent nos pouvoirs – Crésus invente l'argent...261

41 L'industrie de la force, de la hauteur, du droit et de la gloire...267

42 Ce Dollar est mon corps et mon sang – La banque et la famille Cicéron...273

43 Crise décisionnelle et le marché de l'anxiété...276

44 Changer les déchets en or – Les Romains inventent le béton...279

45 La production du choix – Rejoignez-moi à la foire médiévale...281

46 La sécurité est une émotion, le crédit est un sentiment appelé croyance...287

Le moteur de la transcendance

47 Changements quantiques dans l'envergure des rêves...291

48 Etre visionnaire : diriger avec vos rêves...295

49 Changer le monde promouvoir – Christophe Colomb...299

50 Les accidents messianiques – l'expansion du piment...305

Le pouvoir émotionnel, l'ascension de l'égoïsme généreux

51 Celui qui ressent, guidera – Le pouvoir de l'auto-révélation...308

52 Le rôle du sexe et de la violence – Cellini et Shakespeare...314

53 Les actes nouveaux mènent vers de nouveaux rêves...327

54 L'argent est de l'attention accumulée, la monnaie est un besoin...330

55 La naissance du thé et l'avènement de la tasse et de la soucoupe...334

56 Allumer le Q.I. De groupe – Voici votre tasse de café...338

57 Les bénédictions (et les malédictions) de l'obsession...339

58 Transsubstantiation transformer l'esprit en chair...345

59 Exploiter l'intelligence collective Offrir une participation de l'égo...351

60 Capitalisme créatif vs capitalisme criminel – l'ascension des actions...355

61 L'auto-révélation et le salut séculier – Rousseau va à l'essentiel...358

62 Les mots recréent la réalité – l'économie d'Adam Smith Sparks...360

Vingt années de plus à vivre ?

63 La révolution du savon, du marketing et l'avènement de la publicité...363

64 Un luxe bourgeois – La rébellion – Karl Marx et son Manifeste...368

65 Quelle séduction Marx vendait-il...373

66 Le cœur a ses raisons que la raison ignore Barnum...376

67 L'art de trouver de la richesse dans les déchets toxiques (2e partie)...389

68 Quand l'égoïsme devient une bénédiction – Kellog et ses flocons...392

69 Comment Rockefeller alluma la nuit...396

70 L'invention de la presse à scandale – l'ironie dans l'art de remuer la saleté...402

71 ne vous laissez pas posséder par la jalousie – la contribution de JP Morgan...408

72 Le secret de l'empathie syntonisée – pourquoi la raison est démente...412

73 La chute de l'industrie automobile américaine...422

74 La fin magistrale de CBS – les périls de la gestion interne...427

Le propergol de l'empathie

75 L'empathie au plus profond de vous – Plus de gestion externe...434

76 Ce que l'ocre nous a enseigné soigner et nourrir l'identité...448

77 Vous devez votre vie à votre public – la malheur de perdre le contact...452

78 Sauvons les hommes du vide – libérez vos peuples...456

Remerciements...461